Les conseils d’ergothérapeute pour entretenir sa mémoire
La mémoire est bien plus qu’une simple capacité à retenir des informations. Elle structure notre quotidien, permet de reconnaître nos proches, d’organiser nos actions et de construire notre identité. Quand elle commence à faiblir, les répercussions ne sont pas seulement cognitives. Elles touchent aussi l’autonomie, la confiance en soi et les interactions sociales. Les oublis fréquents, la désorientation ou la difficulté à planifier des tâches simples peuvent générer frustration, anxiété, isolement et fatigue, tant pour la personne concernée que pour son entourage.
Dans ce contexte, l’ergothérapeute joue un rôle central. Spécialiste de l’adaptation des activités à la personne et de la stimulation cognitive, il accompagne ceux qui présentent des troubles de la mémoire en identifiant leurs forces et en proposant des exercices personnalisés. Son objectif n’est pas seulement de « faire travailler la mémoire », mais de maintenir l’autonomie de la personne dans la vie quotidienne, de préserver la motivation et de favoriser le bien-être global.
Pour y parvenir, ce spécialiste utilise des activités concrètes comme la lecture, les jeux de mémoire, les activités artistiques ou la création de liens sociaux. L’objectif : stimuler différentes fonctions cognitives de manière ludique.
Pour vous guider pas à pas, nous avons synthétisé 7 conseils concrets d’ergothérapeute pour entretenir la mémoire, stimuler les fonctions cognitives et maintenir l’autonomie, tout en prenant plaisir à chaque activité.
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Pratiquer des exercices cognitifs ciblés
Les ergothérapeutes définissent un « exercice cognitif » comme toute activité qui sollicite une ou plusieurs fonctions cognitives (mémoire, attention, orientation, langage, etc.). Il en existe différentes sortes : se remémorer des souvenirs (évocation) en les détaillant, faire des jeux de mémoire (Memory, jeu de paires), mots croisés, sudoku, Scrabble, échecs, donner une liste d’objets à retenir pendant un temps, puis restituer ce qu’on a mémorisé… « Ces exercices réguliers contribuent à renforcer la plasticité cérébrale et à ralentir la détérioration dans certaines maladies », précise un article sur ergotherapeutes.net.
Lire et, mieux encore, lire à voix haute
La lecture est un outil puissant pour mobiliser l’attention, la concentration, l’imagerie mentale et la mémoire. « On peut demander à un proche de lire un passage à voix haute et suivre la lecture, ce qui stimule l’écoute, la mémoire auditive et le dialogue », souligne le site d’ergothérapie. Cette activité renforce aussi le lien social et permet d’échanger sur ce qui a été lu. « Choisissez des textes qui vous plaisent (nouvelles, extraits littéraires, articles), commencez par des passages courts, puis augmentez progressivement la longueur. »
Intégrer une activité artistique ou manuelle
En ergothérapie, l’activité créative (peinture, poterie, vannerie, mosaïque, couture, travail du bois…) est souvent utilisée comme médiateur entre la matière, la personne et sa culture. « Lorsqu’on fabrique un objet, on manipule une matière, on sollicite des gestes, de la planification, de la créativité, de la mémoire, mais aussi des associations d’idées et des souvenirs personnels », explique Nicolas Renaud, ergothérapeute en psychiatrie, dans un article publié dans la revue L’Autre. L’activité artistique permet de « donner sens » à la matière inerte et de relier la mémoire personnelle à l’espace présent.
Créer du lien et socialiser autour d’activités
Le lien social est un moteur essentiel. Les activités partagées stimulent la mémoire par le dialogue, la stimulation émotionnelle et le rappel collectif. Dans le guide de la Haute Autorité de santé (HAS), pour les personnes atteintes de troubles cognitifs, on encourage à partager des activités utiles et agréables, comme la musique ou une simple conversation. L’activité peut être un médiateur entre l’objet et l’individu. Exemple concret : atelier d’écriture, club de lecture, atelier d’art, jeu de société en groupe, promenade commentée en discutant des souvenirs.
Structurer ses routines
Pour préserver la mémoire, les personnes présentant des troubles cognitifs bénéficient de routines répétitives et de repères visuels (horloge simple, calendrier, pictogrammes). Même pour une mémoire encore saine, créer des repères (heure fixe pour certaines activités, lieux dédiés, étiquetage visuel) aide à ancrer les habitudes dans le temps et l’espace. « En ergothérapie, on recommande de limiter les multitâches (faire une seule chose à la fois) pour éviter la surcharge cognitive », précise la HAS.
Maintenir un équilibre occupationnel
Répartir les activités cognitives, physiques, sociales et de loisir dans la journée permet de ne pas surcharger celle-ci par trop d’activités exigeantes, mais d’alterner les moments de stimulation et de détente. « Cela permet de maintenir la motivation, d’éviter l’épuisement et de garantir une pratique soutenue dans le temps. » C’est le principe de l’équilibre occupationnel.
Respecter les temps de repos et de récupération
Le cerveau aussi a besoin de « pause ». Le repos est nécessaire pour consolider les apprentissages et éviter la fatigue cognitive. « Dans les interventions non médicamenteuses, l’ergothérapeute adapte les séances à l’énergie de la personne, en évitant la surstimulation », explique la HAS dans son guide. Prévoyez des temps calmes (méditation, respiration, pause sensorielle) entre les exercices, ainsi qu’une bonne hygiène de sommeil, une alimentation équilibrée et une activité physique adaptée.