
Le vagabondage mental est un véritable rendez-vous avec soi-même. Que ce soit sur le lieu de travail ou à la maison, ce lâcher-prise permet de se détacher du réel. Et selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’être humain y passe beaucoup de temps. Entre 30 et 50 % de sa journée. Cet esprit qui se perd a longtemps été perçu comme négatif. "Des études montrent que la rêverie peut nuire à l’attention, à la mémoire à court terme dite mémoire de travail, qui permet de mémoriser des données pour les restituer ensuite, ou encore aux performances sur les tâches immédiates", explique dans un communiqué Dezső Németh, responsable de l’équipe Inserm Mémoire. Une théorie qui change de perspective aujourd’hui.
La rêverie diurne pourrait être un moyen de mémorisation
Depuis plusieurs années, l’équipe du professeur Dezső Németh se pose une question : si la rêverie a tant d’inconvénients, pourquoi le cerveau y consacre-t-il autant de temps ? Pour y répondre, 135 volontaires ont été recrutés afin de tester le vagabondage mental durant des tâches d’apprentissage. Sur un écran à quatre fenêtres, des images s’y affichent de façon aléatoire pour les participants. Mais en réalité, leur projection est réfléchie. Les volontaires doivent repérer la fenêtre où l’image s'insère. Au cours de l’exercice, ils sont régulièrement interrompus pour déterminer s’ils restent concentrés ou s’ils ont quelques instants d’égarement.
Sur les 135 volontaires, 117 ont rapporté un vagabondage mental à au moins une reprise. Au total, ces participants ont en moyenne rêvassé pendant presque un tiers du test. "Dans cette étude, la rêverie semble associée à de meilleures capacités d’apprentissage implicite", analyse le Dr Dezső Németh. D'ailleurs, les participants qui ont eu des moments de rêverie présentaient de meilleurs résultats que ceux restés concentrés.
Comment entraîner son cerveau ?
"Il existe différents types de mémoire, contrôlés par des réseaux neuronaux distincts, et certains processus se font de manière inconsciente : nous apprenons sans même le savoir. Le cerveau tente en permanence de décrire et d’analyser des éléments en lien avec ce que nous voyons ou entendons, et cela dans le but de prédire l’avenir", explique Dezső Németh. "Par exemple, lorsque l’on s’entretient avec une personne, le cerveau analyse inconsciemment l’intonation de sa voix, sa façon d’être, les termes qu’elle utilise, ce qui permet de mieux connaître notre interlocuteur pour la suite. De même, quand on entend une nouvelle langue, le cerveau analyse ses sons, ses enchaînements et son rythme pour tenter de la décrypter", ajoute-t-il dans le communiqué.
Ne soyez donc pas affolé par ces moments d'égarements. Ils sont peut-être simplement la première étape d'analyse des informations sans en avoir conscience. Une sorte de rêve éveillé.