Polypes : un nouveau médicament obtient le feu vert de l’Europe

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 11/12/2025
polypes nasaux
Istock
Un million de personnes en France sont concernées par cette pathologie trop fréquemment considérée comme mineure, alors qu’elle handicape notablement le quotidien et que les traitements ne sont pas toujours efficaces. Un nouveau médicament vient d’obtenir sa mise sur le marché en Europe. Revue de détails.

Avoir le nez bouché en permanence et/ou perdre l’odorat (ce qui induit souvent également une perte de goût) n’est pas anodin. Ces signes peuvent révéler une polypose naso-sinusienne (PNS), une pathologie inflammatoire chronique affectant près d'un million de Français.

Que sont au juste les polypes nasaux ?

Souvent confondus avec de simples rhumes à répétition, les polypes nasaux sont des excroissances bénignes, indolores et gélatineuses qui se développent sur la muqueuse des sinus. Cette maladie, la polypose naso-sinusienne (PNS), touche entre 2 % et 4 % de la population française, ce qui représente environ un million de patients. Bien que les premiers signes puissent apparaître avant la trentaine, le diagnostic formel est généralement posé entre 40 et 50 ans. L'origine précise de cette affection demeure complexe, mais elle est intrinsèquement liée à une réaction inflammatoire.

Repérer les signes d'alerte d’une polypose : nez bouché et perte d’odorat

La maladie s'installe souvent insidieusement, mais certains signaux doivent vous pousser à consulter. Le symptôme le plus invalidant reste l'obstruction nasale persistante, cette sensation de nez bouché qui ne passe pas malgré les mouchages. Elle s'accompagne fréquemment d'une rhinorrhée, autrement dit un écoulement nasal, qui peut se faire vers la gorge. Cependant, c'est souvent l'altération des sens qui pousse à la prendre un avis médical : l'association de polypes nasaux, de symptômes obstructifs et d'une perte d'odorat (anosmie) constitue un motif majeur de consultation. De fait, cette altération des sens impacte lourdement la qualité de vie mais peut aussi se révéler dangereuse (impossibilité de repérer un aliment avarié par exemple, ou de sentir une odeur de brûlé).

Soigner la polypose : des sprays aux biothérapies ciblées

La prise en charge a considérablement évolué. La première ligne de défense reste le traitement médicamenteux. Il repose sur des lavages de nez quotidiens à grand volume, indispensables pour nettoyer la muqueuse, associés à une corticothérapie locale par spray. Ces corticoïdes visent à réduire la taille des polypes et à améliorer la respiration. Les cures courtes de corticoïdes oraux sont réservées aux poussées sévères, mais leur usage doit rester ponctuel pour éviter les effets secondaires. Lorsque le traitement médical maximal ne suffit plus, la chirurgie est envisagée. Néanmoins, la chirurgie ne garantit pas une guérison définitive et le risque de récidive existe. 

L'arrivée sur le marché des biothérapies offre une nouvelle voie thérapeutique pour les malades. “Tezspire® est désormais indiqué chez l’adulte en traitement additionnel aux corticostéroïdes par voie nasale pour le traitement de la polypose naso-sinusienne sévère lorsqu’un traitement par corticostéroïdes systémiques et/ou une chirurgie ne permettent pas un contrôle satisfaisant de la maladie”, se félicite dans un communiqué de presse le laboratoire Astrazeneca qui a développé le médicament.

Une nouvelle molécule qui permet de restaurer l'odorat plus efficacement

La molécule, le tézépélumab, a fait la preuve de son efficacité dans une étude de phase III, l’étude WAYPOINT publiée dans The New England Journal of Medicine en mars de cette année. “Le tézépélumab améliore significativement la congestion nasale et réduit les polypes, explique le Pr Olivier Malard, Chef de Service ORL et chirurgie de la face et du cou au CHU de Nantes. Ces améliorations sont essentielles mais l'un de ses effets majeurs concerne l’odorat dont la réduction, voire la perte, impacte la qualité de vie des patients (perte de goût, de saveur des aliments) avec des conséquences psychologiques non négligeables. L’étude WAYPOINT montre une amélioration durable de l’odorat.” Un point important pour le professeur Malard car la chirurgie, aujourd’hui recommandée quand le traitement de première intention - les corticoïdes - ne fonctionne pas, est moins efficace sur la récupération de l’odorat

L’étude montre également une diminution importante de la première décision de recours à la chirurgie et aux corticoïdes oraux, constate de son côté la Pre Cécile Rumeau, Chef de service ORL et chirurgie cervico-faciale au CHRU de Nancy - Hôpitaux de Brabois. Ne plus avoir besoin de recourir à la chirurgie ou aux corticoïdes est un indicateur d’un bon contrôle de la maladie. Ce sont des éléments de bascule dans la prise en charge des patients. Par ailleurs, les premiers effets interviennent rapidement, dès quatre semaines. Avoir des résultats rapides est toujours un gage d’observance pour le patient qui va voir l’effet positif et voudra continuer à suivre son traitement. Et quatre semaines c’est très rapide à l’échelle d’une vie de symptômes pour des patients avec plusieurs années d’évolution de leur polypose”.

Google News Voir les commentaires