Curcumine anti-inflammatoire : en l’associant avec cette autre épice, vous multipliez son absorption par 20 !
Le curcuma, cette épice à la couleur flamboyante surnommée le "safran des Indes", est au cœur de la médecine ayurvédique depuis des millénaires. Ses vertus anti-inflammatoires, attribuées à son principe actif, la curcumine, en font un remède prisé contre de nombreuses affections. Pourtant, consommer cette épice seule revient à tenter de remplir une passoire avec de l’eau : son potentiel est immense, mais son assimilation par l'organisme est dérisoire. Heureusement, la science a identifié un ingrédient simple, présent dans toutes les cuisines, capable de résoudre ce paradoxe et de multiplier son efficacité.
Un potentiel anti-inflammatoire largement documenté
Les bienfaits du curcuma proviennent principalement des curcuminoïdes, une famille de composés dont la curcumine est la star. Son action se déploie à un niveau moléculaire, où elle parvient à inhiber des acteurs clés du processus inflammatoire, comme le facteur NF-κB et les enzymes COX-2. En modulant ces voies, la curcumine se présente comme une solution naturelle pour apaiser les douleurs articulaires et les états inflammatoires chroniques. Son intérêt n'est pas que théorique : une étude* de 2012 a ainsi confirmé sa capacité à réduire significativement la douleur et l'inflammation chez des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde, démontrant une efficacité comparable à certains médicaments anti-inflammatoires.
Pourquoi la curcumine, seule, a des effets quasi nuls ?
Malgré ce profil prometteur, la curcumine se heurte à un obstacle majeur : une biodisponibilité extrêmement faible. Deux raisons expliquent ce phénomène. Premièrement, elle est très peu soluble dans l'eau, ce qui complique son absorption dans l'environnement aqueux de notre tube digestif. Deuxièmement, la fraction qui parvient à traverser la barrière intestinale est immédiatement prise en charge par le foie, qui la métabolise et l'inactive à une vitesse fulgurante. Le résultat est sans appel : même après avoir ingéré des doses élevées de curcumine pure, seules des traces infimes et souvent inactives se retrouvent dans la circulation sanguine. Son passage dans le sang est quasi nul, et son potentiel thérapeutique reste largement inexploité.
L'ingrédient qui change tout : la pipérine du poivre noir
La solution à ce casse-tête biologique est d'une simplicité désarmante : le poivre noir. Son composé actif, la pipérine, est le partenaire indispensable de la curcumine. Son mécanisme d'action est astucieux : elle agit comme un inhibiteur des enzymes du foie et de l'intestin responsables de la dégradation rapide de la curcumine. En bloquant ce processus de métabolisation, elle lui laisse le champ libre pour être absorbée et atteindre la circulation sanguine. Une étude scientifique de référence (celle du Dr Shorba**, qui date de 1998) sur l'association de la pipérine et de la curcumine a quantifié cet effet de manière spectaculaire : l'ajout de seulement 20 mg de pipérine à 2 g de curcumine a provoqué une augmentation de l'absorption de la curcumine de 2000 %.
Toutefois, des travaux plus récents ont également montré que la pipérine augmentait la perméabilité intestinale, ce qui peut être un problème pour les plus sensibles. Dans une revue très documentée sur les bienfaits de la curcumine, l’Institut Européen de Physionutrition et de Phytothérapie, propose une alternative: “Chez les personnes souffrant d’hyperperméabilité intestinale, le choix peut se porter sur un autre booster de biodisponibilité : le gingembre.” N’hésitez donc pas à parsemer vos plats de curcuma, de gingembre et (d’une pincée) de poivre pour bénéficier de tous les atouts de cette super épice anti-inflammatoire !
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*https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22407780/