"Les médecins m'ont enlevé la mâchoire" : qu’est-ce que ce cancer rare, dont a survécu Charlotte, la gagnante de The Voice Kids ?
Ce soir-là, le 4 octobre, une adolescente du Pas-de-Calais a fait chavirer le cœur des téléspectateurs. À 15 ans, Charlotte Deseigne s’est avancée sur la scène de The Voice Kids avec la chanson “Si je m’en sors” de Julie Zenatti. En quelques minutes, sa voix claire et habitée a suspendu le temps. Le public comme les coachs ont été bouleversés par la sincérité de son interprétation. À l’issue de la soirée, la lycéenne d’Arras remportait la onzième édition du concours, offrant à son mentor Patrick Fiori une nouvelle victoire. Mais au-delà du talent, c’est l’histoire de Charlotte qui a ému tout un pays.
Car Charlotte n’est pas seulement une voix prometteuse. Elle est aussi une survivante. À seulement huit ans, sa vie bascule. « J'ai eu un cancer de la base du crâne et de la gorge.» Cette année-là, les médecins lui annoncent qu’elle est atteinte d’un rhabdomyosarcome, une tumeur rare qui touche les tissus mous. Ce type de cancer représente environ 5 % des tumeurs solides chez l’enfant et l’adolescent. “Il se manifeste souvent après des semaines d’obstruction nasale, parfois accompagné d’une atteinte osseuse de la base du crâne”, explique l’institut Gustave Roussy dans un communiqué.
Des mois de chimiothérapie et une intervention chirurgicale lourde
La suite du diagnostic se traduit par des mois d'hôpital et de traitements lourds. « J'ai fait de la chimio pendant 15 mois. Après, j’ai subi une grosse opération pour qu'ils enlèvent toute ma tumeur et tout ce qu'elle avait touché. Ils m'ont enlevé la mâchoire, les os qui la constituent et à la place, ils m'ont mis mon grand dorsal, un muscle que j'ai dans le dos, dans le visage, et au niveau de mes côtes. J'avais seulement neuf ans », raconte-t-elle lors d’une interview pour le magazine Télé-Loisirs.
Le courage aide Charlotte à supporter les longues semaines dans un lit d’hôpital. « J'ai pleuré vraiment quand j'ai su que j'allais perdre mes cheveux. Mais sinon, après, je vivais avec ça. Je n'étais pas vraiment effrayée. »
La musique comme refuge
Malgré la douleur et les regards parfois cruels de ses camarades, la petite fille s’accroche. Sa bouée de sauvetage ? Le chant. « Je ne me sens jamais aussi bien que quand je chante », confie-t-elle à Télé-Loisirs . La musique devient son refuge, son moyen de se reconstruire et de reprendre confiance.
En rémission depuis cinq ans, elle avance avec une énergie communicative. « Ma vie est redevenue normale mais je dois quand même faire attention aux sports que je fais pour ne pas me faire mal ou quoi, parce que c'est fragile. Sinon, je vis normalement. »
Son rêve en dehors de la musique : devenir anesthésiste
Charlotte utilise désormais sa voix pour inspirer les autres. « J’ai reçu beaucoup de messages de personnes malades, et pas forcément la même maladie que moi, qui me disaient que je leur redonnais de l’espoir. Et ça me fait vraiment plaisir parce que c’est aussi mon but. Je suis très fière d’être devenue un exemple. Et tous ces gens qui me soutiennent, ça me redonne également encore plus confiance en moi », se réjouit-elle.
En dehors des projecteurs, la jeune fille reste une enfant ordinaire : joyeuse, simple, ancrée dans sa commune de Vitry-en-Artois où elle s’investit dans le conseil municipal des jeunes. « Aujourd'hui, je vais très bien et je vis comme les autres. J’ai encore des rendez-vous à l’hôpital mais c’est que du positif : j’ai une opération de reconstruction prévue pour juillet. Il va y avoir aussi d’autres interventions, mais ce n’est que de la reconstruction. »
Si la musique lui ouvre aujourd’hui les portes d’un rêve, Charlotte garde la tête froide. Elle nourrit aussi une autre vocation : la médecine. « Je veux être anesthésiste pour aider les autres. »