Fotolia
Sommaire

Des régions plus à risques

La qualité de l’eau est moins contrôlée dans les campagnes et les zones montagneuses. Pourquoi ? Parce qu’elles sont moins peuplées.

"Le contrôle sanitaire est proportionnellement moins important car les volumes pompés et la population sont moins importants", atteste Adeline Savy, ingénieur du génie sanitaire à la Ddass de l’Essonne, l’organisme responsable du contrôle de la qualité de l’eau. Pourtant, ces régions ont plus de risques d’être contaminées car elles concentrent des terres agricoles.

"L’agriculture est une source de contamination des nappes souterraines , on trouve de plus en plus de traces de médicaments qui ne sont pas éliminés par les systèmes actuels d’épuration", regrette André Levassor, hydrogéologue. L’Afssaps, l’Afssa, la DGS et les agences de l’eau se sont engagées à améliorer les techniques de traitement. Espérons des mesures rapides…

Plomb : attention aux anciennes canalisations !

34 % des logements en France en sont encore équipés de canalisations en plomb... bien que l’utilisation de ce dernier soit interdite depuis 1995 ! Et le plomb est encore présent dans 3,4 millions de branchements transportant l’eau au robinet.

"La majorité des anomalies que nous détectons sont dues à la dégradation de l’eau dans les réseaux comme ceux en plomb", explique Sylvie Rauzy, du Centre de recherche, d’expertise et de contrôle des eaux de Paris. Le plomb peut être responsable de saturnisme (intoxications), de douleurs abdominales, de troubles neurologiques, d’anémies et même d’hypertension.

A noter : la teneur en plomb ne doit pas dépasser 25 ?g/l (une limite qui devrait être abaissée à 10 ?g/l en 2013). Les teneurs en plomb de l’eau de consommation sont disponibles en mairie.

Bactéries, virus : des risques de contamination

"La recherche dans l’eau de tous les micro-organismes potentiellement dangereux est irréaliste, tant pour des raisons techniques qu’économiques", explique le ministère de la Santé. Voilà pourquoi l’eau peut parfois entraîner, comme ce fut le cas dans l’Ain (2003) et en Saône-et-Loire (2001), des cas de gastro-entérites. De plus, depuis quelques jours, trois communes du Nord sont privées d'eau du robinet suite à la découverte d'une bactérie (l'entérocoque) pouvant causer des problèmes gastriques.

A noter : "Les épidémies d’origine hydrique rapportées en France sont très rares", précise le ministère de la Santé. 96 % des prélèvements effectués en 2006 sur 25 000 unités de distribution* (la France en compte environ 27 000) ont confirmé l’absence de contamination microbiologique. *Une unité de distribution est une zone géographique gérée par une même structure et délivrant une eau de même qualité.

Chlore : ne paniquez pas !

Ce n’est pas parce que l’eau que vous buvez "sent" le chlore qu’elle n’est pas potable ! Au contraire, si les distributeurs d’eau en ajoutent c’est parce que le chlore prévient la multiplication des germes lors du transport de l’eau. Il est donc normal d’en trouver dans l’eau de consommation… à condition bien sûr que ce ne soit pas en excès !

"La consigne de taux de chlore est de 0,4 mg/l en sortie d’usine et d’environ 0,1 mg/l au robinet du consommateur", explique Véronique Heim, responsable des études au Sedif. Selon l’OMS, le chlore ne présente pas de danger pour la santé à moins de 5 mg/l.

Comment éviter l’odeur de chlore ? Laissez couler l’eau quelques dizaines de secondes avant de la boire, mettez-la dans une carafe ou rafraîchissez-la au réfrigérateur.

Pollution : quelles sont les mesures mises en place ?

Même si l’eau est un des produits alimentaires les plus contrôlés, il peut arriver qu’elle soit polluée. "Nous informons alors la Ddass et le producteur de l’eau puis on refait un prélèvement de contrôle pour trouver la cause de l’anomalie", explique Sylvie Rauzy du Crecep. Si finalement les résultats confirment la contamination, la Ddass peut, en accord avec le préfet, demander une limite de la consommation d’eau.

"La Ddass informe la mairie. Dans le cas de conséquences immédiates et graves pour la santé, les informations à la population peuvent être faites par haut-parleur, lettres distribuées ou dans les journaux régionaux", explique Adeline Savy, ingénieur du génie sanitaire à la Ddass de l’Essonne. Avant de préciser : "Il s’agit là de situations relativement exceptionnelles."

Comment savoir si votre eau est saine ?

Nitrates, plomb, bactéries… Vous êtes consommateur donc vous avez le droit de savoir si l’eau est potable ! Comment ? En allant en mairie et en consultant les résultats des dernières analyses qui doivent OBLIGATOIREMENT être affichés. Là, il est possible que vous ayez du mal à tout déchiffrer (surtout si vous n’avez pas quelques notions de chimie !).

Dans ce cas, pas de panique ! Demandez à la mairie, à la préfecture ou aux Directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de vous expliquer. Selon la loi du 3 janvier 1992, il est en effet obligatoire que les informations relatives à la qualité de l’eau soient faites dans des "termes simples et compréhensibles par tous les usagers".

Les gestes simples pour dépolluer votre eau

Vous pouvez améliorer la qualité de l’eau que vous buvez ! Comment ?

  • Un, en laissant couler l’eau quelques dizaines de secondes avant de l’utiliser (le matin surtout, parce que l’eau a stagné dans les canalisations).
  • Deux, en n’utilisant jamais l’eau chaude du robinet pour la cuisine (la température élevée facilite la solubilisation des métaux dans l’eau).
  • Trois, en désinfectant et en détartrant souvent les éléments de robinetterie pour éviter l’accumulation de bactéries.

Enfin, vous pouvez utiliser une carafe filtrante car elle retient certaines substances qui altèrent la qualité de l’eau (le chlore, par exemple). Cependant, "il convient de bien l’entretenir et de remplacer fréquemment les filtres", recommande Véronique Heim, responsable des études au service technique du Sedif.

Eau : attention à la conservation

Qu’elle soit du robinet, de source, ou minérale, l’eau ne doit pas être conservée n’importe comment ! Sachez ainsi qu’il ne faut pas la consommer après un ou deux jours dans un récipient ouvert parce qu’elle peut être contaminée par les bactéries présentes dans l’air, les sols…

"On a déjà constaté que, selon l’âge de la bouteille, il peut y avoir des contaminations", assure Michèle Jarret, responsable méthode et réglementation au laboratoire Santé environnement hygiène de Lyon. Le mode de conservation est aussi très important. "Une bouteille plastique est poreuse donc quand elle est à la chaleur, on peut retrouver des polluants dans l’eau", explique la spécialiste.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.