Crise cardiaque : ces deux exercices simples limitent le risque de décès selon une étude

Publié par Elodie Vaz
le 14/09/2025
Pathologies cardiaques
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Le syndrome de Takotsubo peut entraîner une insuffisance cardiaque et une crise cardiaque. Sans traitement frappant jusqu'ici, les médecins pensent désormais avoir trouvé la solution.
 

Longtemps considéré comme une curiosité médicale, le syndrome de Takotsubo, plus connu sous le nom de « syndrome du cœur brisé » se révèle bien plus grave qu’on ne le pensait. Cette affection, déclenchée par un stress émotionnel ou physique intense, fragilise brutalement le muscle cardiaque et peut entraîner une insuffisance cardiaque et un décès prématuré. Pourtant, certains comportements peuvent éviter ce scénario. Pour la première fois, un essai clinique international a montré qu’il était possible d’aider ces cœurs brisés à guérir.

Perte d’un proche, choc émotionnel, ou encore accident : ces événements peuvent provoquer l’apparition soudaine du Takotsubo. Les patients présentent souvent les mêmes symptômes qu’une crise cardiaque : douleurs thoraciques, essoufflement, malaise. Si les artères coronaires ne sont pas bouchées, le cœur se déforme en revanche en prenant la forme d’une amphore japonaise « takotsubo », en japonais. Et contrairement à l’idée reçue, cette déformation ne disparaît pas toujours spontanément.

« Le syndrome de Takotsubo entraîne de graves conséquences sur le cœur, qui peuvent ne pas revenir à la normale. Nous savons que les patients peuvent en être affectés à vie et que leur santé cardiaque à long terme est similaire à celle des personnes ayant survécu à une crise cardiaque », explique au média britannique Guardian, le Dr David Gamble, cardiologue à l’Université d’Aberdeen et auteur principal de l’essai.

La première étude mondiale

L’étude, dévoilée au congrès de la Société européenne de cardiologie à Madrid fin août, a recruté 76 patients, dont 91 % de femmes d’âge moyen 66 ans. Tous ont reçu des traitements habituels en cardiologie, mais ont ensuite été répartis en trois groupes : un suivi standard, une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) personnalisée ou un programme d’exercices physiques supervisés (natation, vélo, aérobic, tapis roulant).

Pendant douze semaines, les patients du groupe TCC ont suivi des séances hebdomadaires individuelles, avec la possibilité d’un soutien quotidien. Ceux du groupe « exercice » ont progressivement augmenté la fréquence et l’intensité de leurs entraînements.

Des résultats tangibles sur le cœur et le corps

Grâce à une technique d’imagerie avancée, les chercheurs ont pu mesurer l’énergie disponible pour le muscle cardiaque. Verdict : une amélioration significative s’est observée pour les groupes TCC et celui du programme d’exercices, mais pas pour ceux sous traitements standards.

Les progrès fonctionnels sont également parlants. La distance parcourue en six minutes est passée de 402 à 458 mètres après la TCC, et de 457 à 528 mètres après le programme d’exercices. La consommation maximale d’oxygène (VO2 max), indicateur clé de la condition physique, a augmenté de 15 % dans le premier groupe et de 18 % dans le second.

Ces gains suggèrent une amélioration de la qualité de vie et, potentiellement, une diminution du risque de complications ou de décès prématuré. « Cela montre que la thérapie cognitivo-comportementale ou l'exercice pourraient aider les patients sur le chemin de la guérison. Ces deux interventions sont très rentables, et nous espérons que de nouvelles études permettront de les utiliser pour aider ce groupe défavorisé », souligne le Dr Gamble dans le Guardian.

Une piste prometteuse, mais encore à confirmer

Si l’exercice physique est déjà reconnu comme bénéfique pour de nombreuses pathologies cardiaques, le rôle du mental dans la guérison surprend et ouvre une nouvelle voie. « On ne sera peut-être pas aussi surpris qu'un programme d'exercices physiques ait aidé les patients cardiaques, mais il est fascinant que cette étude ait également montré que la thérapie cognitivo-comportementale améliorait la fonction cardiaque et la condition physique des patients », note le Dr Sonya Babu-Narayan, directrice clinique à la British Heart Foundation, qui a financé l’étude.

Elle nuance toutefois : « Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si ces approches améliorent la survie ou les symptômes à long terme. »

Vers une nouvelle prise en charge ?

Le syndrome du cœur brisé touche principalement les femmes après la ménopause, une population encore trop souvent sous-diagnostiquée. Faute de traitement spécifique, la prise en charge repose jusqu’ici sur le soulagement des symptômes et la surveillance.

En attendant de nouvelles confirmations, ce premier essai contrôlé redonne de l’espoir aux patients. Derrière la métaphore poétique du « cœur brisé », il s’agit bien d’une réalité médicale grave et désormais, peut-être, un peu plus réparable.

 

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