Le froid augmente le risque d’AVC et d’infarctus : comment prévenir ?

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 21/11/2025
infarctus froid
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Les températures ont brutalement chuté cette semaine, et la neige s’invite même en plaine ! Mais le froid peut avoir une conséquence très inattendue sur notre santé et plus particulièrement notre cœur et augmenter le risque d’AVC et d’infarctus. Explications.

Chaque hiver, une erreur simple à l'approche du froid met notre cœur à rude épreuve : l'exposition brusque aux basses températures, souvent associée à un effort soudain. La Fédération Française de cardiologie rappelle ainsi que “chaque réduction de température de 1°C est associée à une élévation de 2% du risque d’infarctus du myocarde dans les 4 semaines qui suivent, les périodes les plus à risque étant les 2 premières semaines”. Comment l’expliquer ? En cas de températures basses, le réflexe de l'organisme, la vasoconstriction, augmente brutalement la pression artérielle et le travail cardiaque. Avec un risque alors amplifié d'infarctus et d'AVC, surtout après la cinquantaine.

Le choc thermique : un mécanisme de défense qui se retourne contre le cœur

Face à une baisse de température, le corps humain réagit instantanément pour préserver sa chaleur interne. Les capteurs thermiques de la peau alertent le système nerveux, qui déclenche un mécanisme de défense appelé vasoconstriction. Les vaisseaux sanguins, en particulier ceux des extrémités, se resserrent pour limiter la déperdition de chaleur et rediriger le sang vers les organes vitaux. Si cette réaction est efficace pour lutter contre l'hypothermie, elle a des conséquences directes sur le système cardiovasculaire.

Pourquoi ? Parce que ce rétrécissement des artères augmente la résistance contre laquelle le cœur doit pomper le sang. Pour maintenir la circulation, il est contraint de travailler plus intensément, ce qui entraîne une hausse de la fréquence cardiaque et une augmentation de la tension artérielle en hiver. La pression systolique peut ainsi grimper de 5 à 30 mmHg. Cette surcharge de travail accroît les besoins en oxygène du muscle cardiaque. La vasoconstriction présente donc des risques cardiaques en hiver, surtout chez les personnes fragiles.

Infarctus et AVC : quand le froid s'attaque aux artères

Cette pression accrue sur le système circulatoire n'est pas sans danger. Le resserrement des artères coronaires peut favoriser la formation d'un caillot sanguin, ou thrombose, et potentiellement provoquer la rupture d'une plaque d'athérome, obstruant ainsi l'apport de sang au cœur. Le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) est également majoré. L'hypertension artérielle induite par le froid est un facteur de risque majeur d'AVC. De plus, les basses températures ont tendance à rendre le sang plus visqueux et à favoriser l'agrégation des plaquettes, augmentant la probabilité qu'un caillot se forme et bloque une artère cérébrale. Le danger est décuplé lorsqu'un effort physique intense et soudain est associé à l'exposition au froid, comme déneiger sa voiture. Pour une personne sensible, une simple marche rapide par temps glacial peut représenter une demande cardiaque équivalente à un sprint.

Pourquoi les plus de 50 ans sont-ils plus vulnérables ?

Le danger du froid pour le cœur après 50 ans s'explique par plusieurs facteurs. Avec l'âge, l'organisme perd une partie de sa capacité à s'adapter rapidement aux variations de température. Les mécanismes de régulation thermique deviennent moins efficaces, rendant le corps plus sensible au choc du froid. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée chez les personnes de plus de 70 ans.

De plus, les seniors sont plus susceptibles de présenter des facteurs de risque cardiovasculaire préexistants. Les personnes souffrant d'hypertension artérielle, de diabète, d'insuffisance cardiaque ou ayant déjà des antécédents d'infarctus ou d'AVC voient leur risque considérablement augmenter en hiver. Pour eux, la surcharge de travail imposée au cœur par le froid peut suffire à déstabiliser un équilibre déjà précaire. Le vent, en accentuant la sensation de froid, aggrave encore un peu plus ce phénomène.

Prévention : les gestes simples pour se protéger du froid

Heureusement, il existe des conseils simples pour protéger son cœur du grand froid. La première règle est de bien se couvrir, en adoptant la technique des couches multiples. Superposer plusieurs vêtements fins isole mieux qu'un seul vêtement épais. Il est impératif de protéger les extrémités, par lesquelles s'échappe une grande partie de la chaleur corporelle : le port d'un bonnet ou d’une casquette, de gants et de chaussettes chaudes est indispensable.

Pour éviter un infarctus lié à un effort dans le froid, toute activité physique intense doit être précédée d'une période d'acclimatation et d'échauffement. Sortir quelques minutes avant de commencer à déneiger ou à marcher rapidement permet au corps d'adapter sa réponse cardiovasculaire. Enfin, il faut penser à bien s'hydrater. La sensation de soif diminue par temps froid, ce qui favorise la déshydratation, épaissit le sang et demande un effort supplémentaire au cœur.

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