Polypes, c'est grave ?

Où sont-ils localisés ?

Le polype est une excroissance que l'on retrouve sur une muqueuse, principalement au niveau des organes génitaux (utérus, vagin, col de l'utérus), des voies digestives (côlon, rectum, estomac), urinaires (vessie, urètre), et ORL (fosses nasales, cordes vocales, larynx, sinus...). Selon sa  localisation, il peut être plus ou moins bénin. 
Côlon : ce sont surtout les polypes du côlon qui peuvent se transformer en cancer. Ce risque est lié à leur taille (ils peuvent dépasser plus d'1cm de diamètre) et à leur nombre (les polypes du côlon ont tendance à récidiver même après intervention chirurgicale). Selon la Ligue contre le Cancer, sur 1000 polypes du côlon, une centaine va atteindre la taille d’1 cm. Et 25 évolueront en cancer sur une période de 5 à 20 ans.
Fosses nasales, cordes vocales, voies urinaires : Les autres polypes (en dehors du côlon) évoluent dans de rares cas vers le cancer. Cependant, le risque n’est pas nul et il faut les faire surveiller dès leur découverte. Par précaution, les médecins préfèrent parfois les enlever.

Polypes : quels sont les risques ?

Un polype ne pose pas vraiment de problème médical important sauf s'il grossit, saigne ou finit par entraîner des symptômes gênants (perte d’odorat, modification de la voix, troubles urinaires…). Par précaution, ils sont très souvent éliminés dès leur découverte (il existe un risque de cancer avec certains polypes comme ceux du côlon).

Quels symptômes doivent alerter ?

"Bien souvent, les polypes passent inaperçus et sont révélés par un autre examen", explique le Dr Maneval. Cependant, des symptômes peuvent tout de même apparaître et ne doivent pas être ignorés :
- dans l'utérus et le vagin : des saignements en dehors des règles, des règles plus abondantes.
- dans le tube digestif : du sang dans les selles, des douleurs au  ventre...
- dans les fosses nasales : des saignements de nez, un écoulement permanent jaune ou verdâtre, voire une sinusite chronique et une perte de l'odorat.
- sur les cordes vocales : une modification de la voix.
- dans les voies urinaires : des infections urinaires chroniques, des
douleurs ou du sang dans les urines.

Comment les détecter ?

Différents examens peuvent dépister les polypes :
- au niveau du système digestif : pour détecter des polypes, un test, le FIT (Fecal Immunological Test) est recommandé tous les 2 ans à partir de 50 ans jusqu'à 74 ans. Un examen du côlon (coloscopie (2)) peut ensuite être prescrit.
- au niveau de l'utérus : une colposcopie (3) peut révéler un polype sur le col de l'utérus. Pour l'utérus, une endoscopie sera nécessaire.
- au niveau du larynx et des cordes vocales : une laryngoscopie (4) est prescrite pour visualiser les cordes vocales.
- au niveau de la vessie : si les bandelettes réactives détectent du sang dans les urines, on utilise une cystoscopie (5) pour aller plus loin dans l'exploration.

Après un examen de visualisation, une biopsie (prélèvement d'un fragment de la muqueuse permettant d'examiner les tissus) peut être recommandée pour connaître la nature du polype.

(1) Il suffit de déposer soi-même une petite quantité de selles sur un papier réactif pour déceler des traces minimes de sang dans les selles. Le test est ensuite envoyé à un laboratoire spécialisé.
(2) examen de visualisation qui explore la paroi du gros intestin par fibre optique introduit par l'anus
(3) examen de visualisation à l'aide d'une loupe grossissante pour explorer le col de l'utérus et le vagin
(4) examen de visualisation qui explore le larynx et les cordes vocales
(5) examen de visualisation qui explore la vessie

Polypes : êtes-vous à risque ?

Tout le monde peut être concerné par des polypes.
Cependant, en ce qui concerne les polypes du côlon, certaines personnes sont plus susceptibles d'être touchés que d'autres. C'est le cas :
- des personnes âgées de plus de 50 ans,
- ou/et qui ont déjà eu des polypes
- ou/et qui ont des antécédents familiaux. Le risque est 2 fois plus élevé si un proche (parents, fratrie...) en a développé un. -Dans ce cas, il leur est proposé systématiquement une coloscopie (1) à partir de 40 ans" indique le Dr Maneval.
D'autres facteurs : une alimentation pauvre en fibres et riche en graisses animales, l'obésité, le tabagisme, la consommation d'alcool pour les polypes intestinaux, des allergies respiratoires pour les polypes au niveau des fosses nasales.

(1) Examen de visualisation qui explore la paroi du gros intestin par fibre optique introduit par l'anus.

Polypes : quels traitements ?

Le traitement est essentiellement chirurgical, avec une ablation du ou des polypes. Celle-ci se fait  par voie endoscopique(1), en général sous anesthésie locale. Il s'agit d'une intervention bénigne.
Les polypes sont ensuite examinés et analysés pour connaître leur nature exacte (bénin, précancéreux, cancéreux, origine infectieuse ou allergique...) et mettre éventuellement en place un traitement adapté. "Le traitement est suivi d'une surveillance régulière" explique le Dr Maneval.
Attention : Les polypes intestinaux méritent une attention soutenue. Ils sont à retirer au plus vite, pour éviter tout risque de cancer.
L'évolution : Certains polypes ont tendance à récidiver (notamment ceux du côlon, de la vessie et des fosses nasales) et peuvent demander une réintervention chirurgicale.

(1) Introduction d'un tube muni d'un système optique et de petits instruments chirurgicaux.