Les bienfaits de l'ennui sur la santé et pourquoi il est important d'y parvenir

Publié par Elodie Vaz
le 09/05/2025
thinking child bored, frustrated and fed up doing his homework
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Ressenti comme quelque chose de désagréable, l'ennui peut parfois nous permettre d'être plus performants. On dit même qu'apprendre à ne rien faire construit l'imaginaire. Dans une époque saturée de stimuli, rien de mieux que de réapprendre à se mettre en pause.

Le premier sentiment qui apparaît lorsque l’on s'ennuie est l’anxiété de ne rien faire. La faute, sans doute, à notre société contemporaine qui nous oblige constamment à combler le vide. "Il y a une telle angoisse qu’il ne se passe rien (…) Il y a plein de moments où on patiente. Mais attendre, c’est être en face de soi, et être en face de soi, c’est déprimant", expliquait, lors d’une interview sur le média Brut, Fabrice Luchini, acteur français. Pourtant, ces dernières années, des scientifiques constatent que si l'ennui est désagréable, il est porteur d'un message que nous ferions bien de prendre en compte.

Selon le philosophe et neuroscientifique cognitif à l'université de Waterloo, James Danckert, l'ennui est un indicateur que la tâche que nous sommes en train d'accomplir ne convient pas à nos ressources mentales et émotionnelles. C’est un signal d’alarme interne, un peu comme peut l’être la douleur. Pour le philosophe Peter Toohey, l’ennui est un état émotionnel fondamentalement humain qui nous pousse à revoir nos priorités et à ralentir.

Le neurone ne peut plus supporter le flottement 

Seulement, notre société moderne nous oblige à ne plus ressentir ce sentiment. Et il ne manque pas d’objets connectés pour y échapper : réseaux sociaux, podcasts, plateformes de séries à la demande… tout a été conçu pour ne jamais s’ennuyer. "Notre rapport au portable a une fonction merveilleuse et atroce. Dès que nous sommes dans un moment de perplexité, il résout ce problème (...) le neurone est tellement accroché à cette addiction qu’il ne peut plus supporter le flottement", alerte Fabrice Luchini sur Brut.

L’impact de la surstimulation sur la fonction cognitive

Or, cette surstimulation épuise notre fonction cognitive. Plusieurs études ont démontré que cette exposition perpétuelle à des stimuli favorise l’anxiété et altère la mémoire. Il devient donc vital de réapprendre à s’ennuyer afin d’en tirer tous les bénéfices.

On dit d’ailleurs souvent que l’ennui stimule la créativité, mais cette idée est contestée. Andreas Elpidorou, philosophe à l’université de Louisville, démontre par différentes études que l’ennui nuit souvent aux tâches créatives. En clair, ce n’est pas l’ennui qui favorise la créativité, mais la pratique.

Cependant, certaines personnes savent transformer l’ennui en moteur créatif. « Dans ce cas, dit Elpidorou, ce n’est pas l’ennui qu’il faut saluer, mais votre capacité à y réagir. » En fin de compte, l’impact de l’ennui dépend surtout de la façon dont on y répond.

Pour enfin réapprendre à s’ennuyer, voici un diaporama de sept façons de laisser notre esprit divaguer :

Faire du tri

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recycle clothes concept young woman with recycling box full clothes
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Faire du tri dans ses placards, c’est faire du tri dans son esprit. Rien de mieux pour réapprendre l’ennui.

Lire un livre

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relaxing with a good read woman on bed reading book
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Plonger son esprit dans un bouquin reste un stimulus extérieur, mais il laisse bien plus de place à la créativité que les écrans qui imposent leur contenu.

Sortir son animal de compagnie

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young african american couple stands together with dog and hold hands in the park at sunset, golden retriever sits near people in love on the grass, man and woman walk with pet
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Les animaux favorisent la connexion à l’autre et obligent à sortir de chez soi. C’est une très bonne manière de réapprendre l’ennui.

Se consacrer un instant de pause chaque jour

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senior farmer in overalls standing beside flood area on field natural disasters in agriculture
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Vingt minutes par jour sans écrans ni stimulations extérieures. Ce temps peut servir à marcher ou juste attendre et ne rien faire.

Redécouvrir les gestes répétitifs

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happy senior woman enjoys looking at flowers in her garden
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Jardinage, ménage, préparation des repas… Ces instants permettent en quelque sorte au cerveau de se mettre en pause. C’est une sorte de méditation.

Accepter les temps morts

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À chaque instant où l’envie vient de prendre son téléphone pour combler un vide (au feu rouge, dans la salle d’attente du médecin…), remplacez cette action par une observation et une description des lieux.

Organiser des vacances sans programme

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senior couple bonding on the hammock free time together positive retired people
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Quoi de mieux que de se laisser porter par le vent ? Ne pas combler l'agenda en vacances permettra de réapprendre à s’ennuyer.

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