Diabète : des cellules de l’estomac pourraient bientôt produire de l’insuline

Publié par Elodie Vaz
le 15/11/2025
Diabète de type 1
Istock
Des chercheurs sont parvenus à transformer des cellules de l’estomac humain pour qu’elles produisent de l’insuline. Une avancée spectaculaire qui pourrait, un jour, libérer les diabétiques des injections à vie.
 

Et si l’estomac devenait une fabrique à insuline ? C’est le pari audacieux de chercheurs américains et chinois qui viennent de publier une étude le 6 novembre 2025 dans la revue Stem Cell Reports. Leur idée : transformer des cellules de l’estomac humain en cellules capables de produire de l’insuline, l’hormone vitale manquante chez les personnes atteintes de diabète de type 1.

Cette maladie chronique, qui touche environ 9,5 millions de personnes dans le monde, résulte d’une destruction des cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline. Sans cette hormone, le glucose s’accumule dans le sang, provoquant à long terme de graves complications : atteintes rénales, oculaires, cardiovasculaires… 

Aujourd’hui, les patients doivent se piquer à vie pour réguler leur glycémie. Mais la recherche explore des alternatives plus durables, comme la régénération de cellules bêta à partir d’autres types de cellules du corps.

Des souris diabétiques guéries grâce à des cellules humaines

C’est précisément cette voie qu’explorent les Dr Xiaofeng Huang, chercheur à la Weill Cornell Medicine (États-Unis), et Qing Xia, de l’université de Pékin. Ils avaient déjà réussi, chez la souris, à reprogrammer des cellules de l’estomac en cellules pancréatiques productrices d’insuline. Cette fois, ils ont voulu savoir si le même tour de magie cellulaire pouvait être réalisé avec des cellules humaines.

Pour cela, les scientifiques ont créé en laboratoire des organoïdes gastriques humains (de minuscules structures qui imitent le fonctionnement de l’estomac). Ces organoïdes ont été modifiés génétiquement afin d’y insérer un “interrupteur génétique”. Une fois activé, ce commutateur déclenche la transformation des cellules gastriques en cellules bêta pancréatiques.

Vers une médecine régénérative personnalisée ?

Les chercheurs ont ensuite transplanté ces organoïdes dans la cavité abdominale de souris. Pendant six mois, ces micro-estomacs ont survécu, mûri et formé des connexions avec les tissus et les vaisseaux sanguins environnants. Puis, au moment d’actionner l’interrupteur, la métamorphose a eu lieu : les cellules gastriques humaines ont commencé à sécréter de l’insuline, imitant le comportement des cellules pancréatiques naturelles.

Mieux encore, chez des souris diabétiques, cette insuline produite par les cellules humaines a permis de faire baisser le taux de sucre dans le sang et d’améliorer significativement leur état. “C’est la première fois qu’on démontre qu’il est possible de convertir des cellules de l’estomac humain en cellules productrices d’insuline à l’intérieur d’un organisme vivant”, souligne dans un communiqué de presse, le Dr Xiaofeng Huang.

Un espoir, mais encore des étapes avant les essais sur les humains

Une avancée qui ouvre la voie à une stratégie thérapeutique inédite : utiliser les propres cellules du patient pour régénérer sa production d’insuline. “L’idée serait de prélever des cellules gastriques du malade, de les reprogrammer, puis de les réimplanter pour qu’elles assurent la production d’insuline”, explique le chercheur.

Cette approche aurait un avantage majeur : éviter le rejet immunitaire, car les cellules viendraient du patient lui-même, contrairement aux greffes de pancréas ou d’îlots de Langerhans, souvent rejetées par le système immunitaire.

Mais les scientifiques appellent à la prudence. Ces résultats, bien que spectaculaires, restent préliminaires. “Il faut maintenant confirmer la sécurité et l’efficacité de cette méthode chez l’homme avant d’envisager des essais cliniques”, prévient le Dr Qing Xia.

Les prochaines étapes consisteront à tester cette technique sur des modèles animaux plus proches de l’humain et à vérifier la stabilité à long terme des cellules transformées. En attendant, cette étude redonne un souffle d’espoir aux millions de diabétiques qui rêvent du jour où les injections d’insuline appartiendront au passé.

 

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