Pailles en papier : elles contiennent des composes chimiques polluants

Bambou, bois, papier ou encore acier… De nombreuses alternatives aux pailles en plastique jetables se sont multipliées depuis leur interdiction de vente en 2021. Pourtant, toutes ces options qui se prétendent saines pour la santé et l’environnement ne le seraient pas forcément. 

C’est le constat que viennent de faire les chercheurs de l'Université d’Anvers (Belgique) dans une étude publiée le 24 août 2023 dans la revue scientifique Food Additives & Contaminants. Selon les auteurs, les pailles en papier contiendraient des "polluants éternels". 

Pailles végétales : jusqu’à 3 plus de PFAS que dans celles en plastique

Pour cette étude, les chercheurs ont testé 39 marques de pailles fabriquées à partir de 5 matériaux différents :

  • le papier ;
  • le bambou ;
  • le verre ;
  • l’acier inoxydable ; 
  • et le plastique

Les experts ont cherché la présence de PFAS dans ces différents produits. Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), sont des substances aux propriétés chimiques. Le terme PFAS regroupe près de 4 000 composés chimiques. "Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les PFAS sont largement utilisés depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires, etc", détaille l’Anses. Les PFAS contiennent des liaisons carbone-fluor très stables, ce qui fait qu’elles sont très peu dégradables dans l’environnement. C’est de là que leur vient leur surnom de "polluants éternels". 

Ainsi, cela en fait un composé très néfaste pour l’environnement. Mais les risques pour la santé ont également été mis en avant ces dernières années. "Concernant les effets sur la santé, la toxicité de ces composés chimiques est multiple : ils provoquent une augmentation du taux de cholestérol, peuvent entraîner des cancers, causer des effets sur la fertilité et le développement du fœtus", précise l’Anses. 

Dans le cadre de cette nouvelle étude, les scientifiques ont découvert que tous les types de paille contenaient des PFAS, sauf celles en acier inoxydable. Celles qui en contenaient le plus étaient les matériaux d’origine végétale et donc le papier et le bambou. En ce qui concerne les pailles en papier, elles contenaient plus de 3 ng /g contre environ 1 ng /g de PFAS pour les pailles en plastique. Cela équivaut à une présence en PFAS trois fois plus élevée dans les pailles en papier par rapport à celles en plastique. 

Pailles en papier : une mauvaise alternative écologique ? 

Si les industriels ajoutent dans les pailles végétales des PFAS, c'est tout simplement pour les rendre hydrofuges (résistantes à l’eau). "En buvant avec de telles pailles, les humains peuvent ingérer une quantité jusqu’à présent indéterminée de PFAS", préviennent les auteurs. Selon les estimations de l’étude, la quantité reste plutôt faible et ne doit pas inquiéter. 

Pourtant, tout l’intérêt de ces pailles semble disparaître avec ces résultats. En effet, l’objectif est de préserver l’environnement. Or, étant donné que les pailles "vertes" contiennent des polluants, cela devient en quelque sorte contre productif. "Ces pailles "écologiques" à base de plantes ne constituent pas nécessairement une alternative plus durable aux pailles en plastique, car elles peuvent être considérées comme une source supplémentaire d’exposition aux PFAS pour l’homme et l'environnement", expliquent les chercheurs. 

Ainsi, l’alternative la plus durable selon eux reste les pailles en acier inoxydable qui "peuvent être réutilisées, ne contiennent pas de PFAS et peuvent être entièrement recyclées". 

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