

Avez-vous déjà été témoin ou victime de violences psychologiques ? Il y a de fortes chances que oui, sans même vous en rendre compte. Ce type d’abus est souvent insidieux, prenant des formes variées et subtiles, au point d’être parfois confondu avec des manifestations d’amour.
Qui n’a jamais entendu une phrase comme : « Si j’agis ainsi, c’est parce que je t’aime » ? Cette justification est un exemple typique de manipulation visant à légitimer des comportements abusifs. Selon le ministère de la Justice, « la violence psychologique consiste à utiliser des mots ou des actions pour contrôler quelqu’un, lui faire peur, l’isoler ou lui ôter sa dignité ».
Quelles relations sont les plus concernées par les violences psychologiques ?
Si la violence psychologique est souvent associée aux relations de couple, elle ne s’y limite pas. On la retrouve aussi dans les relations familiales, amicales, professionnelles et même dans certains cadres institutionnels. Son origine repose souvent sur un déséquilibre de pouvoir, rendant certaines personnes plus vulnérables que d’autres.
Les femmes, premières victimes
Les femmes sont les principales victimes de ces violences. D’après l’Observatoire des violences faites aux femmes, 80 % des femmes ayant subi des violences physiques de la part de leur conjoint déclarent avoir également souffert de dommages psychologiques « plutôt importants » ou « très importants ». Même en l’absence de violences physiques, 69 % des femmes victimes de violences psychologiques ou verbales en ressentent des effets graves sur leur bien-être mental et émotionnel.
Les violences psychologiques affectent aussi de manière disproportionnée les minorités, qu’il s’agisse de personnes plus fragiles, comme des personnes en situation de handicap ou d’individus issus de milieux précaires. Ces groupes sont souvent confrontés à des formes spécifiques de manipulation et de contrôle, renforcées par des discriminations systémiques.
Comment se protéger et réagir face aux violences psychologiques ?
Reconnaître la violence psychologique est la première étape pour s’en protéger. Si vous ou un proche êtes concerné, sachez qu’il existe des ressources et des associations pouvant vous aider. Parler à une personne de confiance, consulter un professionnel ou contacter une structure spécialisée peut être une première démarche essentielle. Si vous êtes une femme, vous pouvez par exemple contacter le 3919 (Violences Femmes Info), un service gratuit et anonyme, disponible 24h/24 et 7j/7.
Les violences psychologiques ne doivent jamais être banalisées. Elles laissent des blessures invisibles, mais bien réelles. Il est essentiel d’en parler, de sensibiliser et de soutenir les victimes pour qu’elles puissent reprendre le contrôle de leur vie. Comme nous l’avons dit précédemment, ces violences peuvent prendre différentes formes. Pour aider à les identifier, voici celles que nous retrouvons le plus souvent.
Le contrôle

Le contrôle est un mécanisme où l’agresseur cherche à régir tous les aspects de la vie de la victime : ce qu’elle fait, où elle va, avec qui elle parle, comment elle s’habille… Cela peut se manifester par une surveillance excessive « Envoie-moi une photo pour prouver que tu es bien là », des interdictions « Je ne veux pas que tu voies cette personne » ou une mainmise sur les finances « Donne-moi ton argent, je vais gérer ». Ce contrôle progressif prive la victime de son autonomie et l’empêche d’agir librement.
Le silence punitif

Le silence punitif est une forme de contrôle où l’agresseur ignore volontairement la victime pour la punir. Cela peut aller d’un simple refus de répondre à des messages à une absence totale de communication pendant plusieurs jours. Cette attitude vise à créer un sentiment d’anxiété et de culpabilité chez la victime, qui finit souvent par s’excuser ou céder aux exigences de l’agresseur, même lorsqu’elle n’a rien fait de mal.
Le gaslighting

Le gaslighting est une technique de manipulation qui vise à faire douter une personne de sa propre perception de la réalité. L’agresseur déforme ou nie des faits, minimise les émotions de la victime et la pousse à remettre en question son jugement. Des phrases comme « Tu exagères », « Tu es trop sensible », « Ça ne s’est jamais passé comme ça » sont typiques du gaslighting. À long terme, cela peut engendrer une perte de confiance en soi et une dépendance à l’agresseur pour valider la réalité.
Les menaces déguisées

Contrairement aux menaces explicites, les menaces déguisées sont plus subtiles et laissent une marge d’interprétation, ce qui les rend encore plus déstabilisantes. Elles prennent souvent la forme de sous-entendus inquiétants comme « Fais attention à ce que tu dis », « Si tu me quittes, je ne réponds plus de rien » ou encore « Tu vas voir ce qui arrive aux gens qui font ça ». Ces phrases instillent la peur et le doute, poussant la victime à se conformer aux attentes de l’agresseur.
L’isolement

L’isolement est une stratégie employée pour éloigner la victime de ses proches, de ses amis et parfois même de ses collègues. L’agresseur peut discréditer les relations de la victime en insinuant que ses amis ne sont pas de « bonnes fréquentations » ou qu’ils « l’influencent négativement ». En coupant la victime de son réseau de soutien, il la rend plus vulnérable et plus dépendante.
Les critiques constantes

Les critiques constantes visent à miner l’estime de soi de la victime en la rabaissant régulièrement. Elles peuvent être directes (« Tu es incapable de faire quoi que ce soit de bien ») ou déguisées sous forme d’ironie et de sarcasme (« Je plaisante, mais franchement, tu pourrais faire un effort »). Ce type de violence psychologique peut mener la victime à se sentir incompétente et à douter d’elle-même en permanence.
La manipulation affective

La manipulation affective repose sur l’exploitation des émotions de la victime pour la contrôler. Elle peut prendre la forme de chantage émotionnel (« Si tu m’aimais vraiment, tu ferais ça pour moi »), de victimisation (« Après tout ce que j’ai fait pour toi, c’est comme ça que tu me remercies ? ») ou encore de culpabilisation excessive. L’objectif est de faire en sorte que la victime ressente une responsabilité émotionnelle démesurée dans la relation.