
L’asthme touche au symbole même de la vie : la respiration. C’est le quotidien que partagent plus de 4 millions d’individus en France et 339 millions à travers le monde. Un chiffre en augmentation, en raison de la dégradation de la qualité de l’air et de l’accroissement des allergènes. Cette maladie chronique altère la qualité de vie et peut même être mortelle lorsqu’elle est mal prise en charge.
Cependant, des traitements existent. Et ils fonctionnent. « Les nouvelles thérapeutiques offrent une double action : un usage ponctuel lors de la crise et un autre sur le long cours pour limiter l'inflammation des bronches », explique le Dr Maxime Hosotte, allergologue à l'Hôpital Privé Nancy Lorraine (ELSAN). Une notion essentielle qu’il est important de rappeler en cette Journée mondiale, mardi 6 mai.
Cette maladie respiratoire est provoquée par une inflammation des bronches. Elle se manifeste par des crises provoquées par une gêne à l’effort, un essoufflement, parfois accompagné de toux et d’une expiration sifflante.
Le diagnostic se réalise en partie sur la symptomatologie. « Il y a des symptômes qui ne trompent pas. Une grande partie des critères s’évalue lors de l’interrogatoire. Cependant, celle-ci doit être confirmée par un examen fonctionnel complémentaire : l ’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) », précise l’allergologue. « Cet examen montre que le débit des poumons est diminué et s’il y a une réversibilité avec le traitement », ajoute-t-il.
La pollution intérieure sous-estimée
Depuis plusieurs années, on observe une augmentation du nombre de personnes asthmatiques. « C’est une maladie multifactorielle », indique le spécialiste. La principale cause : la pollution de l’air. « Les particules fines ont des effets aggravants en accentuant l’irritation des muqueuses bronchiques. Les facteurs saisonniers, comme les pollens, compliquent également la situation et augmentent le nombre de crises chez les personnes à risque », explique-t-il.
Cependant, une pollution plus sournoise inquiète les professionnels : la moisissure à l’intérieur des logements. « Elle a un impact direct. Elle sécrète des toxines qui sont irritantes pour les voies aériennes. Certaines personnes développent des allergies, ce qui peut provoquer des crises d’asthme », alerte le Dr Maxime Hosotte. Des situations amplifiées par de mauvaises habitudes, comme boucher les grilles d’aération des fenêtres. « Des conseillers en environnement intérieur, envoyés au domicile des personnes par les Agences régionales de santé, font parfois des diagnostics catastrophiques. »
Des traitements efficaces sur le marché
Bien que cette pathologie soit chronique, elle bénéficie depuis une dizaine d’années de traitements efficaces. Le premier : le traitement de la crise, le bronchodilatateur, un inhalateur plus connu sous le nom de Ventoline. « Celui-ci est associé à un traitement de fond, sur le long terme, à base de corticoïdes pour réduire l’inflammation des bronches », explique le médecin.
Cependant, une grande partie des asthmatiques ne prennent pas leur traitement correctement ou l’utilisent de façon inadéquate. « La principale entrave à son utilisation est la peur tenace de la cortisone au sein de la population. Or, c’est une forme inhalée qui ne passe pas dans le sang, donc qui n’expose pas aux mêmes effets secondaires qu’en cas de traitement oral », rassure le spécialiste.
Des biothérapies pour les crises d’asthme sévères
Une mauvaise observance de la maladie par les patients peut conduire à un asthme sévère. « Il est essentiel que les patients connaissent leur pathologie afin de garantir, au maximum, une qualité de vie correcte », indique l’allergologue.
Bien que l’asthme sévère ne concerne qu’une minorité de personnes, la recherche s’est penchée sur les biothérapies. Ce traitement consiste en des injections d’anticorps monoclonaux qui ciblent des molécules précises de l’inflammation asthmatique. « L’arrivée, ces dernières années, de ces traitements révolutionne cette prise en charge et réduit le risque d’hospitalisation en réanimation. Soumise à des critères stricts, cette nouvelle approche thérapeutique apporte des résultats extrêmement positifs », se réjouit le Dr Hosotte.
Conseils aux patients
Les traitements sont indispensables, mais ils seront inefficaces sans une limitation de l’exposition aux facteurs de risque. Les professionnels conseillent de ne pas fumer, de mettre des housses anti-acariens, de privilégier les sommiers à lattes et de supprimer la moquette. « Concernant l’aération du logement, les recommandations sont de 10 à 30 minutes, deux fois par jour, et surtout en hiver », avertit le médecin spécialiste.
Concernant les plantes d’intérieur, certaines, plus toxiques, comme le ficus, sont à bannir. Elles présentent un fort risque allergique. Mais l’idée n’est pas de toutes s’en séparer. « Il faut simplement faire attention à ce que les plantes n’augmentent pas trop l’hygrométrie de la pièce. » Et c’est une bonne nouvelle pour la santé mentale.
Interview avec le Dr Maxime Hosotte, allergologue à l'Hôpital Privé Nancy Lorraine (ELSAN)
https://www.who.int/fr/news-room/facts-in-pictures/detail/asthma