Fuites urinaires : que valent vraiment les protections ?

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Fuites légères ou incontinence avérée, effort ou urgence… Il y a des sujets qu’on aborde rarement à table, et pourtant, ils concernent des millions de personnes. En France, près de 3 millions d’adultes sont touchés par des troubles de l’incontinence urinaire, selon l’Assurance maladie. Si le phénomène est plus fréquent avec l’âge, il n’est pas une fatalité. Et pour faire face au quotidien, beaucoup de patients, hommes et femmes, se tournent vers les protections urinaires. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Sont-elles toutes efficaces ? Et surtout, comment les utiliser sans oublier l’essentiel : prendre soin de sa santé ?

Pourquoi parle-t-on si peu des protections urinaires ?

Le sujet reste encore tabou. Beaucoup associent ces protections à la perte d’autonomie ou à la vieillesse extrême, alors qu’elles peuvent concerner des femmes dès 40 ans, notamment après une grossesse ou à la ménopause, et des hommes confrontés à des troubles prostatiques. Résultat : on les utilise souvent en cachette, sans toujours oser en parler à son médecin.

Pourtant, dans bien des cas, ces protections permettent de maintenir une vie sociale active, d’oser sortir, reprendre une activité physique, ou simplement éviter le stress de l’accident en public. Encore faut-il savoir lesquelles choisir et dans quelles conditions.

Serviettes, culottes, slips absorbants… que choisir ?

Il n’existe pas de protection "miracle", mais un large éventail de produits adaptés à la nature et l’intensité des fuites. Le point commun de toutes ces protections : elles sont conçues pour absorber l’urine, limiter les odeurs, préserver la peau et réduire l’inconfort.

Parmi les plus courantes :

  • Les protège-slips et serviettes urinaires : pour les fuites légères ou ponctuelles, souvent chez la femme.
  • Les culottes absorbantes ou slips jetables : plus couvrants, utiles pour les fuites modérées à importantes.
  • Les changes complets : recommandés en cas d’incontinence sévère ou nocturne, notamment chez les personnes alitées.

Des modèles masculins existent aussi, conçus pour épouser l’anatomie de l’homme et mieux absorber les fuites liées à une hypertrophie bénigne de la prostate.

Autrement dit, porter une protection ne doit pas faire oublier de consulter un professionnel de santé, de rééduquer son périnée, ou d’agir sur les causes des fuites

Un usage utile… mais pas sans conditions

Si les protections peuvent grandement améliorer le confort, elles ne sont ni anodines ni une réponse thérapeutique. La Haute Autorité de Santé est formelle : elles doivent rester un "moyen palliatif", et non un substitut à un diagnostic ou à un traitement adapté. Elles soulagent, mais ne soignent pas.

Autrement dit, porter une protection ne doit pas faire oublier de consulter un professionnel de santé, de rééduquer son périnée, ou d’agir sur les causes des fuites (comme réduire sa consommation de café, d’alcool, perdre un peu de poids ou reprendre une activité physique).

Des risques à ne pas sous-estimer

Certaines précautions d’hygiène sont indispensables. Changer fréquemment de protection, en particulier après un effort ou la nuit, est essentiel pour préserver la santé de la peau. La macération, l’humidité et les frottements peuvent favoriser des irritations, voire des infections urinaires ou cutanées.

L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) a également alerté en 2019 sur la présence possible de substances chimiques dans certaines protections : dioxines, formaldéhyde, parfums… Autant de composants susceptibles d’irriter les muqueuses ou de présenter un risque, notamment en cas d’usage prolongé.

Mieux vaut donc se tourner vers des produits sans parfum, sans colorant, et testés dermatologiquement. Et ne pas hésiter à lire la composition sur les boîtes ou demander conseil à un professionnel de santé ou à un pharmacien.

Peut-on être remboursé ?

Les protections urinaires peuvent être prises en charge par l’Assurance Maladie, à condition qu’elles soient prescrites par un médecin. Cette prise en charge est souvent essentielle pour les personnes âgées, les patients en perte d’autonomie ou souffrant de maladies chroniques.

Attention cependant : la prescription doit être précise et adaptée aux besoins réels. Il est également possible de faire appel à un ergothérapeute ou un infirmier pour évaluer les aides techniques nécessaires, dans le cadre du maintien à domicile.

Faut-il porter une protection tous les jours ?

Il n’est pas nécessairement utile de porter une protection tous les jours. Si les fuitessont légères ou occasionnelle s, certaines personnes préfèrent utiliser des protections uniquement en sortie, pendant le sport ou la nuit. D’autres optent pour des culottes lavables réutilisables, plus écologiques et parfois plus confortables.

Ce qui compte, c’est que l’usage ne devienne ni systématique ni culpabilisant. Dès qu’une gêne ou une dépendance s’installe, mieux vaut consulter pour envisager une prise en charge globale : exercices, médicaments, voire prise en charge chirurgicale si nécessaire.