Plusieurs décès suspects à l’hôpital de Brive, des affaires similaires dans d’autres villes…
Ce sont des soignants, médecins et personnels hospitaliers, qui ont sonné l’alarme concernant plusieurs décès suspects, au moins quatre à ce stade, de personnes prises en charge dans l’unité de réanimation. Les faits ont été rendus publics plus tôt cette semaine par le quotidien La Montagne et depuis, toute la ville corrézienne est en émoi.
Que s’est-il passé au juste ? “Courant octobre, la direction du centre hospitalier de Brive (Corrèze) a eu recours à l’article 40 du code de procédure pénale (CPP)” qui oblige à prévenir les autorités en cas de connaissance d’un crime ou d’un délit et “la procureure de la République de Brive, Florence Leroux-Ghristi, a ouvert une enquête préliminaire, confiée au service interdépartemental de la police judiciaire de Limoges” en début de semaine détaillent nos confrères de La Montagne.
“Sur une décision unique d'un seul médecin, la décision a été prise de mettre fin à la vie de la personne”
En cause, des pratiques dans le service pour le moins “contestables” d’après Jean-Pierre Salès, secrétaire CFDT de l’hôpital à qui les faits ont été rapportés par plusieurs soignants, dont deux médecins. "Leur état de santé était critique mais pour certains, des encéphalogrammes ont été réalisés et montraient malgré tout une activité", a-t-il expliqué lors d’une prise de parole sur la radio RMC qui l’interrogeait. Surtout, “Sur une décision unique d'un seul médecin, la décision a été prise de mettre fin à la vie de la personne. C'est ce qui nous a été rapporté”, continue-t-il, alors que cette décision doit obligatoirement et légalement être collégiale et impliquer les familles. Pour l’heure, quatre décès suspects sont évoqués sur des agissements qui s'étalent sur les trois dernières années. Seule l’enquête permettra de déterminer la véracité des faits et la suite à leur donner. En attendant, le maire de Brive-la-Gaillarde appelle à ne pas s'enflammer autour d’une affaire qui met aussi en lumière le climat délétère qui règne, selon de nombreux témoins, dans l’hôpital de la commune de 47 000 habitants.
Plusieurs affaires de morts suspectes à l’hôpital cette année
Ce n’est pas première fois que des morts suspectes dans un établissement de soins font la Une des journaux. Très récemment, deux autres affaires ont occupé et continuent d’occuper l'actualité : la mise en examen de deux infirmières de l’hôpital privé de Thiais (Val-de-Marne) le 20 octobre dernier pour meurtre et empoisonnement et le retentissant procès du Dr Frédéric Péchier, médecin anesthésiste, soupçonné d'avoir empoisonné 30 personnes, dont 12 mortellement entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon (Doubs) et qui a repris ce mercredi 12 novembre.
A Thiais, dans le Val-de-Marne, le Parisien et le Figaro qui relaient l’affaire rappellent qu’une septuagénaire est décédée dans sa chambre d’hôpital “le corps entièrement gonflé”, consécutivement à “un emphysème sous-cutané massif” très certainement à cause d’un mauvais branchement d’une prise d’air sur une intraveineuse. Quelques semaines avant, c’est une jeune femme de 23 ans qui, dans le même hôpital, avait reçu, une dose de morphine bien trop élevée. Accident, incompétence, acte délibéré ? L’enquête le déterminera. Mais comme à Brive-la-Gaillarde, un turn over important du personnel soignant et des dysfonctionnements structurels au sein de l’établissement de santé ont été pointés du doigt.
A Besançon dans le Doubs, la culpabilité du Dr Péchier, médecin anesthésiste soupçonné de 30 empoisonnements entre 2008 et 2017 est au cœur des débats alors que son procès devra déterminer si ces actes relèvent de l’incompétence ou s’il a délibérément ôté la vie de ses patients. Le verdict est attendu le 19 décembre prochain.