Lorsque les températures s’envolent, que l’air devient irrespirable et que le bitume semble fondre sous les pieds, il est tentant de se ruer sur le premier ventilateur venu ou de boire de l’eau glacée à grandes gorgées. Mais est-ce vraiment efficace, voire sans danger, quand on a 60, 70 ou 80 ans ? Pas forcément. Car avec l’âge, le corps réagit différemment aux fortes chaleurs. Et certaines habitudes, pourtant bien ancrées, peuvent se révéler inefficaces, voire contre-productives.
Les ventilateurs ne suffisent pas toujours : pourquoi vous devez être prudents
C’est un geste automatique pour beaucoup : dès qu’il fait chaud, on branche le ventilateur. Pourtant, plusieurs études pointent les limites, voire les dangers de ce réflexe chez les personnes âgées. Une recherche publiée dans Science Newsen 2023 met en évidence que les ventilateurs domestiques peuvent être inefficaces, voire risqués, en cas de canicule chez les seniors. Contrairement aux jeunes adultes, les personnes de plus de 65 ans transpirent moins et leur cœur réagit plus lentement à la montée de la température corporelle. Résultat : le flux d’air brassé par un ventilateur ne suffit pas à évacuer la chaleur.
Une autre étude de l’université Griffith (Australie), publiée en février 2025, confirme cette observation : chez les seniors, utiliser un ventilateur par temps de canicule (au-delà de 37-38°C) peut même aggraver la situation. Pourquoi ? Parce que le corps peine à se refroidir par la sueur, et le ventilateur brasse simplement de l’air chaud, qui peut favoriser la déshydratation et épuiser l’organisme.
Autrement dit, un ventilateur, oui, mais à condition que la température ambiante ne dépasse pas un certain seuil, idéalement 32 à 33°C. Au-delà, mieux vaut se tourner vers d'autres solutions.
Climatiseur : un allié plus fiable, à condition de l’utiliser intelligemment
Face à ces limites, le climatiseur apparaît comme une solution plus efficace pour les seniors. Une méta-analyse publiée dans Environmental Health Perspectives souligne que l’air conditionné réduit nettement les risques de coup de chaleuret de décompensation chez les personnes âgées. En particulier, une température intérieure maintenue entre 23 et 26°Cpermet de soulager le cœur, de limiter la perte en eau et de stabiliser la pression artérielle.
Mais attention : il ne s’agit pas de se transformer en glaçon ! Une différence de plus de 7 à 8°C entre l’intérieur et l’extérieur peut provoquer des chocs thermiques, des douleurs articulaires ou des maux de gorge. La bonne stratégie consiste à régler le climatiseur sur une température modérée, sans viser un froid polaire.
Et si vous n’avez pas de climatisation ? Rendez-vous dans un espace public climatisé : médiathèque, centre commercial, cinéma, au moins deux heures par jour pendant les épisodes de forte chaleur. Cela suffit souvent à "casser" le pic thermique pour le corps.
L’hydratation : la clé, mais pas n’importe comment
On ne le répétera jamais assez : à partir de 60 ans, le corps perd sa capacité à ressentir la soif. Autrement dit, attendre d’avoir soif pour boire, c’est déjà trop tard. L’idéal est de boire régulièrement tout au long de la journée, même sans sensation particulière. Mais là aussi, quelques idées reçues circulent.
Boire de l’eau très froide, par exemple, n’est pas une bonne idée. Selon une étude publiée dans le Journal of Applied Physiology, l’eau glacée provoque une vasoconstriction des vaisseaux sanguins, ce qui complique encore plus la régulation thermique. Mieux vaut privilégier une eau fraîche, entre 12 et 15°C, voire à température ambiante.
Côté quantités, on recommande entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour en période de chaleur, en privilégiant l’eau plate. Le thé, les tisanes ou les bouillons peuvent aussi compléter. En revanche, évitez les boissons alcoolisées ou trop sucrées, qui déshydratent davantage qu’elles n’hydratent.
Et si vous avez du mal à boire ? Pensez aux aliments riches en eau : pastèque, melon, concombre, courgette, yaourt… Cela compte aussi dans l’apport hydrique.
D’autres gestes simples mais cruciaux
Rafraîchir le corps sans forcément miser sur des appareils électriques est aussi une piste à suivre. Une étude parue dans Temperature en 2017 démontre que le simple fait de mouiller les avant-bras ou de prendre des douches tièdes permet de faire baisser la température corporelle de manière significative. On peut également humidifier un gant ou une serviette et se tamponner régulièrement le visage, la nuque, les jambes.
Fermer les volets dès le matin, éviter de sortir aux heures les plus chaudes (12h-17h), porter des vêtements amples, en coton clair, et limiter l’activité physique sont autant de réflexes simples mais essentiels
