Pourquoi avons-nous encore envie de sucre après un repas copieux ? C’est “l’estomac du dessert”. Des chercheurs de l’Institut Max Planck, à Cologne (Allemagne) ont découvert que ce phénomène est ancré dans notre cerveau. Plus étonnant encore : cette envie soudaine est liée au système de récompense et aux opiacés !
Manger sucré, comparable à une drogue ?
Dans leur étude, publiée le 13 février 2025 dans la revue Science, les chercheurs se sont d’abord penchés sur le cas de souris. Ils ont observé que même repues, elles continuaient à consommer du sucre. Cette réaction est liée à l'activation des neurones POMC (pro-opiomélanocortine). Ces dernières régulent la satiété, en envoyant un signal que le taux de glucose dans le sang est assez élevé.
Mais, étonnamment, elles gèrent également le circuit de la récompense alimentaire. Lorsque les souris mangent du sucre, ces neurones libèrent de la ß-endorphine, une des hormones du bonheur. C'est en réalité un opiacé naturel qui stimule le plaisir, et incite ainsi à poursuivre la consommation sucrée, même rassasié. Cette réponse est spécifique au sucre et n’apparaît pas avec d’autres types d’aliments. Et l'effet est immédiat ! Dès que les souris perçoivent ou goûtent le sucre, la libération de ß-endorphine commence. Ce plaisir apparaît même chez celles n’en ayant jamais consommé auparavant.
Chez l’humain, des scanners cérébraux réalisés lors de l’étude ont révélé une activation similaire, dans une région du cerveau contenant de nombreux récepteurs opiacés. Selon Henning Fenselau, responsable de l’étude, cette réponse a une logique évolutive : le sucre étant une source d’énergie rare dans la nature, notre cerveau est programmé pour en maximiser la consommation dès qu’il est disponible.
Est-il bon de manger un dessert quand on n'a plus la place ?
Alors, la prochaine fois que vous avez une grosse envie de sucré après un repas copieux, ne culpabilisez pas : c’est une réaction tout à fait normale ! En revanche, un excès de sucre impacte négativement la santé à plusieurs niveaux : il augmente le risque de surpoids, de caries, de diabète, de maladies cardiovasculaires, et même de cancer.
Que faire si vous n'arrivez pas à vous passer de plaisir sucré en fin de repas ? Pour satisfaire cette fringale sans trop impacter votre santé, tournez-vous vers des aliments sucrés plus sains : un fruit, une compote maison, un yaourt au miel ou même une mousse au chocolat noir sans sucres ajoutés sont quelques exemples d’alternatives.
Ces découvertes pourraient ouvrir de nouvelles voies dans le traitement de l’obésité. Il existe déjà des médicaments qui bloquent les récepteurs opiacés, mais leur efficacité sur la perte de poids reste limitée. Une approche combinée avec d’autres thérapies pourrait être plus efficace, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires.
