Alimentation en conscience : les erreurs à éviter Istock
Emilie Cailleau

Publié par Emilie Cailleau, le 04/04/2024

Sommaire

Ralentir, être totalement présent à soi et dans l’instant, sans se laisser emporter par son flot de pensées. Un défi au quotidien qui prend parfois les contours d’une quête personnelle, d’un chemin vers l’épanouissement de soi.

La pleine conscience fait partie de ces outils qui peuvent aider à se reconnecter à soi, à son environnement et au moment présent. Celle-ci invite à porter pleinement son attention au moment présent, en essayant de s’extraire des narrations mentales, sans jugement. Pour y arriver, les pratiquants peuvent recourir à différents points d’ancrage comme la respiration, les sensations corporelles, l’odorat, la vue, les sons.

La pratique régulière de cette approche de la méditation apporte une ribambelle de bénéfices sur la santé et la psyché, comme l’ont montré diverses études scientifiques. Un entraînement régulier aiderait par exemple à être moins perméable aux événements stressants, à vaincre le sentiment de solitude, à faire barrage à la dépression, à améliorer ses fonctions cognitives en affûtant ses capacités d’attention et de concentration ou encore à cultiver la gratitude et la bienveillance envers soi et les autres.

A la manière d’une gymnastique holistique, insuffler de la pleine conscience dans son quotidien offre aussi une porte d’entrée vers une meilleure connaissance de soi, de ses schémas de pensée et croyances limitantes, pour être mieux aligné avec soi-même.

Alimentation consciente : un outil pour cesser de manger ses émotions

Accessible à tous, l’approche de la pleine conscience peut se décliner à l’envi dans tous les pans du quotidien : sous la douche, en marchant, en faisant sa séance de sport, en patientant dans une file d’attente, ou encore en mangeant.

Appliquée à l’alimentation, cette technique aiderait à se sentir mieux dans son corps et dans sa tête, à moins céder aux sirènes des émotions, qui mène parfois à se réfugier dans la nourriture. L’alimentation consciente permet de sortir de certains automatismes et mauvaises habitudes alimentaires et in fine, de mieux manger.

"L’alimentation consciente permet de mieux consommer, d’arrêter le sucre et de manger des aliments qui font du bien à notre santé, explique à Medisite Kate Busuttil, naturopathe et auteure de Good food with Kate (éditions Guy Trédaniel). Elle nous aide à avoir une silhouette plus équilibrée, à réduire la surcharge pondérale mais surtout à éviter certaines maladies chroniques comme le diabète ou le cholestérol, conséquences d’une alimentation trop inflammatoire pour l’organisme".

Loin d’être inné, manger en conscience, à l’image de la méditation, est un apprentissage qui s’acquiert progressivement, en déployant des trésors de patience. "Il s’agit de prendre conscience des aliments que l’on choisit de mettre dans sa bouche en se posant la question : qu’est-ce que cet aliment va apporter à mon organisme ?", note Kate Busuttil.

Manger des aliments acidifiants, un faux pas à éviter

Pour intégrer l’alimentation consciente dans son quotidien, il est certains faux pas à ne pas commettre, selon la naturopathe.

"Une alimentation trop acidedéséquilibre le pH du corps et favorise certains problèmes de santé", observe Kate Busuttil.

Or l’équilibre acido-basique permet d’éviter l’acidification de l’organisme et ses dommages collatéraux pour la santé, comme l’explique Raphaël Gruman, nutritionniste, contacté par Medisite. "En cas de déséquilibre alimentaire, il est fréquent que le corps s’acidifie provoquant une inflammation généralisée. Cela peut engendrer des conséquences importantes sur l’état de santé comme par exemple des troubles cardiovasculaires".

Et l’expert de décrypter le mécanisme à l’œuvre : "Face à un excès d’acidité, le corps en déséquilibre va puiser dans ses réserves de substances alcalines ou basiques (au pH élevé) pour neutraliser toute élévation du taux d'acidité du sang. Il va s'ensuivre une déminéralisation pouvant affecter les dents, les os, les tendons, les ligaments, les articulations, les muscles, la chevelure, les ongles...", détaille-t-il encore.

Pour éviter cet effet domino, il est bon de privilégier les aliments basiques (alcalins) au détriment des aliments acidifiants. "La viande rouge, les produits laitiers, l’alcool, le café, le thé ont tendance à acidifier l’organisme. A contrario les céréales complètes, les fruits et les légumes, l’eau sont alcalinisants", cite comme exemple Raphaël Gruman.

Avis aux amateurs de café : celui-ci étant un aliment acide, Kate Busuttil invite à modérer sa consommation, en se limitant à deux cafés maximum par jour.

