Landes : atteinte du syndrome de Münchhausen, elle est suspectée d’avoir tué sa fille 

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 25/11/2025
empoisonnement Landes
Istock
Une femme de 53 ans est jugée depuis lundi par les assises de Mont-de-Marsan dans les Landes. Atteinte du syndrome de Münchhausen, elle est suspectée d’avoir empoisonné ses deux filles, dont l’une est décédée en 2019. Les faits, comment reconnaître ce syndrome, le soigner. On vous dit tout. 

 

Elle avait seulement 18 ans. Enea est morte à Dax dans les Landes en 2019, après une overdose médicamenteuse. Le 13 novembre 2019 vers midi, la mère appelle les secours, alertée par la cadette – Luan – d'une crise de convulsions de sa sœur Enea, au domicile familial de Dax, indique le Dauphiné Libéré.  Le Samu découvre celle-ci dans son lit en état de mort respiratoire, la réanime mais elle succombe six jours plus tard à l'hôpital.” Les analyses sont édifiantes : un taux de 1,882 milligramme de Propranolol, un médicament prescrit en cas d’hypertension artérielle, soit « l'équivalent de 50 à 75 cachets » précise le rapport, quand la dose thérapeutique oscille entre 40 et 200 mg. Au total, 22 molécules différentes sont retrouvées dans le corps de la jeune fille, associées à une consommation importante de cannabis. Les médecins légistes concluent que le décès est dû à  « décompensation cardiorespiratoire aiguë d'origine toxique ». 

 

Décès d’Enea à Dax : une tentative de suicide ou un empoisonnement ? 

Tentative de suicide ? C’est l’hypothèse que défend la mère d’Enea, Maylis, auprès des secours et des forces de l’ordre à qui elle indique que sa fille était dépressive et souffrait de plusieurs maladies, sans pouvoir toutefois citer précisément les maladies en question. Mais cette hypothèse se heurte à la personnalité de la mère, affabulatrice et manipulatrice, et à l’enquête qui révèle que la jeune fille avait consulté pas moins 30 médecins durant sa vie et “s'était vu prescrire quantité de neuroleptiques, anxiolytiques sédatifs, traitements contre les convulsions et antidépresseurs”, rapporte encore le Dauphiné Libéré. 

Des doutes renforcés par des analyses menées menées sur la sœur cadette d’Enea, Luan, elle-même fortement médicamentée. De son côté, l'enquêteur de personnalité conclut son analyse en s'interrogeant "sur l'existence d’éventuels troubles de la personnalité qu’il conviendrait d’identifier". Le syndrome de Münchhausen par procuration est évoqué par plusieurs expertises psychiatriques : il consiste pour un parent à créer de toutes pièces des maladies chez son enfant. Le procès qui doit se tenir jusqu’au 3 décembre prochain tentera de faire la lumière sur toute cette affaire et sur la responsabilité de la mère, qui nie pour l’heure son implication dans la mort par empoisonnement de sa fille

 

Syndrome de Münchhausen par procuration  : un syndrome sans doute largement sous-estimé

Bien que rare, le syndrome de  Münchhausen (aussi appelé pathomimie ou trouble factice) par procuration est sans doute sous-estimé, car difficile à repérer. “L’enfant est présenté de façon répétitive et persistante pour des soins médicaux qui conduisent à des examens médicaux et des explorations médico-chirurgicales multiples et répétées”, explique la Dre Marie-France le Heuzey, pédopsychiatre dans le Service de Psychopathologie de l'Enfant et de l'Adolescent Hôpital Robert Debré à Paris. 

Dans une étude parue en 2008 dans les Archives de Psychiatrie, la Dre Le Heuzey rapporte la cas d’une petite fille de 2 ans, très régulièrement hospitalisée dans son service pour “du sang dans les couches” sans que les médecins trouvent l’origine des problèmes, malgré une batterie d’examen. Le syndrome de Münchhausen est évoqué à partir de la 6ème hospitalisation et permet de mieux repérer ce trouble, notamment le profil du parent maltraitant (ce syndrome étant une forme de maltraitance) : “Le parent en question est généralement la mère. Elle est souvent mère au foyer mais, lorsqu’elle exerce une profession, celle-ci est souvent en relation avec l’enfance : infirmière éducatrice de jeunes enfants, travailleuse sociale ou vendeuse de vêtements pour bébés”, pour ce qui concerne la mère de la petite Laurène. 

 

Quels signes peuvent faire suspecter un Syndrome de Münchhausen par procuration ? 

L’étude de 2008 permet aussi d’établir que ”dans le syndrome de Münchausen par procuration, les symptômes physiques les plus fréquents sont les saignements – hématurie en premier (présence de sang dans les urines, NDLR) –, les convulsions, les pertes de connaissance.” En cas de suspicion, il est impératif de faire un signalement au procureur de la République pour mettre l’enfant hors de danger rapidement. Ce syndrome ne se soigne pas, mais une prise en charge psychiatrique est nécessaire. 

 

 

 

 

Google News Voir les commentaires