Un rapport alerte sur la propagation de ce champignon mortel dans les hôpitaux
Ce champignon résistant circule activement dans les établissements de santé de toute l'Union européenne, avec une augmentation des cas marquée ces dernières années. Et cela inquiète (à raison) tous les professionnels du secteur.
Candidozyma auris : un champignon hautement contagieux ?
Le Candidozyma auris fait partie de ces infections nosocomiales qui sont prises très au sérieux, car sa capacité à circuler rapidement le rend particulièrement dangereux, en particulier pour les malades les plus faibles, ceux qui sortent d’une opération chirurgicale lourde.
“Il est souvent résistant aux antifongiques et peut provoquer des infections graves chez les patients gravement malades, indique le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Sa capacité à persister sur différentes surfaces et équipements médicaux, ainsi qu'à se propager d'un patient à l'autre, le rend particulièrement difficile à contrôler.”
Le champignon peut ainsi survivre puis se transmettre depuis les ustensiles de soins mais aussi les meubles, le linge ou même la peau. Car en plus d’être souvent résistants aux fluconazoles, voire à plusieurs classes d’antifongiques, utilisés comme traitement de première ligne en cas d’infection, la littérature scientifique rapporte également des résistances aux produits de désinfection.
L’ECDC estime qu‘il conduit au décès dans 29 à 50 % des cas chez les personnes l’ayant contracté lors d’une hospitalisation.
Infections à candidature : pourquoi les autorités européennes sonnent l’alerte ?
Les infections à candida, qu'elles soient contractées à l’hôpital ou ailleurs, sont en recrudescence constante et inquiètent surtout car elles deviennent de plus en plus résistantes aux traitements dont nous disposons actuellement.
A tel point que plusieurs sociétés savantes comme l’ECMM (Confédération européenne de mycologie médicale), l’ISHAM (Société internationale de mycologie humaine et animale) et la l’ASM (Société américaine de microbiologie) recommandent aujourd’hui de nouvelles dispositions pour faire face à cette “épidémie” (nous vous en avions parlé ici).
Concernant plus précisément Candidozyma auris, des épidémies récentes ont été signalées à Chypre, en France et en Allemagne, tandis que la Grèce, l'Italie, la Roumanie et l'Espagne “ont indiqué ne plus être en mesure de distinguer les épidémies spécifiques en raison d'une large diffusion régionale ou nationale, précise encore l’ECDC. Dans plusieurs de ces pays, une transmission locale soutenue s'est produite quelques années seulement après le premier cas documenté, mettant en évidence une période critique pour des interventions précoces visant à enrayer la propagation.”
Les hôpitaux Français sont-ils armés pour faire face ?
La situation en France n’est pas comparable à celle d’autres pays européens (l’Allemagne ou la Grèce par exemple, durement touchés). Toutefois, les autorités prennent ce problème très au sérieux, compte tenu de tout ce qui a été écrit plus haut.
Ainsi, le dépistage de certains patients à risque (venant de pays exposés notamment) est la solution mise en place depuis quelques années.
"Le but, c'est qu'on sache tout de suite si un patient est colonisé, de sorte à ce qu’il soit isolé pour que personne d'autre ne risque de se contaminer", avait ainsi expliqué Fanny Lanternier , responsable du Centre national de référence (CNR) des mycoses invasives et antifongiques, lors d’un point presse en septembre 2023, précisant que depuis la mise en place de ce dépistage, "aucun patient" n'avait encore été détecté comme porteur du champignon.