Charlie Dalin, 41 ans, vainqueur du Vendée Globe, atteint d'un cancer des intestins pendant la course : “Je ne savais même pas si j’allais vivre”
Le 14 janvier 2025, il s’imposait sur la mythique course en solitaire après 64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes, seul sur son bateau. On l'ignorait à ce moment-là, mais Charlie Dalin, skipper de 40 ans (il en a aujourd’hui 41) originaire du Havre luttait déjà contre une forme rare de cancer de l’intestin.
Neuf mois après son exploit, le besoin de parler et de lever le voile sur sa santé est sans doute devenu trop fort : dans un entretien accordé à la direction des Sports de Radio France cette semaine, le navigateur raconte qu’il a été diagnostiqué fin 2023, un an avant de prendre le départ de la célèbre course et qu’il était sous traitement tout au long de l’épreuve. Il publie un livre cette semaine sur son histoire, La force du destin (éditions Gallimard), à paraître le 9 octobre.
Douleurs abdominales, perte de poids, fatigue : un scanner est demandé en urgence
Charlie Darlin souffre d’une forme rare de cancer de l’intestin, une tumeur stromale gastro-intestinale (ou GIST pour gastro-intestinal stroma tumeur). Après des semaines de douleurs au ventre et une perte de poids, un scanner réalisé en urgence révèle l’impensable : une tumeur de 15 centimètres s’est incrustée dans son intestin grêle. Affaibli, sonné par l’annonce, angoissé, il se raccroche pourtant à un espoir : concourir pour le prochain Vendée Globe.
Ses médecins l’encouragent, il prend le départ sachant qu’il sera obligé de s’adapter tout au long de la course et devra suivre une immunothérapie pendant plusieurs mois, y compris à bord, à raison d’un comprimé par jour, à prendre à heure fixe.
La course ? Une parenthèse enchantée. Sous traitement, les douleurs se calment. “Je ne pensais plus trop à la maladie, j’étais heureux sur l’eau et j’ai profité de chaque minute de navigation. J’avais l’impression d’avoir ma vie d’avant, malgré quelques moments de grosse fatigue”, révèle-t-il dans un entretien au journal Le Monde.
Charlie Dalin : les mois difficiles après la victoire
Le retour sur la terre ferme sera plus délicat car le skipper recommence à souffrir “24 ou 48 heures après la semaine de tournée médiatique”. Il se fait alors opérer (une opération prévue dès le début de l’immunothérapie) au printemps de cette année pour se faire retirer la tumeur. Il n’en a pas pour autant terminé avec le cancer. Après l’opération, au printemps, “la maladie est revenue sous une forme un peu différente", explique-t-il encore au Monde. “Il y a eu un moment de flottement, où j’essayais d’autres immunothérapies qui ne marchaient pas, et j’ai reperdu du poids. On a fini par trouver et là, c’est stabilisé, mais loin d’être terminé. Ma maladie a évolué, mon traitement aussi.”
Charlie Dalin a d’ores et déjà annoncé qu’il ne pourrait pas participer à la prochaine édition du Vendée Globe “car ce serait trop fatigant, trop risqué”, mais il n’a certainement pas fini de faire rêver les amoureux de la voile.
Ces sportifs qui ont concouru avec un cancer
L’histoire du skipper havrais est un modèle de résilience, comme il en existe d’autres dans le monde du sport. Car sport et cancer ne sont pas des mots aussi incompatibles qu’on pourrait le croire. On se souvient par exemple du footballeur de l’équipe de France Eric Abidal diagnostiqué d’un cancer du foie puis greffé avant de revenir à son plus niveau. Ou encore de la sprinteuse jamaïcaine Novlene Williams-Mills qui décrocha le bronze aux Jeux Olympiques de 2012 seulement quelque semaines après avoir appris qu’elle avait un cancer du sein. Mais il y a aussi tous les anonymes, les sportifs de loisirs qui trouvent dans le sport de la force pour combattre la maladie.