Quand des médicaments autorisés posent plus de risques que de bénéfices

Publié par Elodie Vaz
le 16/12/2025
Médicaments
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Ils sont autorisés et largement utilisés, mais certains médicaments feraient courir plus de risques que de bénéfices. La revue indépendante Prescrire alerte et dresse la liste de 108 traitements à écarter.

Ils sont prescrits, conseillés, parfois achetés sans trop de questions. Des médicaments comme le Voltarène, le Maxilase ou encore certains traitements contre l’arthrose ou la ménopause font partie du paysage médical courant. Pourtant, selon la revue médicale indépendante Prescrire, une partie de ces produits ne ferait pas plus de bien que de mal – voire l’inverse.

Dans son bilan annuel 2025, Prescrire a passé au crible des médicaments autorisés en France et dans l’Union européenne. Verdict : 108 d’entre eux seraient “plus dangereux qu’utiles” dans toutes les indications prévues par leur autorisation de mise sur le marché. Parmi ces traitements, 89 sont toujours commercialisés en France.

Cette évaluation repose sur un principe central : la balance bénéfices-risques. Autrement dit, les bénéfices attendus d’un médicament sont-ils supérieurs aux risques qu’il fait courir aux patients ? Pour ces 108 produits, la réponse est non. “Lorsqu’un traitement paraît nécessaire, il existe le plus souvent des alternatives plus sûres”, souligne la rédaction. Et dans certains cas, ne pas prescrire de médicament serait l’option la plus prudente.

Des usages très répandus remis en question

La liste publiée par Prescrire ne concerne pas uniquement des traitements spécialisés. Elle inclut aussi des médicaments destinés à soulager des troubles fréquents. Le Maxilase, souvent utilisé contre les maux de gorge, contient par exemple une enzyme, l’alpha-amylase, dont l’efficacité n’a pas été démontrée, mais qui peut provoquer des réactions allergiques parfois sévères. Le Voltarène, largement connu pour les douleurs musculaires, expose quant à lui à des effets indésirables cardiovasculaires.

Cancérologie, psychiatrie, dermatologie, nutrition, mais aussi “bobologie” du quotidien : tous les domaines thérapeutiques sont concernés.

Quatre nouveaux médicaments dans le viseur

Par rapport au précédent bilan, quatre traitements ont été ajoutés à la liste en 2025. En commun : des effets indésirables jugés disproportionnés au regard de leur efficacité.

  • La chondroïtine, proposée dans l’arthrose sans preuve d’efficacité clinique, peut entraîner des réactions d’hypersensibilité.
  • Le fézolinétant, utilisé contre les bouffées de chaleur liées à la ménopause, expose à des atteintes du foie, ainsi qu’à des troubles digestifs et neuropsychiques.
  • Le géfapixant, premier médicament autorisé pour certaines toux chroniques, provoque très fréquemment des troubles du goût, mais aussi des pneumonies et des calculs urinaires.
  • Enfin, l’andexanet alfa, destiné aux hémorragies graves sous anticoagulants, augmente le risque d’accidents thromboemboliques graves par rapport aux soins usuels.

Selon Prescrire, ces médicaments présentent soit une efficacité non démontrée, soit un bénéfice trop faible, parfois comparable à celui d’un placebo, alors que les risques encourus peuvent être importants.

Une liste qui évolue chaque année

Le bilan n’est pas figé. Deux médicaments ont été retirés cette année, dont le piracétam, après une réévaluation montrant un bénéfice possible mais incertain dans une indication rare. D’autres sortent de la liste lorsque leur commercialisation est arrêtée ou lorsqu’une nouvelle analyse est en cours.

Depuis plus de dix ans, Prescrire revendique une méthode rigoureuse, documentée et indépendante, avec un objectif constant : ne pas nuire aux patients. Un rappel utile, à l’heure où un médicament autorisé n’est pas toujours synonyme de traitement bénéfique.

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