Une structure s’ouvre à Paris, et bientôt en régions, pour mieux suivre et soigner les plus de 4 millions de diabétiques français !
Medisite : A quoi ressemble ce pôle Diabet’ novateur qui vient de s'ouvrir à Paris ?
Eliott Hergat, médecin et fondateur de Diabet' : C’est la première structure de ce type en France et même en Europe ! Cette structure est spécialisée pour les patients diabétiques, elle propose un exercice coordonné entre l’intégralité des médecins et des soignants paramédicaux qui interviennent dans la prise en charge et les complications du diabète, sans surcoût pour les patients car les praticiens exercent en secteur 1 ou 2, comme ils le feraient dans leurs cabinets en ville. Les premières consultations ont lieu ce mois de novembre, et nous envisageons l’ouverture d’autres pôles dans Paris puis en régions dans les années à venir.
On y retrouve donc de la médecine générale, de la diabétologie, de la cardiologie, de la néphrologie, de la médecine vasculaire, de l’ophtalmologie, de la médecine nutritionnelle et pour le versant paramédical, infirmier, diététicien, podologue et psychologue. Soit onze spécialités, ce qui permet vraiment de répondre à l’intégralité des besoins en suivi chronique des patients. Car en réalité le parcours de soin du diabète ne se limite pas à la prise en charge du diabète mais aussi de ses complications et du dépistage de ces complications.
Pour prendre un exemple, cela permet d’avoir un plateau technique en ophtalmologie adapté au dépistage précoce de la rétinopathie diabétique et de faire un suivi efficace des patients déjà diagnostiqués qui vont avoir besoin d’un traitement. Dépistage et traitement peuvent être faits sur place, c’est un atout énorme car il y a une grosse carence au niveau de la prise en charge des patients diabétiques en France.
C’est-à-dire ?
Les autorités de santé publiques alertent depuis un moment sur la mauvaise prise en charge du diabète. Plus récemment, un rapport de la Cour des comptes publié en juillet dernier montre à la fois une explosion des coûts sans bénéfices dans la prise en charge. Pourquoi ? Car les recommandations de suivi sont relativement mal appliquées. Par exemple, sur la cardiologie, uniquement 34 % des patients diabétiques ont un suivi cardiologique correctement mené.
Un des freins identifiés est la difficulté de l’accès aux soins mais la fragmentation du parcours est aussi en cause. Il faut savoir qu’un patient diabétique, rien qu’en médecine générale, consulte neuf à treize fois par an son médecin traitant. A cela il faut ajouter a minima, même pour un patient qui n’a pas de complications, une consultation annuelle avec un cardiologue, un ophtalmologue, un podologue et un dentiste. On comprend aisément que très peu de patients ont accès à l’intégralité de ce parcours, surtout quand on sait à quel point il est parfois difficile d'obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialisé.
De plus, de nombreux médecins traitants ne proposent pas ce suivi complet aux diabétiques, par manque d’information le plus souvent.
Pourquoi une prise en charge pluridisciplinaire du diabète dans un même lieu est-elle si intéressante ?
Pour les soignants, la qualité de la prise en charge est optimale, sans perte d’information entre les professionnels, le dossier médical est partagé entre tous les intervenants, les équipes spécifiquement formées, les outils et matériels à disposition ciblés. On a ainsi accès à l'historique complet du patient.
Pour les patients, le gain est immédiat : un meilleur suivi de la maladie et de ses complications, les consultations sont centralisés, les rendez-vous gérés par l’équipe administrative. Pour un public plus âgé, car le diabète est une maladie dont l’incidence augmente avec l’âge, ces difficultés pratiques d'accès aux soins handicapent vraiment le suivi. Elles sont gommées dans le pôle Diabet' et on espère une meilleure observance. A peine 40 % des personnes ayant un diabète de type 2 ont une observance considérée comme bonne, et l’on parle ici uniquement de la prise des médicaments.
Une prise en charge globale permet non seulement une meilleure observance des traitements mais aussi d’avoir une meilleure adhésion des patients car est alors incluse une éducation thérapeutique, qui est essentielle pour contrôler le diabète.
Pour en savoir plus : Pôle Diabet’ (12 rue du Moulin des Prés, Paris 13).