Un verre de vin rouge par jour est-il vraiment protecteur pour le cœur après 50 ans ? Le décryptage des cardiologues

Publié par La Rédaction Médisite
le 10/12/2025
vin rouge au quotidien
Istock
L'idée reçue d'un "verre de vin rouge par jour" bénéfique pour le cœur persiste, surtout chez les seniors. Les dernières études scientifiques et les recommandations des cardiologues remettent en question ce mythe. Découvrez pourquoi l'équilibre entre les polyphénols protecteurs et les risques de l'alcool nécessite une réévaluation de votre consommation quotidienne.

Vous avez sans doute déjà entendu dire que le vin est bon pour la santé ! Cette réputation trouve son origine dans le "paradoxe français", une observation épidémiologique des années 90. Elle pointait une faible incidence des maladies coronariennes dans certaines régions de France malgré une alimentation riche en graisses. Le vin rouge, riche en antioxydants, a rapidement été désigné comme le principal protecteur. Les projecteurs se sont tournés vers ses composés, notamment les polyphénols comme le resvératrol. On leur a prêté la capacité d'augmenter le "bon" cholestérol (HDL) et d'améliorer la santé vasculaire en stimulant la production de monoxyde d'azote, un puissant vasodilatateur. Certaines analyses ont même suggéré qu'une consommation modérée était associée à un risque plus faible d'infarctus.

L'impact réel de l'alcool sur le système cardiovasculaire

Pourtant, cette vision idéalisée est aujourd'hui largement contredite par la recherche. Les bénéfices supposés sont éclipsés par les dangers avérés de l'éthanol. Le premier risque, souvent sous-estimé, concerne l'hypertension artérielle. Toute consommation d'alcool, même modérée, est associée à une augmentation de la pression artérielle, un facteur de risque majeur pour les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC). La question du vin rouge et de l'hypertension est donc tranchée : l'effet de l'alcool l'emporte sur celui des polyphénols. De nouvelles directives, comme celles publiées au Canada en 2023, recommandent de ne pas dépasser deux verres standard par semaine pour maintenir un risque faible.

Fibrillation auriculaire et autres risques : le vrai visage de l'alcool

Au-delà de la tension, la consommation d'alcool favorise l'apparition d'autres troubles cardiovasculaires graves. L'un des plus documentés est l'augmentation du risque de fibrillation auriculaire, une forme d'arythmie cardiaque qui peut entraîner la formation de caillots sanguins et provoquer un AVC. L'alcool est un facteur déclenchant bien identifié pour cette pathologie. Il accroît également le risque d'insuffisance cardiaque. Le mythe du verre de vin par jour se fissure lorsque l'on considère la balance bénéfice-risque globale. Si un effet protecteur très limité sur l'infarctus peut exister à de très faibles doses, il est largement annulé par la multiplication des autres dangers.

La toxicité de l'éthanol annule les bienfaits des polyphénols

La distinction fondamentale se situe entre les bienfaits des polyphénols et la toxicité de l'alcool. L'éthanol est classé comme un agent cancérigène et un facteur de risque pour plus de 200 maladies. Le risque de développer un cancer, notamment du sein ou du foie, augmente de manière significative même avec une consommation modérée, dès trois verres par semaine. Une étude particulièrement éclairante a démontré que le vin rouge désalcoolisé parvenait à réduire la pression artérielle chez des sujets à haut risque, un effet non observé avec le vin rouge classique. Cette expérience suggère que non seulement le bénéfice vient des polyphénols seuls, mais que l'alcool annule cet effet protecteur.

Quelle consommation adopter après 50 ans ?

Face à ces constats, les recommandations des cardiologues concernant l'alcool sont claires. Le principe de précaution prévaut : l’objectif doit être de boire le moins possible, car il n'existe pas de niveau de consommation sans risque. Pour les personnes qui choisissent de boire, les repères français fixent un maximum de dix verres standard par semaine, sans dépasser deux verres par jour, et en s'assurant d'avoir au moins deux jours sans alcool dans la semaine. Le conseil le plus important est simple : si vous ne buvez pas, ne commencez surtout pas pour de prétendues raisons de santé. Les bienfaits des antioxydants peuvent être obtenus sans danger via d'autres sources comme les raisins, le thé noir ou le cacao.

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