Heure sieste seniorIstock

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Une petite sieste après le déjeuner ? Il est souvent difficile d’y résister, surtout quand on n’est pas actif. Une large étude menée par l ’Académie américaine de médecine du sommeil, présentée lors du meeting professionnel annuel SLEEP qui s’est tenu début juin à Seattle aux Etats-Unis, a étudié de très près les habitudes de sieste de près de 90 000 personnes (des femmes pour 57 % d’entre elles) dont l’âge moyen était de 63 ans. La cohorte était suivie par actigraphie, un test utilisé en cas de troubles de sommeil et qui analyse précisément les périodes d’éveil et de sommeil sur 24 heures, sachant que l’étude s'est uniquement intéressée aux siestes entre 9 heures et 19 heures.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de cette étude sont surprenants. Certaines habitudes de sieste, très ancrées chez les plus de 50 ans, ont un impact direct sur la santé et même sur la mortalité. Or, les seniors sont justement de plus gros consommateurs de sieste, notamment parce qu’ils sont plus nombreux à souffrir de troubles du sommeil, à être médicamentés, à souffrir de somnolence diurne ou encore à être en manque d’activité physique.

A quel moment de la journée fait-on le plus de sieste ?

Premier point important à retenir de cette étude : les personnes qui s’accordent une petite sieste en journée sont très nombreuses chez les plus de 50 ans !

En analysant les résultats de l'étude sur le sommeil, nous avons été surpris par la fréquence des siestes chez les adultes d'âge moyen à avancé, par la variabilité de leurs habitudes de sommeil diurnes et par le moment de la journée où ils dormaient”, a ainsi déclaré Chenlu Gao, auteur principal et chercheur au Massachusetts General Hospital de Boston.

Deuxième point important, le moment de la journée préféré pour faire une sieste n’est pas nécessairement en début d’après-midi, comme on aurait pu s’y attendre. Les résultats révèlent en effet que :

  • 34 % des siestes ont été faites entre 9 h et 11 h,
  • 10 % entre 11 h et 13 h,
  • 14 % entre 13 h et 15 h,
  • 19 % entre 15 h et 17 h,
  • 22 % entre 17 h et 19 h.

La sieste post-déjeuner : une plaie pour la santé !

Corrélées aux données sur la mortalité récupérées sur une période de 11 ans et ajustées “pour tenir compte de facteurs de confusion potentiels, notamment les données démographiques, l'indice de masse corporelle, le tabagisme, la consommation d'alcool et la durée du sommeil nocturne”, ces nouvelles données renseignent plus précisément sur les types de sieste associées à un risque accru de mortalité. Les chercheurs ont ainsi établi que “les siestes plus longues, une plus grande variabilité de la durée des siestes diurnes et des pourcentages plus élevés de siestes vers midi et en début d'après-midi sont associés à des risques de mortalité plus élevés.

D’autres études avaient déjà mis en avant les effets délétères sur la santé des siestes trop longues. Des travaux chinois* avaient ainsi mis au jour qu’une “durée de sieste plus longue (supérieure à 30 minutes par jour, ndlr) est associée à un risque accru de syndrome métabolique dans une population chinoise plus âgée.

Dans le même ordre d’idée, alors que les siestes courtes (moins de 30 minutes) semblent prévenir déclin et troubles cognitifs, une sieste très longue (supérieure à 120 minutes) produit l’effet inverse, comme le confirme une autre étude américaine de 2019**.

En revanche, nous n’avions jusque-là que peu de données autour des effets de la sieste en fonction de son heure au cours de la journée.

Faut-il donc bannir la sieste ? Non, s’accordent tous les spécialistes. Car la sieste, bien menée, peut aussi avoir un impact positif sur la santé, et notamment réduire le déclin cognitif.

Sieste : les conseils des spécialistes

Pas plus de 20 à 30 minutes, grand maximum. S’il faut retenir un élément déterminant de toutes les études parues sur la question, c’est celui-là ! Ceci est d’autant plus important que l’on avance en âge.

Des études supplémentaires viendront sans doute confirmer ou infirmer si le début d’après-midi est effectivement le pire moment de la journée pour faire une sieste.

Il est intéressant de noter que les données qui montrent les risques associés aux siestes vers midi et en début d’après-midi contredisent ce que nous savons actuellement sur les siestes. Des recherches supplémentaires sur ce lien pourraient donc être justifiées”, a ajouté l'auteur principal de l'étude.

En attendant, ce qui compte autant que la durée ou l’horaire de la sieste, c’est l’hygiène de vie (une alimentation variée et équilibrée couplée à une activité physique régulière) et la qualité du sommeil nocturne.