Covid et grippe : les masques en papier contiennent de nombreuses toxines

Publié par Elodie Vaz
le 16/09/2025
Masque chirurgical
Istock
Image d'illustration
Portés massivement pendant la pandémie, les masques chirurgicaux et FFP libèrent aujourd’hui des microplastiques et des perturbateurs endocriniens. Une étude britannique alerte sur les risques pour la santé humaine et les écosystèmes, appelant à repenser leur fabrication et leur recyclage.

Notre protection d’hier devient notre ennemi d’aujourd’hui. Le masque chirurgical, porté par une grande partie des habitants du globe durant la pandémie de Covid-19, aujourd’hui se décomposent, laissant derrière lui des substances toxiques pour l’homme et l’environnement. Une de plus. C’est le triste constat observé par des chercheurs de l’Université de Coventry au Royaume-Uni dans une étude publiée dans la revue scientifique Environmental Pollution en mars 2024 et diffusée par nos confrères du Guardian le 8 septembre 2025.

 

Pour filtrer virus et bactéries, les fabricants de masques ont recours au polypropylène et à divers plastiques. Or, une étude portugaise de 2020 estimait déjà que plus de 129 milliards de masques jetables étaient utilisés chaque mois dans le monde, la plupart finissant dans la nature. Un héritage désastreux pour le monde terrestre et aquatique. 

Des milliards de masques abandonnés dans la nature : une pluie invisible de microplastiques

Les chercheurs britanniques ont voulu mesurer la quantité de microplastiques relâchés par ces protections. Leur méthode : plonger plusieurs modèles neufs dans 150 ml d’eau purifiée pendant 24 heures, puis filtrer le liquide. Verdict : tous les masques testés ont libéré des microplastiques, mais pas en quantité égale. Les FFP2 et FFP3, courants dans les hôpitaux, en rejettent quatre à six fois plus que les masques chirurgicaux classiques.

Ces derniers, pourtant les plus portés, ne sont pas inoffensifs : un seul masque peut relâcher en moyenne 255 particules. Les scientifiques calculent que rien qu’avec les modèles chirurgicaux, quelque 867 milliards de microplastiques se disperseraient chaque jour dans l’environnement.

« Les tailles des particules de MP (microplastiques, NDLR) variaient considérablement, allant d’environ 10µm à 2082 µm, mais les particules de microplastique inférieures à 100µm étaient prédominantes dans les lixiviats (c’est-à-dire l’eau qui s’infiltre et entraîne avec elle des résidus solides NDLR), écrivent les scientifiques dans le rapport de l’étude. 

Le bisphénol B, perturbateur endocrinien préoccupant

Autre découverte inquiétante : la présence de bisphénol B, un perturbateur endocrinien. Selon l’étude, l’usage massif des masques chirurgicaux relâcherait entre 128 et 214 kg de cette substance chaque jour. Or ces molécules, capables d’imiter ou de bloquer les hormones naturelles, sont déjà omniprésentes dans notre environnement (plastiques, pesticides, dispositifs médicaux) et liées à des risques accrus de cancers, de troubles hormonaux ou d’infertilité.

« Nous ne pouvons ignorer le coût environnemental des masques à usage unique, surtout quand on sait que les microplastiques et les produits chimiques qu’ils libèrent peuvent avoir des effets négatifs sur les populations et les écosystèmes. Cette étude souligne le besoin urgent de repenser la façon dont nous produisons, utilisons et éliminons les masques », alerte Anna Bogush dans les colonnes du Guardian. 

 

 

 

Google News