Les Américains mettent au point un nouveau vaccin révolutionnaire pour lutter contre les infections résistantes
Une personne hospitalisée sur dix-huit attrape une infection nosocomiale à l’hôpital selon les derniers chiffres de l’enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissement de santé (ENP), menée en France tous les cinq ans depuis 1990. Une augmentation de près de 15 % entre 2017 et 2022, avec toutefois des disparités en fonction des établissements de santé : le nombre de personnes contaminées est plus élevé dans les centres de lutte contre le cancer (15,81%) et les CHR/CHU (8,58%), les services de réanimation (23,17%) et les services de médecine (6,84%). Sachant que dans les services de médecine, se trouvent des patients “présentant un risque accru de complications infectieuses : âge supérieur à 65 ans, état de santé (affection engageant le pronostic vital, statut immunitaire et affection maligne), intervention chirurgicale ou exposition à des dispositifs invasifs”, détaille Santé publique France.
Les infections nosocomiales ont bondi de 15 % entre 2017 et 2022.
Autres sujets d’inquiétudes : la résistance des bactéries aux traitements actuels (les antibiotiques notamment)de plus en plus forte, ce qui complique nettement la prise en charge et les chances de guérison et l’émergence de “nouvelles” bactéries en Europe, dont le Candidozyma auris dont nous vous avions parlé il y a quelques semaines.
On peut donc assez facilement imaginer que dans ces conditions, l’arrivée d’un vaccin qui pourrait prévenir ce type d’infection est une avancée scientifique majeure.
Un vaccin pour lutter contre les infections nosocomiales ? Une avancée thérapeutique majeure !
Les travaux d’une équipe de virologues et de vaccinologues de l’Université de Californie du Sud aux Etats-Unis, publiés dans le numéro de Science Translational Medicine de ce mois-ci pourraient bientôt révolutionner l’approche des infections nosocomiales. Un vaccin expérimental, testé chez la souris, fait en effet ses preuves d’efficacité contre plusieurs infections connues pour être résistantes aux antibiotiques.
“Nous avons développé un vaccin sans protéines, composé d'hydroxyde d'aluminium, de lipide A monophosphorylé et de mannane fongique, qui a amélioré la survie et réduit la charge bactérienne chez des souris atteintes d'infections invasives du sang ou des poumons causées par Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, Enterococcus faecalis résistant à la vancomycine, Escherichia coli productrice de bêta-lactamase à spectre étendu et des souches d' Acinetobacter baumannii , de Klebsiella pneumoniae et de Pseudomonas aeruginosa résistantes aux carbapénèmes”, détaillent les chercheurs. Ce vaccin qui stimule le système immunitaire inné et confère une protection contre plusieurs pathogènes nosocomiaux courants se révèle aussi intéressant pour lutter contre deux autres souches bactériennes : Rhizopus delemar et Candida albicans.
Bactéries résistantes : quels sont les points forts de ce nouveau vaccin ?
Ce vaccin pourrait être administré juste avant ou dans les premières heures qui suivent l’arrivée dans un établissement de santé, de manière à protéger les patients des bactéries mortelles particulièrement présentes à l’hôpital aujourd’hui. Car le vaccin agit en 24 heures et reste efficace jusqu’à 28 jours.
De plus, ce vaccin ne contient que trois ingrédients, dont deux sont déjà utilisés dans les vaccins approuvés par l’Agence du médicament américain (FDA). “Le troisième composant est un minuscule morceau de la surface d’un champignon que l’on trouve couramment sur la peau humaine”, précise Santé Log, qui relaie la découverte.
Un brevet a déjà été déposé aux Etats-Unis.
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Jun Yan et al., A protein-free vaccine stimulates innate immunity and protects against nosocomial pathogens.Sci. Transl. Med.15,eadf9556(2023).DOI:10.1126/scitranslmed.adf9556