face of girl with red hairs looks up in darkIstock

Certains disent que les yeux sont le miroir de l’âme. D’autres encore que la pigmentation des yeux constitue un indicateur de la santé. Observer les yeux pourrait même permettre de déceler les marqueurs précoces de certaines pathologies, comme la maladie de Parkinson, à en juger des travaux parus en septembre 2023.

Une nouvelle étude scientifique met en lumière un autre aspect lié à la couleur des yeux. Selon qu’ils sont verts, marron ou bleu, la vision nocturne ne serait pas la même. Les chercheurs de la Liverpool John Moore University au Royaume-Uni, qui signent cette publication parue en janvier 2024, vont même plus loin : ils avancent que les personnes aux yeux bleus seraient avantagées la nuit en ce qu’elles disposeraient d’une meilleure vue dans des conditions de faible luminosité, par rapport aux personnes aux yeux marron.

Le Dr Kyoko Yamaguchi est l’auteure de cette étude préliminaire qui nécessite d’être confortée par de plus amples travaux.

La scientifique, qui travaille à l'École des sciences environnementales et biologiques, et qui a fait de l'étude des bases génétiques de la couleur de la peau, des cheveux et des yeux son domaine d’expertise, a eu l’idée de réaliser ces travaux lorsqu’elle a quitté le Japon pour poser ses valises en Europe. Sur le sol européen, elle a été frappée par la faible luminosité des bâtiments, trop peu éclairés pour pouvoir lire de nuit.

Ce constat a fait germer une question sous-jacente : existe-t-il une raison biologique à cet éclairage limité ou s’agit-il d’une spécificité culturelle ? Pour y voir plus clair, elle a entrepris une expérience impliquant 40 personnes d'origine européenne aux yeux bleus ou bruns.

Les volontaires ont été placés l'obscurité pendant 30 secondes. Ensuite la luminosité de l'éclairage a été augmentée progressivement jusqu'à ce que les participants soient capables de lire une séquence de lettres sur un mur situé à 3 mètres de distance.
Résultat, à l’issue de l’expérience, il est apparu que les personnes aux yeux bleus avaient besoin d'un niveau d'éclairage de 0,7 lux en moyenne, contre 0,82 lux pour ceux qui avaient les yeux bruns.

Cette théorie pourrait expliquer pourquoi la couleur a persisté dans certaines populations, par exemple en Europe du Nord où le ciel est plus sombre.

Les yeux bleus, une adaptation au climat peu ensoleillé

Si cette découverte est confirmée par d’études de plus grande envergure, elle s’inscrit dans le sillage d’une idée selon laquelle les yeux bleus, tout comme la peau claire et les cheveux blonds, seraient le fruit d’une nécessaire adaptation aux régions où le climat est peu ensoleillé. Une évolution qui permettrait d'obtenir suffisamment de vitamine D car la peau généralement blanche des personnes aux yeux bleus est plus sensible aux rayons ultraviolets. Dans cette optique, une peau plus foncée serait plus à risque de carence en vitamine D dans les régions peu ensoleillées.

Néanmoins, les yeux bleus semblent désavantager sur un point en cas de forte luminosité, précise le communiqué de l’université britannique. Il semblerait que les iris (membrane de l’œil située derrière la cornée) bleus diffusent plus de lumière que les iris bruns, ce qui dégrade la qualité de l'image.

Il a été également établi que les personnes aux yeux bleus, verts ou gris ont 2 à 3 fois plus de risques d'être atteintes de mélanome de l’uvée que les personnes aux yeux bruns, d’après l’Institut Curie. Cette tumeur rare de l'œil, qui se déclenche entre l’âge de 50 et 70 ans chez l'adulte, est responsable de 500 à 600 nouveaux cas en France, chaque année. Les pays nordiques affichent une incidence de ce cancer plus élevée que le reste de l’Europe.

Sources

https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2024.01.17.576074v1

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