

C’est la grande cause nationale du gouvernement en 2025, et à raison : les troubles de la santé mentale gagnent du terrain dans notre pays ces dernières années. Une personne sur quatre en France y sera confrontée au cours de sa vie, selon l'Assurance Maladie. C’est ce que confirme Yannick Neuder, ministre de la santé, au Parisien ce mercredi 11 juin : “Particulièrement depuis la crise Covid, la santé mentale en France est devenue un véritable sujet d’inquiétude.”
C’est pourquoi, ce même jour, le ministère dont il a la charge a dévoilé son nouveau plan pour la santé mentale et la psychiatrie. Ce dernier s’axe autour de trois points : Repérer, soigner, reconstruire. Il rassemble une trentaine de mesures, dont quelques-unes déjà entamées, parfois renforcées, mais aussi certaines nouveautés. Très axé sur les jeunes, il prévoit notamment une prévention accrue dans les collèges et lycées, ainsi que dans les milieux étudiants. Mais pas seulement !
Des mesures suffisantes ?
Une bonne nouvelle donc ? La réponse semble à nuancer. Dans un communiqué, le Collège National des Universitaires de Psychiatrie déplore “des mesures qui arrivent tard et un manque criant de financement”. Également interrogés par le Parisien, des professionnels de santé saluent l’intention, mais regrettent un plan qui manque d’ambition. Mais aussi de moyens, humains comme financiers.
“ll faut cinq ans pour former une infirmière en pratique avancée et dix ans pour former un médecin !”, répond Yannick Neuder. Et d’ajouter : “La psychiatrie dispose d’un budget de plus de 430 millions en 2025, on peut avoir toujours plus, mais on peut aussi mieux s’organiser avec ce qu’on a aujourd’hui.”
Alors, quelles sont ces mesures qui pourraient bientôt améliorer le quotidien d’un quart des Français ? Nous vous avons listé huit points phares.
Massifier la formation au secourisme en santé mentale

Le gouvernement souhaite former 300 000 secouristes en santé mentale d’ici 2027. L’objectif est d’“acquérir des réflexes concrets : repérer les premiers signes de souffrance, écouter avec bienveillance, désamorcer une situation de crise, orienter vers les ressources appropriées.”
Renforcer les centres médico-psychologiques (CMP) pour offrir des soins accessibles et réactifs

Ces lieux de soin publics seront renforcés pour proposer des consultations sans rendez-vous, ainsi que du suivi post-crise après un passage aux urgences. L’objectif affiché est “d’éviter les délais d’attente trop longs, de mieux répondre aux premières demandes de soins, et de renforcer l'accompagnement des personnes en sortie de crise ou de courte hospitalisation”. Pour ce faire, un soutien ciblé sera mis en place via les Agences Régionales de Santé (ARS).
Doubler le nombre de psychologues conventionnés d’ici 2027

Le plan prévoit également de renforcer le dispositif Mon Soutien Psy, en passant de 6 000 à 12 000 psychologues conventionnés, et donc remboursés. Cette disposition s'accompagne d’une “évaluation et des évolutions nécessaires pour répondre aux besoins du plus grand nombre”.
Désigner un infirmier référent en santé mentale dans chaque MSP, CPTS et service d’urgence générale

Chaque maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) et service d’urgence générale sans équipe psychiatrique devra disposer d’un ou une infirmier diplômé d’État ou infirmier en pratique avancée (IPA) formé à la santé mentale. “Ce professionnel jouera un rôle de repérage, de coordination des parcours de soins et de lien avec les structures spécialisées.”
Atteindre l’objectif de 600 internes en psychiatrie par an d’ici 2027

Ils sont aujourd’hui 500, mais le gouvernement souhaite augmenter ce nombre en développant l'attractivité des métiers de la psychiatrie. L’objectif ? “Former davantage de psychiatres pour faire face aux nombreux postes vacants dans les hôpitaux et les CMP.”
Encourager la création d’une équipe de soins spécialisée en santé mentale par région

Les ARS seront invitées à inciter les viviers locaux existants pour créer ou structurer ces équipes. Elles auront pour mission “d’appuyer les professionnels de premier recours dans la prise en charge de cas complexes, dans une logique extrahospitalière.”
Lutter contre les pénuries de psychotropes

Cette mesure vise à “sécuriser l’accès à ces traitements essentiels et renforcer la transparence et l’information sur les tensions de marché.” Pour ce faire, seront mises en place une task force dédiée au sein de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament), une publication régulière de l’état des stocks et des mesures mobilisées, ainsi qu’une stratégie de diversification des fournisseurs, prévisionnel d’approvisionnement.
Développer des dispositifs de suivi post-urgence dans chaque région

Après “repérer” et “soigner” vient le troisième axe de ce plan : reconstruire. Pour sécuriser la phase de sortie d’hospitalisation, souvent à risque, les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) devront intégrer une offre de suivi post-urgence dans leur projet médical partagé. “Ce dispositif de suivi intensif sera mis en place dans chaque région, reposant sur des équipes mobiles, des consultations rapides et un accompagnement médico-social renforcé.”