- 1 - Le taux des transaminases peut varier en fonction des laboratoires !
- 2 - L'hépatopathie alcoolique
- 3 - Surpoids : l'excès de graisses abîme le foie
- 4 - Des médicaments peuvent augmenter les transaminases
- 5 - Une hépatite virale qui peut-être fulminante
- 6 - Transaminases : quels signes doivent alerter ?
Les transaminases font partie des grandes lignes à surveiller dans nos analyses sanguines. Ce sont des enzymes présentes dans plusieurs organes comme le cœur, les muscles, mais surtout dans le métabolisme hépatique, donc le foie.
"En cas de souffrance du foie, les cellules lésées créent une augmentation des transaminases. Mesurer leur taux grâce à une prise de sang peut permettre de révéler un trouble dans l'organisme", nous explique le professeur Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon à Paris.
"Les maladies du foie, étant souvent asymptomatiques, les transaminases permettent de les détecter", indique le Dr Sylvie Grimbert, chef de service gastro-entérologie du Groupe hospitalier Diaconnesses Saint-Simon (Paris).
"Il existe 2 types de transaminases, renchérit la spécialiste. On note les ASAT (aspartate aminotransferase) et ALAT (alanine aminotransférase), qui est plus spécifique du foie".
Le taux des transaminases peut varier en fonction des laboratoires !
Les transaminases vont nous éclairer en cas de souffrance cellulaire : elles vont alors monter. "C'est un marqueur, le plus souvent dû à une anomalie, mais cette augmentation est parfois le reflet d'un état", indique le Pr Grimbert.
"Le profil d’augmentation du taux de transaminases permet d’orienter le clinicien, poursuit l'experte. Si le taux d’ALAT est plus haut que celui d’ASAT cela oriente vers un problème hépatique, au contraire, si le taux d’ASAT est plus haut que celui d’ALAT, on s'oriente plutôt vers un problème cardiaque ou musculaire, sauf en cas de consommation excessive d'alcool".
"Avant tout, il faut savoir que le taux moyen normal varie en fonction des laboratoires, car les normes ne sont pas standardisées. Il faut uniquement prendre en compte la valeur limite supérieure du laboratoire qui a effectué l'analyse et ne pas le comparer avec un autre", indique de son côté le Pr Marcellin.
"D’où l’importance de confirmer l'augmentation des transaminases avec à minima deux prélèvements faits dans le même laboratoire", préconise le Dr Grimbert.
L'hépatopathie alcoolique
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"L’élévation chronique des transaminases est une situation fréquente. Selon plusieurs études, la prévalence varie de 3 à 12%, partage le Dr Grimbert. Les valeurs des tests peuvent aussi fluctuer de manière physiologique".
C'est le cas durant une grossesse, une activité physique ou après un repas. Néanmoins, certaines causes peuvent fréquemment expliquer une élévation des transaminases, en créant une inflammation du foie.
Une consommation excessive d'alcool
L'alcool peut être en cause. "Une consommation excessive d’alcool (plus de deux verres par jour) doit être recherchée par l’interrogatoire. Habituellement, l'augmentation des transaminases prédomine sur les ASAT et s’accompagne habituellement d’une augmentation des GGT (Gamma-glutyl-tranferase)", décrit le Dr Grimbert. Les femmes sont plus fragiles que les hommes vis-à-vis de l’alcool.
En cas d'alcoolisme chronique, une inflammation du foie peut se déclarer entraînant une fibrose et une cirrhose à la longue. À ce stade des complications dangereuses peuvent se déclarer", ajoute le Pr Marcellin.
"Une augmentation des transaminases particulièrement des ASAT par rapport aux ALAT associée à une explosion des GAMMA GT est le signe spécifique d'une hépatopathie alcoolique", prévient encore l'hépatologue.
Surpoids : l'excès de graisses abîme le foie
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La surcharge pondérale est l’une des principales causes d’augmentation des transaminases. Le surpoids s’associe parfois à un diabète et une hyperlipidémie qui traduisent un syndrome métabolique.
La graisse accumulée dans le foie peut provoquer la stéatose
"La graisse accumulée autour du foie en grande quantité provoque ce qu'on appelle une stéatose, elle-même responsable d'une inflammation ", ajoute le Pr Marcellin. Cette inflammation chronique entraîne alors une augmentation du taux de transaminases".
Il s'agit d'une pathologie extrêmement fréquente. La prévalence de la stéatose hépatique est estimée entre 20 % et 30 % dans les pays développés. "Elle est fréquemment associée à l’obésité. Une modification du mode de vie est essentielle pour en guérir ou en ralentir l’évolution", précise l'Assurance Maladie.
L'accumulation de graisses et de sucres entraînent des lésions hépatiques
Il s'agit d'une forme de cirrhose, moins connue et pourtant en pleine émergence en France. "Le développement des cas est dû au nouveau mode de vie moderne, avertit encore le Pr Marcellin. La malbouffe et le manque d'exercice physique sont les principales causes".
Si elle n'est pas prise à temps, elle peut évoluer en cancer du foie, comme pour n’importe quel type de cirrhose.
