L’endroit où vous vivez pourrait influencer la santé de votre cerveau
Le choix de son lieu de vie impacte bien plus que la vie sociale. Une étude, publiée le 15 octobre 2025 dans la revue scientifique Alzheimer’s & Dementia: Behavior & Socioeconomics of Aging et menée par les chercheurs de la Wake Forest University School of Medicine, établit un lien entre l’environnement du quartier et la santé cérébrale, notamment le risque de démence. De quoi réfléchir à deux fois avant de poser ses valises quelque part.
Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont analysé les données de 679 adultes inscrits à l’étude « Healthy Brain Study ». Chaque participant a passé un scanner cérébral et des prises de sang pour détecter des signes précoces de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences. Ensuite, les résultats ont été comparés à trois indices mesurant les conditions de vie dans le quartier.
Les quartiers vulnérables, un facteur biologique
Sans surprise, les zones les plus défavorisées, caractérisées par une plus grande vulnérabilité sociale, des désavantages économiques et des injustices environnementales, sont les plus touchées. Leurs habitants présentent des marqueurs biologiques de démence tels qu’un cortex plus mince, des modifications de la matière blanche, un flux sanguin réduit et une circulation moins régulière dans le cerveau.
Autrement dit, ce ne sont pas seulement les habitudes individuelles qui comptent, mais aussi l’environnement social et physique qui gravite autour. « Cette étude est l'une des premières à établir un lien entre divers facteurs sociaux liés au lieu de résidence et des marqueurs biologiques avancés de la démence », explique dans un communiqué le professeur Sudarshan Krishnamurthy, auteur principal.
Des différences selon l’origine ethnique
Autre point important : les différences selon l’origine ethnique. « Des scores plus élevés sur ces indices étaient liés à des changements dans les biomarqueurs liés à la démence, en particulier parmi les participants noirs dont les quartiers ont connu le plus de fardeau des déterminants sociaux. Ces biomarqueurs comprenaient une couche externe plus mince du cerveau, des changements de la substance blanche représentant les maladies vasculaires, une réduction du flux sanguin et une circulation plus inégale, ce qui peut contribuer à la perte de mémoire et au déclin cognitif au fil du temps », précisent les auteurs dans un communiqué de presse.
L’environnement plus fort que les choix individuels
Cette étude montre que l’environnement joue un rôle sous-estimé. « Les conditions dans lesquels vivent les gens, comme l’accès à l’air pur, à un logement sûr, à une nourriture nutritive et à des opportunités économiques, peuvent laisser une empreinte durable sur la santé du cerveau », explique le Dr Krishnamurthy. « Si nous voulons vraiment améliorer la santé cérébrale dans toutes les communautés, nous devons aller au-delà des choix individuels et nous concentrer sur les systèmes et les structures plus larges qui façonnent la santé au niveau des quartiers », ajoute-t-il.
Limites et perspectives
Les auteurs soulignent toutefois certaines limites. « Il est nécessaire de procéder à d'autres reproductions avant de tirer des conclusions définitives. » L’étude n’a pas non plus pu mesurer l’impact de l’exposition tout au long de la vie aux déterminants de santé liés au lieu de vie, notamment pendant l’enfance.
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https://alz-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bsa3.70030