Lumière artificielle nocturne et prise de poids : un lien scientifiquement prouvé

Publié par Elodie Vaz
le 15/09/2025
Prise de poids et lumière artificielle
Istock
Image d'illustration
L'exposition à la lumière artificielle le soir dérègle silencieusement vos hormones de la faim et votre métabolisme. Résultat : fringales nocturnes et stockage des graisses sont au rendez-vous. Découvrez comment un "couvre-feu lumineux" après 21 h peut transformer votre gestion du poids.
 

Se lever au premier rayon de soleil et se coucher dès que celui-ci disparaît… Pendant des millénaires, notre organisme s'est calé sur l'alternance naturelle du jour et de la nuit. Cette horloge biologique interne a un nom : le rythme circadien. Son rôle : orchestrer minutieusement nos fonctions métaboliques telles que la production d'hormones, la température corporelle, l'appétit ou encore le stockage d'énergie. Mais voilà que nos modes de vie modernes débarquent et perturbent brutalement cette mécanique délicate. Les lumières artificielles qui inondent nos soirées envoient des signaux contradictoires à notre cerveau, lui faisant croire qu'il fait encore jour alors que l'organisme devrait se préparer à s’endormir dans les bras de Morphée.

Environ 80 % de la population mondiale est exposée à la pollution lumineuse. En Europe, c’est même plus de 99 %. Cette confusion lumineuse représente bien plus qu'un simple inconfort. Elle déclenche une cascade de dérèglements hormonaux aux conséquences directes sur notre poids. « À puissance équivalente, la lumière bleue a un effet de suppression de la mélatonine dix fois supérieur à celui de la lumière rouge », explique à National Geographic Mario Motta, cardiologue à la retraite et ancien membre de l’American Medical Association’s Council of Science and Public Health.

Cette exposition nocturne coïncide avec l'explosion des cas d'obésité et de troubles métaboliques. Plusieurs études scientifiques révèlent un parallèle troublant entre évolution technologique et problèmes de santé contemporains.

Quand les hormones de l'appétit perdent le nord

La ghréline, surnommée "l'hormone de la faim", illustre parfaitement ce chaos hormonal. Normalement, sa production diminue le soir pour nous permettre de dormir sans ressentir la faim. Mais l'exposition à la lumière artificielle nocturne inverse cette tendance naturelle et fait grimper ses niveaux. Résultat : la tablette de chocolat bien cachée dans votre placard devient votre meilleure alliée au moment même où votre corps devrait économiser ses réserves.

Parallèlement, la leptine, hormone de la satiété qui signale au cerveau que les réserves énergétiques sont suffisantes, voit son efficacité compromise. La désynchronisation circadienne réduit la sensibilité de l'organisme à cette hormone cruciale, empêchant le cerveau de reconnaître les signaux de satiété. Résultat : vous continuez à manger même quand votre corps n'en a plus besoin. De nouveau, la tablette de chocolat risque de ne pas survivre à cette soirée.

La mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, subit également les assauts de la lumière bleue des écrans. Sa suppression en soirée perturbe non seulement l'endormissement, mais déséquilibre également l'ensemble du système métabolique, créant un terrain propice aux troubles de la gestion du poids.

Le métabolisme en mode panique permanente

Cette exposition nocturne à la lumière artificielle transforme littéralement la gestion énergétique de l'organisme. Une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet en juillet 2024 suggère que l’exposition à une lumière plus vive la nuit est associée à un risque plus élevé de développer un diabète de type 2. « L’exposition à la lumière la nuit peut perturber nos rythmes circadiens, entraînant des changements dans la sécrétion d’insuline et le métabolisme du glucose », souligne dans un communiqué l’auteur principal de l’étude, le professeur Andrew Phillips.

Plus précisément, les changements dans la sécrétion d'insuline et le métabolisme du glucose causés par des rythmes circadiens perturbés seraient susceptibles d’affecter la capacité du corps à réguler la glycémie, ce qui peut finalement conduire au développement du diabète de type 2.

Le corps, maintenu artificiellement en "mode jour", continue d'orienter son énergie vers le stockage plutôt que vers la réparation nocturne. Cette perception erronée d'un jour permanent pousse l'organisme à conserver ses réserves énergétiques, anticipant de nouveaux apports alimentaires qui ne devraient pourtant pas survenir pendant les heures de repos.

Les hormones n’y échappent pas. Des recherches publiées dans la revue scientifique Nutrients en 2023 ont établi un lien direct entre l'exposition à la lumière artificielle pendant le sommeil et un risque accru de prise de poids chez les femmes. Cette corrélation s'explique par la perturbation simultanée de multiples systèmes hormonaux interdépendants.

Instaurer un couvre-feu lumineux efficace

Aucune surprise, la solution pour se défaire de ces kilos en trop est simple : limiter drastiquement l'exposition aux écrans et aux lumières vives après 21 h. Cette mesure permet à l'organisme de retrouver ses repères circadiens naturels et de relancer la production normale de mélatonine.

Privilégiez les lumières tamisées et chaudes en soirée : remplacez les ampoules LED blanches par des versions à température de couleur chaude, activez les modes nuit sur vos appareils électroniques ou utilisez des filtres anti-lumière bleue. Mieux encore : prenez un livre.

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