Des médicaments peuvent augmenter les transaminases
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"Un certain nombre de médicaments sont responsables d’une augmentation des transaminases, estime le Dr Grimbert. Certaines hépatites médicamenteuses sont prévisibles et d’autres imprévisibles, car dues à une réaction immuno-allergique".
Attention aux médicaments achetés sur le Net
Les médecines douces sont à la mode, et peuvent provoquer une toxicité hépatique. "Il faut notamment rechercher la prise de certaines préparations de phytothérapie ou de drogues illicites, poursuit-elle. Je pense particulièrement aux traitements achetés sur internet directement". Ces derniers peuvent échapper au contrôle de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament).
"Un traitement mal supporté peut générer une hépatite allergique pouvant être fulminante, voire mortelle", ajoute encore le Pr Marcellin. C'est pourquoi il est utile pour certains traitements de faire des analyses avant et après, afin de déterminer si le médicament est bien supporté. Un médicament toxique pour le foie peut entraîner une hépatite grave parfois mortelle.
Une hépatite virale qui peut-être fulminante
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"Le virus pénètre dans les cellules hépatiques et se multiplie à l'intérieur, entraînant une inflammation. En réponse à cette menace, l'organisme se défend et développe plus de globules blancs", explique le Pr Patrick Marcellin.
On distingue 2 types d’hépatite virale.
Les hépatites aiguës : les signes à repérer
"Les hépatites aiguës entraînent en général une augmentation importante des transaminases accompagnées de signes cliniques comme la fièvre, la fatigue et parfois un ictère (jaunisse)", explique de son côté le Dr Grimbert.
"Une élévation aigüe des transaminases, c'est-à-dire qui monte en flèche puis redescend peut-être causée par les virus d'hépatites A,B,C,D,E".
Dans ce cas, il est important d'avoir un suivi sérieux, car l'hépatite peut être fulminante et entraîner une destruction massive à l'intérieur du foie", souligne le spécialiste.
L'hépatite virale chronique : souvent asymptomatique
"Pour les hépatites virales chroniques, l’augmentation des transaminases est souvent modérée, asymptomatique et doit être confirmée par une prise de sang", estime le Dr Grimbert.
Si l'hépatite est chronique, le suivi doit être sérieux.
Si l'hépatite est chronique, ce sont les virus des "hépatites B et C" qui en sont principalement responsables. On note une augmentation significative du taux de transaminases qui reste sur la durée. Il est important de rechercher ces infections virales, que l’on peut traiter et guérir afin d’éviter l’évolution vers la cirrhose.
Transaminases : quels signes doivent alerter ?
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Les signes inquiétants relèvent d'une part, de la présence de signes cliniques, et d'autre part, d'un taux de transaminases très élevé.
Fièvre, altération de l'état général : les signes d'une maladie grave
Concernant les signes cliniques, le Dr Grimbert fait référence à l'ictère, altération de l’état général, ascite, ou encore à la fièvre. "Ces symptômes doivent amener à suspecter une maladie chronique évoluée".
Taux très élevé de transaminases : les examens à mener
En dépit des signes cliniques, un taux très élevé de transaminases doit inquiéter. "Cela peut signifier la présence d’une hépatite aiguë potentiellement fulminante, répète le Dr Grimbert. Une hypertransaminasémie modérée est rarement symptomatique, mais justifie d’un bilan pour rechercher la cause et éventuellement la traiter".
Pour y parvenir, on procède à un bilan sanguin. En outre, une échographie du foie permettra de définir l’homogénéité du foie, de rechercher une éventuelle stéatose ou des signes de cirrhose. Un bilan plus poussé avec la réalisation d’une biopsie hépatique ou d’examens radiologiques plus poussés comme une IRM du foie ou un scanner sont parfois nécessaires.
Comment faire baisser les transaminases ?
"Il n’y a pas de traitement spécifique pour baisser les transaminases. C’est la cause à l’origine de l’hypertransaminasémie qu’il faudra traiter ou corriger", ajoute le Dr Grimbert.
Selon la cause identifiée, il va s'agir d'arrêter ou de réduire la consommation d'alcool ou d'arrêter le médicament potentiellement hépatotoxique. "En cas de surcharge pondérale, il va falloir aider le patient à perdre du poids", détaille la spécialiste.
Selon le Dr Grimbert, une hypertransaminasémie chronique inexpliquée peut néanmoins persister dans environ 10 % des cas.
Sources
Merci au Dr Sylvie Grimbert, chef de service gastro-entérologie du Groupe hospitalier Diaconnesses Saint Simon
Merci au professeur Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon à Paris et directeur de l'Unité de recherche à l'Inserm.
Valla DC. Augmentation chronique inexpliquée des transaminases. Hepato-Gastro 2003;10 :257-63
Pratt DS, Kaplan MM. Evaluation of abnormal liver enzyme results in asymptomatics patients. N Engl J Med. 2000; 342: 1266-71
Stéatose hépatique ou maladie du foie gras non alcoolique, Assurance Maladie
Barbare JC. Elevation chronique des transaminases : que faire quand on n’a rien trouvé ? Post’U 2004 :31-46
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