Cancer colorectal : l’aspirine réduit de moitié les risques de récidives !
Je suis une molécule connue depuis 1897. On me prend pour soulager des maux du quotidien ou fluidifier le sang. Tout le monde peut en avoir dans son armoire à pharmacie. Je suis vendue sans ordonnance. Je suis, je suis… L’aspirine !
Utilisée pour son action contre la douleur (antalgique), pour faire baisser la fièvre (antipyrétique) et/ou pour diminuer l'inflammation, l’aspirine (l’acide acétylsalicylique plus précisément, que l’on retrouve dans l'écorce de Saule et que nos ancêtres utilisaient déjà dans l'Antiquité sous sa forme naturelle pour se soigner) appartient “à la famille des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens”, les AINS, précise le Vidal du médicament.
Cela reste aujourd’hui l’un médicament antidouleur encore largement vendu et consommé en France, même si le paracétamol et l’ibuprofène ont pris les devants. L’aspirine est d'ailleurs toujours disponible sans ordonnance dans n’importe quelle pharmacie, et peut encore s'avérer utile en cas de douleur aiguë, comme le paracétamol ou l’ibuprofène (un autre AINS). Toutefois, son usage doit être encadré (voir plus loin).
Des risques de récidive du cancer colorectal diminué de 55 % chez les patients qui prennent une aspirine chaque jour
Ce n’est pas la première fois que les bénéfices de l’aspirine pour certaines pathologies lourdes sont mis en évidence.
Deux études* semblent ainsi corroborer son usage (à faible dose) dans la prévention de certains accidents cardiovasculaires (infarctus, AVC…) et son intérêt dans les cancers digestifs a déjà été mis en avant, nous vous en avions notamment parlé sur Medisite.
Ces nouveaux travaux suédois, parus dans la prestigieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine en septembre 2025, et conduits pendant 3 ans, relancent l’intérêt d’une prise d’aspirine (à faible dosage, à raison de 160 mg/jour) en prévention des récidives du cancer colorectal, qui rappelons-le touche plus de 47 000 personnes chaque année en France et se place en troisième position des cancers les plus fréquents chez l’homme (derrière la prostate et le poumon) et en deuxième position chez la femme (derrière le cancer du sein).
Cancer colorectal : que montre cette nouvelle étude ?
Elle montre que l’aspirine à faible dose pourrait réduire significativement le risque de récidive du cancer colorectal chez les patients présentant certaines mutations génétiques (PIK3CA notamment), jusqu’à 55 %. En détails, l’étude montre que chez les patients avec les mutations génétiques les plus connues (groupe A), seulement 7,7 % ont eu une récidive en 3 ans avec l’aspirine, contre 14,1 % avec le placebo.
Chez les autres patients avec des altérations similaires (groupe B), les chiffres étaient 7,7 % avec l’aspirine et 16,8 % avec le placebo. L’aspirine semble aussi améliorer la survie sans maladie, c’est-à-dire le temps pendant lequel les patients ne présentent aucun signe de cancer.
Aspirine : des précautions d’usage indispensables, même sans cancer
Si ces résultats sont encourageants, ils s’assortissent d'une importante mise en garde : l’aspirine peut provoquer des saignements gastro-intestinaux graves. Des effets indésirables graves qui sont apparus chez 16,8 % des patients sous aspirine, contre 11,6 % sous placebo. Ce qui signifie que cette prise médicamenteuse doit impérativement être encadrée.
Pour rappel, l’aspirine est contre-indiquée chez les personnes souffrant d'ulcères d'estomac, de troubles hémorragiques ou d'asthme, d'une maladie grave des reins, du foie ou du cœur. Attention également aux risques de surdosage et d’interaction avec d’autres médicaments. Demandez toujours conseil à votre pharmacien avant de prendre de l’aspirine, même pour les maux du quotidien.