Paracétamol et ibuprofène : à jeun ou au cours du repas ? Ne faites plus l'erreur !

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 3/11/2025
Maj le
4 minutes
doliprane prise à jeun
Istock
Fièvre, douleur ou autres maux du quotidien… Le réflexe est souvent de se tourner vers le paracétamol ou l'ibuprofène. Mais savez-vous que l’un doit être pris à jeun et l’autre au contraire au cours du repas ? Explications.

Utilisés pour la fièvre et la douleur, le paracétamol et l'ibuprofène sont les médicaments les plus courants. Pourtant, des erreurs de manipulation, notamment sur la prise (à jeun ou avec un repas) peuvent compromettre leur efficacité et augmenter les risques d'effets secondaires.

Prise à jeun ou pendant le repas : une règle différente

Le moment de la prise d’un médicament par rapport à un repas n’est pas un détail. Pour le paracétamol, l’objectif est souvent un soulagement rapide. Son absorption atteint son pic en 30 à 60 minutes, et une prise à jeun de paracétamol est conseillée pour maximiser cette vitesse. La nourriture ne diminue pas son efficacité finale, mais elle ralentit son passage dans le sang, retardant l'effet antalgique. L'efficacité du Doliprane ou d'autres médicaments à base de paracétamol peut donc être retardée si un repas l'accompagne, bien que le médicament reste bien toléré par l'estomac dans les deux situations.

La logique est totalement inverse pour l’ibuprofène. Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) peut se montrer agressif pour la muqueuse gastrique. La règle est donc de toujours prendre un anti-inflammatoire avec de la nourriture car l'alimentation joue un rôle de tampon protecteur. La prise de l'ibuprofène pendant un repas est essentielle pour la protection de l'estomac car cela minimise les risques de brûlures, de douleurs ou d’ulcères. "N'oubliez pas de boire un grand verre d'eau lors de la prise pendant le repas, précise Jean-Noël Perin, pharmacien. C'est également essentiel pour protéger l’estomac". 

D’autres médicaments suivent ces mêmes règles : certains doivent être pris à jeun quand d’autres seront à avaler pendant ou après le repas. C’est en grande partie pour favoriser leur biodisponibilité ou limiter les effets secondaires.

Quand manger optimise l'efficacité du traitement

Comment expliquer que certains médicaments soient plus efficaces quand ils sont pris en mangeant ? Une bonne biodisponibilité du médicament est une explication simple : il s'agit de la part de la substance qui parvient réellement dans la circulation sanguine pour agir. "Un repas modifie généralement le pH gastrique et la vidange de l’estomac, ce qui peut ralentir ou au contraire favoriser l’absorption selon les médicaments", ajoute le pharmacien. 

Prendre son médicament au cours du repas est une condition favorable pour des molécules comme l'Itraconazole, un antifongique. Sans nourriture, son absorption est trop faible pour être efficace. De même, des médicaments liposolubles, comme certains antiviraux, nécessitent la présence de graisses alimentaires pour traverser la barrière intestinale et atteindre une concentration suffisante dans le sang.

Protéger l'estomac pour une meilleure tolérance

Si la nourriture n'améliore pas toujours l'absorption, elle joue un rôle essentiel pour le confort digestif. L'objectif est alors d'améliorer la tolérance gastro-intestinale du médicament. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tel le Kétoprofène ou l’ibuprofène dont nous avons parlé plus haut, sont connus pour leur potentiel irritant sur la muqueuse de l'estomac. Les prendre au cours d'un repas crée une sorte de protection qui diminue le contact direct et le risque de douleurs ou de lésions. 

Dans un autre registre, le cas de la Metformine et des troubles digestifs qu'elle engendre est assez parlant. Cet antidiabétique courant provoque souvent des nausées ou des diarrhées en début de traitement. Le prendre pendant ou à la fin d'un repas ralentit sa vitesse d'absorption, ce qui atténue les pics de concentration dans le sang responsables de ces désagréments et favorise une meilleure observance du traitement.

L'impératif du jeûne pour ne pas nuire à l'absorption

À l'inverse, certains traitements exigent un estomac vide pour fonctionner. C’est le cas de la lévothyroxine, hormone thyroïdienne contenu dans le Levothyrox. La consigne d'une prise à jeun, au moins 30 minutes avant le petit déjeuner et seulement avec un verre d'eau, est stricte. Les aliments, notamment les produits laitiers riches en calcium ou les suppléments en fer, peuvent se lier à la molécule. Ce phénomène, appelé chélation, forme des complexes non absorbables qui sont éliminés sans avoir pu agir, compromettant l'équilibre hormonal. Le café peut aussi poser problème car certains composés du café peuvent interférer avec l'absorption du médicament :  "Le mécanisme n’est pas parfaitement connu mais on conseille d’espacer la prise d’une heure", conseille Jean-Noël Perin. Un oubli ponctuel de la règle n'est pas dramatique, mais sa répétition peut perturber l'efficacité du traitement sur le long terme.

 

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