J'ai une prise de sang à faire, est-ce que je peux prendre un café ?

Publié par La Rédaction Médisite
le 06/12/2025
L'impact d'un mauvais jeûne sur les résultats de prise de sang
Autre
Un simple café sucré ou un repas pris trop tardivement avant une analyse sanguine peut sembler anodin. Pourtant, cet écart peut totalement fausser l'interprétation de votre bilan biologique. Les conséquences d'un mauvais jeûne sur une analyse de sang vont du simple désagrément d'un nouveau prélèvement à la prescription d'un traitement inutile.

Pour garantir la fiabilité de certaines analyses, un jeûne dit "strict" est indispensable. Cela implique de ne rien manger ni boire, à l'exception de l'eau plate, pendant une durée de 8 à 12 heures avant le prélèvement. Les boissons comme le café, même sans sucre, les jus de fruits ou les sodas sont à proscrire. Cette précaution est particulièrement importante pour la mesure de la glycémie à jeun et pour le bilan lipidique, notamment le dosage des triglycérides qui exige un jeûne de 12 heures. D'autres paramètres, comme le fer sérique ou certaines hormones, sont également sensibles à l'alimentation récente. Au-delà de la nourriture, il est recommandé d'éviter l'alcool dans les 24 à 48 heures précédant le test, ainsi que le tabac et toute activité physique intense le jour même.

Trois altérations majeures des résultats

La première conséquence directe d'un jeûne non respecté est le risque de faux positif sur la glycémie lors de la prise de sang. L'ingestion de glucides provoque une augmentation naturelle du taux de sucre dans le sang. Si cette mesure est interprétée comme une valeur à jeun, elle peut conduire à un diagnostic erroné de prédiabète ou de diabète, entraînant une anxiété inutile et des investigations supplémentaires.

La deuxième altération concerne le bilan lipidique. Un repas récent, surtout s'il est riche en graisses, fait grimper temporairement le taux de triglycérides. Ce phénomène peut rendre le sérum sanguin opaque et d'aspect laiteux, compliquant techniquement son analyse en laboratoire. Plus grave encore, un taux de triglycérides artificiellement élevé fausse le calcul du LDL-cholestérol, souvent surnommé "mauvais cholestérol", lorsque la formule de Friedewald est utilisée par le laboratoire. Le taux de LDL-cholestérol est alors faussé et ininterprétable.

Enfin, un mauvais jeûne peut, plus rarement, masquer une anomalie réelle. La prise d'aliments peut entraîner une diminution passagère de certains marqueurs, comme le phosphore ou le fer sérique. Cette baisse artificielle peut alors masquer une carence existante, conduisant à une évaluation faussement rassurante et retardant une éventuelle prise en charge.

Quand faut-il refaire le prélèvement ?

Si vous avez oublié de jeûner, il est crucial d'en informer le laboratoire avant le prélèvement. Dans certaines situations, une nouvelle analyse est impérative. Si la glycémie mesurée atteint le seuil du diabète (supérieur ou égal à 7,0 mmol/L) alors que le jeûne n'a pas été respecté, le test doit être refait dans les conditions requises. Pour le bilan lipidique, le seuil critique est un taux de triglycérides supérieur à 4,5 mmol/L. Au-delà de cette valeur, le calcul du LDL-cholestérol n'est plus fiable et une contre-analyse du bilan lipidique à jeun strict devient indispensable.

Il faut noter que toutes les analyses ne requièrent pas d'être à jeun. Le dosage de l'hémoglobine glyquée (HbA1c), qui reflète la moyenne des glycémies sur trois mois, n'est pas influencé par un repas récent. De même, les pratiques évoluent : de nouvelles recommandations européennes suggèrent que pour le dépistage de routine, le bilan lipidique pourrait être réalisé sans jeûne, en se concentrant sur des indicateurs robustes comme le cholestérol non-HDL. Cependant, pour le suivi d'un traitement ou dans des contextes spécifiques, le jeûne reste la norme de référence.

Google News Voir les commentaires