Genou usé, douleurs persistantes : quand la prothèse devient la solution

Publié par Elodie Vaz
le 19/12/2025
Arthrose du genou
Istock
Douleurs, raideur, perte de mobilité… Quand l’arthrose du genou progresse malgré les traitements, la prothèse s’impose. Une chirurgie en pleine révolution technologique.

C’est une douleur que beaucoup finissent par considérer comme « normale » avec l’âge. Pourtant, lorsque l’arthrose du genou s’installe, elle peut devenir un véritable handicap. Cette maladie, appelée gonarthrose, correspond à une usure progressive du cartilage entre le fémur et le tibia, parfois aussi au niveau de la rotule. “Elle évolue par cycles, alternant des phases supportables et des poussées douloureuses aiguës, avec inflammation et perte de mobilité”, explique le Dr Argenson Jean-Noël, chirurgien orthopédique lors d’une conférence de presse de l’Académie de chirurgie le 10 décembre 2025. Et chez certains patients, un cap est franchi : celui de la chirurgie prothétique.

La gonarthrose touche un genou ou les deux, de façon simultanée ou décalée. Elle débute par une dégradation du cartilage, avant d’atteindre peu à peu l’ensemble de l’articulation : membrane synoviale, os situé sous le cartilage, et structures voisines. “Parce que le genou supporte le poids du corps, comme la hanche, cette arthrose est le plus souvent invalidante. Marcher, monter des escaliers, se lever d’une chaise deviennent des épreuves du quotidien”, souligne le Dr Argenson.

Tous les genoux arthrosiques ne se ressemblent pas

Toutes les arthroses du genou ne se ressemblent pas. Dans près d’un cas sur deux, l’atteinte concerne l’articulation fémoro-tibiale, le plus souvent du côté interne, parfois favorisée par une déviation de l’axe de la jambe. “Dans 35 % des cas, c’est l’articulation fémoro-patellaire qui est touchée, souvent chez des personnes plus jeunes, après un traumatisme ou en lien avec une instabilité de la rotule”, indique Ameli.fr sur leur site. Les deux localisations peuvent aussi coexister.

Lorsque la maladie progresse et que les radiographies montrent un contact « os contre os », malgré les traitements médicaux et locaux, la question de la prothèse se pose. En moyenne, les patients concernés ont autour de 65 ans. Un âge où les attentes ont changé. “Aujourd’hui, les patients n’aspirent plus seulement à avoir moins mal, mais à reprendre des activités physiques, parfois sportives”, ajoute le Dr Bouguennec Nicolas, chirurgien orthopédique lors de la conférence de presse. Une exigence nouvelle, qui impose un dialogue étroit avec le chirurgien, car certaines pratiques peuvent accélérer l’usure de la prothèse.

Prothèse partielle ou totale : un choix au cas par cas

La chirurgie du genou a toutefois beaucoup évolué. Les matériaux prothétiques se sont améliorés, tout comme la prise en charge autour de l’opération : meilleure gestion de la douleur, limitation des pertes sanguines, récupération plus rapide après l’intervention. Le choix de la prothèse dépend d’une analyse fine de la déformation du genou et du degré d’usure dans chacun de ses trois compartiments. Lorsque l’arthrose est limitée à un seul compartiment, une prothèse partielle peut suffire. Elle permet souvent d’obtenir un genou « proche du genou oublié », grâce à des techniques qui conservent le pivot central.

Chirurgie du genou : l’ère du sur-mesure et de la robotique

Quand plusieurs compartiments sont touchés, la prothèse totale du genou s’impose. Là encore, les progrès sont présents : dessins de plus en plus personnalisés, aides à la pose par navigation ou robotique, planification numérique plus précise. Le suivi des patients se transforme lui aussi."Les capteurs inertiels, les plateformes de saut et les solutions d’IA appliquées à la vidéo offrent une quantification simple et reproductible de la fonction réelle du genou", explique le Dr Bouguennec.

La chirurgie du genou entre ainsi dans l’ère du « genou 4.0 ». “L’arrivée simultanée de l’imagerie avancée, de la biomécanique de terrain et de l’intelligence artificielle redéfinit la manière dont nous diagnostiquons, planifions et suivons nos patients”, explique le Dr Bouguennec. Une médecine plus connectée, plus précise, mais qui rappelle une réalité essentielle. La prothèse n’est pas une fin en soi. Elle s’inscrit dans un parcours global, où les attentes du patient, la technologie et l’accompagnement médical doivent avancer de concert.

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Conférence de presse le 10 décembre à l'Académie de chirurgie à Paris 

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/arthrose-genou/definition-facteurs-favorisants 

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