Chocolat noir : et s’il aidait à prévenir le diabète ?
C’est une nouvelle qui pourrait réjouir les gourmands : le chocolat noir, souvent montré du doigt pour sa teneur en sucre, pourrait en réalité protéger contre le diabète de type 2. Une hypothèse surprenante, issue d’une étude publiée en 2024 dans le British Medical Journal (BMJ) et présentée par le Dr Karim Gariani, diabétologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Les chercheurs américains à l’origine de cette découverte se sont donné les moyens de leurs ambitions : plus de 100 000 participants, suivis pendant vingt ans. Tous les quatre ans, ces volontaires répondaient à un questionnaire sur leur santé, leur activité physique et leurs habitudes alimentaires. Parmi les nombreuses questions, une ligne interpellait : combien de fois consommez-vous du chocolat ? Et surtout, de quel type : noir ou au lait ?
Au fil du temps, environ 20 000 nouveaux cas de diabète de type 2 sont apparus dans la cohorte. De quoi comparer les profils des personnes touchées à ceux restés en bonne santé… et voir si une tablette pouvait faire la différence.
Les mangeurs de chocolat, des profils plus “sains”
Première observation : les amateurs et amatrices de chocolat semblent globalement plus attentifs à leur hygiène de vie. Les analyses montrent qu’ils consomment moins d’aliments transformés, moins de graisses saturées et moins de viande rouge, tout en pratiquant davantage d’exercice.
En clair, ceux qui aiment le chocolat (surtout noir) ont tendance à adopter un mode de vie plus équilibré. Difficile alors de savoir si c’est le cacao qui protège… ou la discipline qui va avec.
Un effet protecteur du chocolat noir
Malgré ces réserves, les chiffres ont de quoi intriguer. Selon les chercheurs, les personnes qui mangent au moins cinq portions de chocolat noir par semaine (l’équivalent de dix carrés) voient leur risque de diabète diminuer de plus de 20 %. « Il semble aussi y avoir un effet dose-dépendant, à savoir environ 3 % de risques en moins par prise supplémentaire hebdomadaire rapportée », précise le Dr Gariani.
Et le détail a son importance. Le chocolat noir serait bien protecteur, tandis que « celui au lait aurait un effet plutôt neutre sur le diabète ». Pire encore, les amateurs de chocolat au lait avaient tendance à prendre du poids, un facteur aggravant bien connu du diabète.
De l’avis du Dr Gariani, la prudence reste de mise. « Les amateurs et amatrices de chocolat noir ont globalement un mode de vie plus sain que la population générale. Ce qui peut, là encore, biaiser l’interprétation. »
Autre limite : les données sont autodéclarées. Et les participants mangeaient en réalité assez peu de chocolat, moins que la moyenne nationale. Ces éléments réduisent la solidité statistique du lien observé entre chocolat noir et risque de diabète.
Des vertus déjà reconnues
Même si son potentiel antidiabétique reste à confirmer, le chocolat noir n’a plus besoin de prouver qu’il contient de bonnes choses. Riche en flavonoïdes, ces puissants antioxydants que l’on retrouve aussi dans le thé ou les fruits rouges, il contribue à protéger le cœur et à limiter la formation de plaques dans les artères.
« D’autres bénéfices probables ont été rapportés avant la parution de cette vaste étude, sur le cerveau notamment, le chocolat améliorant les capacités cognitives, ou sur les articulations », rappelle d’ailleurs le Dr Gariani. Il ajoute qu’une baisse de la tension artérielle a aussi été observée chez certains consommateurs réguliers.
Un plaisir à garder… raisonnable
Faut-il pour autant transformer le dessert en ordonnance ? Pas tout à fait. Le chocolat, même noir, reste calorique et sucré. L’idée n’est pas d’en abuser, mais d’en savourer quelques carrés de qualité, riches en cacao et pauvres en additifs. Et si la science confirme ses vertus antidiabétiques, il y aura enfin une bonne raison de céder à la tentation… sans culpabilité.