Asthme, bronchites… vivre près d’une zone industrielle augmente les risques
Dans certaines communes industrielles, on ne se contente pas d’entendre les usines au loin : on les respire. C’est ce que révèle un rapport de Santé publique France, publié jeudi 4 décembre, qui pointe un risque accru de problèmes respiratoires chez les habitants installés près de grands bassins industriels. Une première en France, où près de douze millions de personnes vivent à proximité de ces zones.
Les conclusions sont sans équivoque : les enfants y présentent davantage d’asthme, tandis que les adultes de plus de 40 ans sont plus touchés par des maladies respiratoires chroniques. « Il existe un "sur risque" dans les communes proches d’un bassin industriel par rapport à celles éloignées de tout type d’industrie », souligne l’agence sanitaire.
4 kilomètres d’une usine augmente la probabilité de développer des pathologies respiratoires
Pour parvenir à ces résultats, 42 bassins industriels ont été passés au crible, de l’Île-de-France à la métropole marseillaise, en passant par le Nord ou la vallée du Rhône. Sur des cartes précises, les chercheurs ont croisé la présence de clusters industriels avec l’état de santé des habitants. Et le constat est clair. Vivre à moins de quatre kilomètres d’une concentration d’usines augmente la probabilité de développer des pathologies respiratoires.
Dans ces zones, l’étude relève également une pollution atmosphérique plus marquée. Rien d’étonnant pour les riverains, habitués aux panaches de fumée au-dessus de leur quartier ou aux odeurs tenaces certains jours de vent. Mais Santé publique France tempère : les résultats peuvent varier selon les données utilisées sur les rejets industriels, certaines remontant à plus de dix ans. D’où la nécessité, insiste l’organisme, de renforcer la surveillance environnementale autour de ces installations pour mieux comprendre et prévenir les risques.
Une surveillance sanitaire et un renforcement des données environnementales nécessaires
Cette étude, la première de cette ampleur en France, ouvre un débat majeur. Celui de l’impact réel des zones industrielles sur la santé du quotidien. Dans les communes concernées, les habitants ne sont pas surpris. Beaucoup racontent les toux récurrentes des enfants, les bronches qui sifflent l’hiver ou les inhalateurs devenus compagnons de route. Les médecins de terrain, eux, observent depuis longtemps une concentration anormale de pathologies respiratoires dans ces secteurs.
Si l’agence sanitaire se garde pour l’instant de tirer des conclusions définitives, elle insiste sur un point : les données manquent. Il faudra de nouveaux relevés, des mesures plus récentes et un suivi renforcé pour mesurer précisément l’impact des rejets industriels sur la santé des populations.
En attendant, pour les millions de Français qui vivent à l’ombre d’une cheminée d’usine, cette étude sonne comme une confirmation officielle de ce qu’ils pressentaient depuis longtemps. L’air qu’ils respirent n’a pas tout à fait la même saveur qu’ailleurs.