Consommer des aliments ultra-transformés

L’alimentation conscience invite à faire des choix plus sains qui excluent notamment les plats préparés et autres produits ultra-transformés. "Ils contiennent du sucre caché, font prendre du poids, favorisent le cholestérol et augmentent la glycémie", met en garde Kate Busuttil. Exit les sodas, la charcuterie, la viande reconstituée, les boissons riches en sucre, les chips et autres produits industriels associés à la malbouffe.

La spécialiste conseille "d’acheter le moins d’aliments transformés possibles et de cuisiner maison, même des choses très simples".

Abuser des oléagineux et des laits végétaux

Selon Kate Busuttil, certains aliments, que l’on juge sains se révèlent être de faux amis. C’est le cas des oléagineux ou encore des boissons végétales. "Quelqu’un qui mange beaucoup d’amandes en pensant se faire du bien va avoir tendance à prendre du poids. On se méfie aussi des laits végétaux qui contiennent en général beaucoup de sucre et vont faire grimper la glycémie". L’experte invite à choisir les laits végétaux étiquetés sans sucre ajouté.

Croire que tout ce qui est bio est sain

L’alimentation conscience, on l’a vu, amène à réviser ses choix alimentaires. Certains seront tentés de se tourner vers les enseignes bio, pensant que c’est un gage d’une alimentation saine. Un mythe à oublier, selon Kate Busuttil : "Rentrer dans un magasin bio et penser que tout est healthy et que ça ne fait pas grossir est un piège courant. Je l’entends souvent dans mes consultations, alors qu’il y a aussi beaucoup de produits alimentaires très sucrés estampillés bio".

Se méprendre sur sa faim

Reconnaître les signaux de la vraie faim n’est pas toujours aisé. Celle-ci est parfois confondue avec un besoin d’hydratation. "La faim est une soif qui s’ignore, souligne Kate Busuttil. Le cerveau envoie le même signal quand on a soif et quand on a faim". Et de glisser une astuce pour distinguer la vraie faim de la soif : Quand vous avez l’impression d’avoir faim, prenez un verre d’eau et prenez le temps de le boire. Puis voyez si vous avez encore faim".

Céder à ses pulsions alimentaires et craquer pour des aliments à IG élevé

Face à une émotion qui nous submerge, il est tentant se tourner vers des aliments à index glycémique (IG) élevé, qui réconfortent. L’astuce du verre d’eau serait là aussi efficace pour ne pas manger ses émotions, dixit la spécialiste : "la meilleure chose est de s’asseoir et de boire doucement de l’eau : le cerveau est ainsi concentré sur ce qu’on est en train de boire et la compulsion passe".

Plus largement, au quotidien, l’experte appelle à zapper les aliments trop sucrés qui font monter la glycémie et donnent rapidement faim. A la place, la naturopathe préconise de miser sur les aliments à IG bas, plus rassasiants pour éviter le pic d’insuline, calmer ses envies de sucre et de grignotage le long de la journée. "Par exemple, le matin plutôt qu’un cookie au petit-déjeuner, on préfère un pudding aux graines de chia ou une omelette. Ou encore de la ricotta avec une cuillère à café de miel".

Manger devant un écran

L’omniprésence des écrans même sur le temps de repas est une mauvaise habitude qui empêche d’être attentif à ce que l’on mange et à ses sensations. "Il importe de prendre le temps de savourer le plat que l’on a devant soi. Si on est seul on peut fermer les yeux et se demander ce que cet aliment va apporter à son organisme. Cela permet de perdre du poids ou de ne pas en prendre."

Manger trop vite

Prendre le temps de mâcher les aliments permet de favoriser la satiété et de mieux contrôler son poids. "On devrait normalement compter jusqu’à 30 à chaque bouchée pour réveiller les enzymes digestives", recommande Kate Busuttil.

Faire la sieste après le déjeuner

En vieillissant, nous avons tendance à adopter des comportements de plus en plus sédentaires. Beaucoup aiment se poser après le déjeuner, et à la maison, se caler dans son canapé devant la télé. Une habitude là aussi à changer. "Après le déjeuner, il est préférable de sortir de chez soi et de faire cent pas, comme le recommande un précepte de la médecine ayurvédique".

Plus largement, la naturopathe rappelle l’importance de rester actif au quotidien pour éviter de tomber dans le cercle vicieux de la sédentarité. "Bouger tous les jours est le meilleur conseil de longévité qui soit", rappelle-t-elle.

Sources

Merci à Kate Busuttil, naturopathe et auteure du livre "Good food with Kate" (éditions Guy Trédaniel)

Merci à Raphaël Gruman, nutritionniste et auteur. 

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