À taille de vessie égale, pourquoi les femmes urinent plus fréquemment que les hommes

Publié par Elodie Vaz
le 24/09/2025
Envie d'uriner
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Les femmes ne vont pas plus souvent aux toilettes parce qu’elles ont une petite vessie. Anatomie comparable, espace pelvien réduit, plancher pelvien fragile, hormones et habitudes sociales expliquent cette urgence plus fréquente. Une question d’anatomie, d’hormones… et de culture.
 

Des séries télé aux blagues de stand-up, on répète que les femmes ont une vessie plus petite. Mais, d’un point de vue anatomique, ce n’est « pas vraiment » vrai. Les spécialistes rappellent que la taille réelle de leur vessie n'est pas très différente de celle des hommes. Une vessie adulte, quel que soit le sexe, peut contenir en moyenne 400 à 600 millilitres d’urine. La clé se trouve ailleurs : dans la mécanique interne, l’environnement pelvien et… les habitudes sociales.

La vessie est un ballon musculaire conçu pour être flexible. Elle fonctionne grâce à deux éléments : le muscle détrusor : une couche de muscle lisse capable de s’étirer sans envoyer de signaux intempestifs et l'épithélium de transition, qui se comporte comme un origami biologique. Ce revêtement s’aplatit et se déploie pour stocker l’urine tout en protégeant les tissus.

Quand l’entourage anatomique change la donne

Hommes et femmes possèdent donc des vessies semblables. Mais autour, la configuration diverge. Chez l’homme, elle repose « au-dessus de la prostate et devant le rectum. Chez la femme, elle doit cohabiter dans un compartiment pelvien plus étroit, partageant l'espace avec l'utérus et le vagin », explique dans The Conversation, Michelle Spear, professeur d'anatomie à l'université de Bristol, au Royaume-Uni. Pendant la grossesse, « la croissance de l'utérus peut comprimer la vessie, d'où la nécessité d'aller aux toilettes toutes les vingt minutes au cours du troisième trimestre », ajout-t-elle.

Même sans bébé à bord, ces contraintes spatiales peuvent pousser la vessie à envoyer un signal d’urgence plus tôt. Des recherches suggèrent que « les femmes sont plus susceptibles de ressentir une vessie pleine à des volumes inférieurs », souligne la spécialiste. Possiblement à cause d’hormones ou d’une sensibilité nerveuse plus marquée.

Le rôle du plancher pelvien

Autre acteur clé : le plancher pelvien : un ensemble de muscles qui soutiennent la vessie, l'utérus et l'intestin. « Chez les femmes, il peut s’affaiblir après un accouchement, avec l’âge ou à cause de variations hormonales.» Ce système travaille de concert avec le sphincter urétral externe, un anneau de muscles volontaires qui joue le rôle de gardien de la vessie. S’il perd du tonus, la sensation d’urgence augmente.

Les infections urinaires, plus fréquentes chez les femmes en raison d'un urètre plus court, ajoutent une couche.  « Elles peuvent rendre la vessie hypersensible, ce qui augmente la fréquence des mictions même après la disparition de l'infection. »

Des habitudes façonnées par la culture

La biologie n’explique pas tout. « Dès leur plus jeune âge, les filles apprennent souvent à "aller au cas où" ou à éviter les toilettes publiques », appuie la spécialiste. Résultat : une vidange précoce qui peut réduire ainsi sa capacité à s’étirer. Les garçons, eux, « bénéficient souvent d'une plus grande marge de manœuvre ou sont encouragés à attendre ». L’hygiène des sanitaires, ou la crainte du fameux siège de WC, renforce ces réflexes.

Rééduquer la vessie

La bonne nouvelle ? « Vous ne pouvez pas changer sa taille, mais vous pouvez apprendre à la tolérer. » Les médecins recommandent l’« entraînement de la vessie », une technique qui consiste à augmenter progressivement l'intervalle entre deux passages aux toilettes. Associée à des exercices du plancher pelvien, elle permet de rétablir la boucle de rétroaction entre la vessie et le cerveau, de restaurer la capacité et de réduire la sensation d'urgence.

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https://www.bbc.com/afrique/articles/c0k7rrd1nmzo 

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