Ménopause : les pistes pour faire face au brouillard cérébral
Tout a commencé par un mot impossible à prononcer. Présentatrice de journal télévisé aux Etats-Unis, Tamsen Fadal trébuche en direct sur un terme. Très vite, elle réalise qu’au milieu d’une conversation, elle oublie ce qu’elle s’apprêtait à dire. Des pertes de mémoire soudaines, effrayantes et surtout incompréhensibles. Jusqu’au jour où un médecin met un nom sur son trouble : le brouillard cérébral lié à la ménopause. « Cela affecte vraiment votre confiance en vous », confie en novembre dans les colonnes du Time, Mme Fadal, devenue militante de la ménopause. « Je vois tellement de femmes de cette tranche d'âge qui ont des carrières très stressantes et qui, tout à coup, lors de réunions du conseil d'administration, perdent le fil de leurs pensées et sont victimes de troubles cognitifs », ajoute-elle.
Un symptôme fréquent… mais trop méconnu
Perte de concentration, trous de mémoire, difficultés à suivre une conversation : des millions de femmes traversent cette phase, souvent en silence. Le Dr Heather Hirsch, fondatrice de la clinique de ménopause du Brigham and Women's Hospital à Boston, l’observe chez ses patientes plus fréquemment encore que les bouffées de chaleur ou les troubles du sommeil. « C'est un peu comme quand on a la grippe ou qu'on est un peu dans les vapes, mais sans être malade », décrit-elle dans le média américain. « C'est comme une barrière invisible ou comme si on marchait dans des sables mouvants et qu'on se demandait : “Que se passe-t-il ?” »
Le quotidien peut devenir un vrai défi. « À la fin de ma journée, j’ai sept e-mails que j’ai commencés, et il est évident que si j’ai été distraite, je n’en ai terminé aucun », raconte le Dr Stephanie Faubion, directrice médicale de la Menopause Society et du Mayo Clinic Center for Women's Health. Certaines femmes renoncent à des promotions, d’autres s’isolent, persuadées d’être en déclin cognitif… voire inquiètes d’une démence.
Pourquoi ce brouillard mental survient-il ?
Le phénomène reste peu étudié, car très subjectif. Mais les spécialistes s’accordent sur un point : la chute du taux d’œstrogènes joue un rôle clé. Cette hormone influence la mémoire, l’attention et la motivation. Les nuits perturbées — sueurs nocturnes, palpitations, réveils en panique — aggravent encore la situation. À cela s’ajoutent des changements métaboliques : hausse du cholestérol, de la tension ou de la glycémie. « Ce sont toutes de petites fluctuations qui ont un impact sur le fonctionnement du cerveau », souligne le Dr Hirsch.
Et comme si cela ne suffisait pas, les symptômes apparaissent souvent à un moment de surcharge mentale maximale. « Vos enfants partent à l'université, vos parents vieillissent, votre animal de compagnie vieillit… », énumère le Dr Hirsch. « Tout ce stress atteint son paroxysme au moment même où votre taux d'œstrogènes diminue, et je placerais cela en tête de liste des facteurs qui contribuent au brouillard cérébral. »
La bonne nouvelle ? Le brouillard cérébral est temporaire. « Il a tendance à s'améliorer à mesure que les femmes traversent la transition vers la ménopause, et il ne semble pas prédire un risque futur de démence », rassure le Dr Faubion.
Quelques comportements peuvent aider à limiter les effets. En voici un diaporama.
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https://time.com/collections/time-for-you-menopause/7333401/brain-fog-menopause-treatment/
Parler du traitement hormonal substitutif avec son médecin
Le traitement n’est pas adapté à toutes, mais « extrêmement efficace pour aider à réduire le brouillard cérébral », selon le Dr Hirsch.
Prioriser le sommeil
Une chambre fraîche, de l’obscurité, et une hygiène du sommeil favorise une bonne mémoire. Le Dr Hirsch recommande également le glycinate de magnésium.
Utiliser des Post-its
Les rappels est la méthode adoptée par Tamsen Fadal pour garder le cap. « J’y notais les choses les plus importantes […] car sinon j’oubliais. »
Avoir une place pour chaque objet
Les habitudes aident beaucoup. Préparez un plateau pour les essentiels, des paniers étiquetés… Tout ce qui peut vous aider. « C'est simple, mais efficace », assure Tamsen Fadal.
Bouger et pratiquer la pleine conscience
On ne le dit jamais assez sur Medisite mais l’activité physique est un excellent moyen de stimuler la mémoire. Marche, méditation, respiration… « C'est quelque chose qui vous permet de vous concentrer sur vous-même et de vous dire : “C'est mon moment” », explique le Dr Kothary.
Stimuler le cerveau
Apprendre une langue étrangère, faire des mots croisés, avoir une discussion stimulante entre amis… « Tout ce qui vous oblige à utiliser votre cerveau est très important », insiste le Dr Kothary.
Adopter une alimentation protectrice du cerveau
Limiter les glucides simples, ajouter des protéines et des compléments comme la créatine, vitamines B ou oméga-3 peut aider.
Surtout, ne pas rester seule. « Le brouillard cérébral est très courant et tout à fait normal », rappelle le Dr Hirsch. « S'il affecte votre qualité de vie et votre productivité, vous devriez consulter, car il existe aujourd'hui d'excellents traitements. »