Les enfants de plus en plus touchés par le cancer : 4 pistes pour lutter

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 01/09/2025
nurse plays with her young cancer patient in the wilderness concept of overcoming the disease
Istock
A l’occasion de Septembre en Or, qui met le focus pendant tout le mois sur les cancers pédiatriques, la Ligue contre le cancer dévoile quatre innovations très prometteuses pour lutter contre cette maladie qui tue chaque année des centaines d’enfants. 

Chaque année en France, 2260 enfants et adolescents sont diagnostiqués d’un cancer selon l’Institut national du cancer. “Et 450 en meurent encore, soit dans 20 % des cas, précise l’APHP (Assistance publique Hôpitaux de Paris). C’est un enfant sur 440 qui développe un cancer avant l'âge de 15 ans en France et le nombre de cancers des enfants augmente de 1 à 2 % par an en Europe, depuis 30 ans”. Le cancer reste à ce jour la première cause de décès par maladie chez les moins de 20 ans. Avec de grandes disparités dans les chances de survie en fonction du type de cancer et souvent, même quand l’issue est favorable, des vies marquées au fer rouge, les séquelles étant courantes chez les enfants et les adolescents traités pour un cancer. 

Les enfants : grands perdants de la recherche contre le cancer ? 

Autre complication : la recherche est moins active quand il s’agit de cancers chez les plus jeunes. “Les cancers pédiatriques sont un véritable défi pour la recherche car ils représentent une multitude de maladies rares et hétérogènes, explique ainsi l’APHP. Ils présentent par ailleurs des caractéristiques propres, ne se retrouvant pas nécessairement dans les tumeurs de l’adulte, pourtant la recherche en cancérologie est essentiellement axée sur les cancers des adultes.” C’est pourquoi Ligue contre le cancer a décidé de soutenir des projets qui ciblent les cancers pédiatriques, et en détaillent quatre, majeurs, à l’occasion de cette édition 2025 de Septembre en Or : la plus grande bio-banque de tumeurs du cerveau au monde, le blocage d’une protéine à laquelle certaines tumeurs sont dépendantes, un embryon de poule qui permet de « simuler » le développement de cancers prénataux, ou l’espoir de la cryoconservation des tissus testiculaires, une nouvelle technique pour préserver la fertilité des garçons prépubères chez qui le prélèvement de spermatozoïdes est impossible.

Tumeurs du cerveau : deux avancées majeures pour mieux guérir

Les tumeurs du système nerveux central (cerveau, méninges, etc) sont les tumeurs solides les plus fréquentes chez l’enfant. Parmi elle, le médulloblastome est la tumeur du cerveau la plus courante, elle se développe au niveau du cervelet, à l’arrière du crâne. 

La Ligue contre le cancer soutient deux projets novateurs dans la recherche de cette tumeur. Une équipe parisienne s’est attachée à recueillir la plus “grande bio-banque au monde de médullobastomes”, avec près de 400 échantillons de tissus différents.  

Une première mondiale qui lui permet d’étudier avec précision les quatre sous-types de médulloblastomes (appelés « WNT », « SHH », « G3 » et« G4 ») : leurs gènes, leurs protéines et leur métabolisme”, expliquent les chercheurs. A terme, cette base de données pourrait permettre de détecter les “faiblesses” des cellules cancéreuses et les cibler pour mieux traiter la maladie.

C’est aussi pour traiter la maladie qu’une autre équipe parisienne s’intéresse de très près à une protéine, la nétrine-1 qui joue un rôle capital dans le développement des médulloblastomes. Leur piste : piéger la nétrine-1 grâce à un anticorps spécialement

conçu, ce qui en priverait les cellules cancéreuses et arrêterait leur développement.Déjà évalué chez l’adulte pour le traitement de cancers avancés, le blocage de la nétrine-1, seul ou en association avec d'autres traitements, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques”, indique le communiqué de presse de la Ligue contre le cancer. 

Détecter les cellules tumorales avant la naissance, c'est possible grâce à la poule ! 

Un cancer pédiatrique sur deux trouve son origine avant la naissance, parfois dès le premier trimestre de grossesse. Mais il est difficile d’étudier leur développement sur l’embryon humain. Une chercheuse a donc mis au point et breveté un modèle in vivo aussi performant qu'inattendu : l’embryon de poule.

En combinant l’embryologie expérimentale, l’étude des gènes et des techniques d’imagerie de pointe, les chercheurs peuvent ainsi prédire le devenir des cellules à l’échelle de l’embryon entier. Leurs résultats permettraient d’atteindre spécifiquement les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines”, détaille la Ligue contre le cancer. 

Conserver la fertilité des jeunes garçons atteints de cancer : une avancée majeure pour la qualité de vie post-cancer

Les traitements anti-cancers chez l'enfant et l’dolescent sont souvent assortis de séquelles sur le long terme. “L’altération de la fertilité constitue l’une des séquelles les plus lourdes sur la qualité de vie” insiste la Ligue contre le cancer, car contrairement aux adultes, le recueil de spermatozoïdes est impossible chez les garçons prépubères (avant une douzaine d’années). Dans ces conditions, cette nouvelle technique, encore expérimentale, pourrait révolutionner les choses : il s’agit de prélever de petits fragments de testicule et les conserver à une température de -196 °C afin de pouvoir être utilisés si le patient, devenu adulte, est stérile. 

 

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