Cet aliment est l’un des pires du supermarché, alerte Dr Food, il est pourtant considéré comme “sain” ! 

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 26/09/2025
produits supermarché santé
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INTERVIEW. Cancer, obésité, maladies inflammatoires, baisse de la fertilité… les preuves s’accumulent à l’encontre des aliments ultra-transformés. Et on ne parle pas ici de pizzas industrielles, mais bien d'aliments que l’on croit sains, à tort. Décryptage avec un médecin. 

 

 

Le Dr Pascal Goncalves est médecin généraliste, conférencier, auteur du livre "Le bon choix au supermarché" (édition Souccar), engagé en faveur de la prévention et fondateur de labonnealimentation.fr ; connu sous le pseudonyme Dr Food, il a accepté de répondre à nos questions et nous éclaire sur l’impact nocif de certains aliments du supermarché, que l’on pense parfois sains, à tort. 

 

MEDISITE : Une étude récemment publiée pointe les effets néfastes des aliments ultra-transformés sur la fertilité. Quelles sont les autres conséquences sur la santé ?

Dr Pascal Goncalves : Effectivement, cette étude parue en août 2025 s’est intéressée à l’effet des aliments ultra-transformés sur la fertilité. Il en résulte que la consommation d’aliments ultra-transformés, indépendamment d’un apport calorique excessif, est néfaste pour la santé humaine, notamment pour la fertilité avec une baisse des hormones FSH et de la testostérone, ainsi qu’une diminution du nombre de spermatozoïdes mobiles. Les chercheurs ont suggéré que les polluants présents dans les aliments ultra-transformés, en agissant comme perturbateurs endocriniens, pourraient être responsables de ces effets.

 

On estime que 69 % de l’offre en supermarché est composée d'aliments ultra-transformés et qu’ils constituent aujourd'hui 30 % en moyenne de nos apports alimentaires.

Cette étude vient s’ajouter à la longue liste des études déjà parues et qui pointent tous les effets négatifs de ce type d'alimentation sur la santé. En 2025, les effets délétères sur la santé d’une plus grande consommation d’aliments ultra-transformés sont notamment un risque accru de surpoids et d'obésité, mais aussi d’hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires ou de diabète de type 2. A cela s’ajoute une augmentation du risque de cancers (notamment du sein et du côlon) et de mortalité toutes causes. En outre, une augmentation de troubles psychiques : anxiété, troubles liés au stress, symptômes dépressifs et troubles du sommeil sont aussi évoqués.

Évidemment tous ces problèmes se rencontrent quand les aliments ultra-transformés constituent la base de l’alimentation, pas quand on en consomme de temps en temps. 

 

De quoi parle-t-on au juste quand on parle d’aliments ultra-transformés ? 

Il ne faut pas confondre aliments ultra-transformés et malbouffe, on ne parle pas ici uniquement de burgers ou de pizzas industriels. Les gens ont tendance à faire la confusion. On peut manger beaucoup d’aliments ultra-transformés qui sont en apparence “sains” ou light. Les produits lights typiquement sont le plus souvent des aliments ultra-transformés d’ailleurs. 

Les aliments ultra-transformés, eux, se cachent partout, on en trouve dans tous les rayons : soupes en briques, margarines, certains yaourts, jus de fruits, vinaigre, céréales, “steaks” végétaux, moutarde, pain… la liste est très longue ! Et les rayons bio ou diététique ne sont pas épargnés. 

On estime que 69 % de l’offre en supermarché est composée d'aliments ultra-transformés et qu’ils constituent aujourd'hui 30 % en moyenne de nos apports alimentaires. C’est moins que d’autres pays (jusqu’à 60 % de l'alimentation aux Etats-Unis ou en Angleterre et 40 % en Australie), mais c’est déjà beaucoup trop. Il  ne faudrait pas dépasser les 15 %. 

 

L’un des problèmes principaux des aliments ultra-transformés est leurs teneurs en sucres et en sel  ? 

Non, ce serait plus simple ceci dit ! Ce n’est pas parce que des aliments sont riches en sucres ou en sel qu’ils sont nécessairement ultra-transformés, et a contrario, l’absence de sel ou de sucre ne signifie pas absence de processus d’ultra-transformation. Un soda light par exemple, ne contient ni sucre ni sel et fait pourtant partie des produits ultra-transformés. Ce qui compte surtout, plus que les teneurs de sucre ou de sel, c’est la présence d’ingrédients ultra-transformés, autrement dit d’agents cosmétiques et économiques (ou ACE), qui renseignent sur le degré de transformation.

 

Qu'est-ce que ces ACE, agents cosmétiques et économiques ? 

Les agents cosmétiques ou économiques (ACE) sont des ingrédients ultra-transformés que les industriels utilisent d’une part pour des raisons pratiques et économiques car ils coûtent moins cher que des ingrédients bruts, et d’autre part à des fins cosmétiques pour améliorer la couleur, l’odeur, le goût ou la texture des aliments ultra-transformés.

 

Quels conseils nous donnez-vous pour acheter sans nous tromper ? 

Premier conseil, méfiez-vous des aliments qui cherchent à se “survendre”. On n’a pas besoin de faire de publicité pour une tomate ou une pomme ! Les produits qui regorgent de mentions marketing ou allégations nutritionnelles (“riche en” par exemple) sont suspects : une étude australienne a montré que 56 % des aliments portant une allégation nutritionnelle étaient ultra-transformés.

Surtout, la liste des ingrédients donne des informations essentielles : plus elle est longue, plus le risque est grand d’être face à un aliment ultra-transformé. On considère qu'au-delà de 5 ingrédients, il faut rester vigilant : 75 % des produits qui sont composés de plus de 5 ingrédients sont ultra-transformés. Si, en plus, la liste d’ingrédients comporte un nombre important de mentions que l’on ne comprend pas et que vous ne pourriez pas trouver dans votre cuisine :  c’est un indice fort d’ultra-transformation ! Un produit peu transformé est principalement composé avec son ingrédient principal : une compote de pomme par de la pomme par exemple, un yaourt ou du beurre par du lait.

Pour aller plus loin : 

Le bon choix au supermarché, du Dr Pascal Goncalves, Souccar éditons. 

Prix : 18.90 €

Livre Dr Goncalves

 

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Interview du Dr Goncalves. 

 

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