Définition : qu'est-ce que la Syphilis ?

La syphilis est une maladie infectieuse, très contagieuse, sexuellement transmissible, causée par une bactérie  appelée Treponema pallidum qui faisait des ravages avant la découverte des antibiotiques. Elle est encore très présente dans les pays en voie de développement. Depuis la fin des années 1990, cette pathologie très contagieuse est réapparue dans les pays industrialisés.

En l’absence de traitement précoce, cette maladie devient chronique et le risque de transmission augmente.

La syphilis est caractérisée par 3 stades symptomatiques séquentiels séparés par des périodes d'infection latente asymptomatique.

Le diagnostic repose sur les tests sérologiques et autres examens selon le stade de la maladie. La pénicilline est le médicament de choix.

Photo : virus Treponema pallidum

Définition : qu'est-ce que la Syphilis ?© Creative Commons

© CC CDC et Dr. David Cox. L'image est passée dans le domaine public - Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Treponema_pallidum.jpg

Chiffres : la Syphilis est-elle fréquente ?

Alors que la syphilis avait pratiquement disparu, elle a fait son grand retour en 1999. Depuis cette date, la surveillance a permis de mettre en avant que le nombre de cas de syphilis était en augmentation constante. Ainsi, entre 2007 et 2018, le nombre de cas est passé de 597 à 1762.

  • 80% des cas de syphilis diagnostiqués récemment touchent les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
  • Dans la population hétérosexuelle : le nombre de cas reste faible, mais une tendance à l’augmentation est observée, particulièrement dans la région Île-de-France.
  • 30% des personnes diagnostiquées pour une syphilis récente sont co-infectées par le VIH.

Quels sont les symptômes de la Syphilis ?

Les symptômes de la syphilis sont très variables d’une personne à l’autre.

On distingue quatre stades dans l’évolution de la maladie : primaire, secondaire, latente et tertiaire, avec des symptômes différents associés à chacune de ces phases.

Son diagnostic est très difficile, car plusieurs de ses symptômes ressemblent à ceux d’autres maladies. Certaines personnes ne présenteront absolument aucun symptôme tandis que d’autres en auront quelques-uns.

Les signes peuvent disparaitre d’eux-mêmes, lorsqu’une personne passe par les différentes phases de la maladie, mais cela ne signifie en rien que l’infection est guérie.

Syphilis primaire : 3 jours à 3 mois après l’exposition

Quelques jours à quelques mois après la contamination :

  • Apparition d’un ou plusieurs chancres,  boutons rouges avec un trou non douloureux, sur les organes génitaux, l’anus ou au fond de la gorge.
  • Évolution du bouton en ulcère non douloureux qui peut persister pendant un à deux mois en l’absence de traitement.
  • Chez la femme, l’infection peut également se développer sur le col de l’utérus, auquel cas elle ne sera visible que lors d’un examen gynécologique.

L’ulcère se résorbera sans traitement, généralement en 3 à 6 semaines, néanmoins l’infection n’est pas guérie ainsi vous êtes toujours porteur ou porteuse de la syphilis et vous pouvez la transmettre.

Syphilis secondaire : 6 semaines à 6 mois après l’exposition

Au cours de la phase secondaire, la personne infectée peut développer d’autres symptômes, dont les plus courants sont les suivants :

  • Syndrome pseudogrippal : fièvre, fatigue, courbatures, ganglions gonflés et douloureux.
  • Des plaques rouges peuvent apparaitre brièvement sur la peau.
  • Éruptions cutanées :  particulièrement sur la paume des mains et la plante des pieds, appelées syphilides.
  • Infection oculaire : inflammation de l'enveloppe des yeux (uvéite) ou de la rétine (rétinite).
  • Parfois, des troubles neurologiques sont présents : méningite, paralysie d'une partie du visage.
  • Douleurs musculaires et articulaires.
  • Sensation générale de malaise.
  • Perte de poids.
  • Verrues plates et molles dans la région des parties génitales.
  • Maux de tête.

Photo : lésions syphilitiques dorsales lors d'une syphilis secondaire

Syphilis secondaire : 6 semaines à 6 mois après l’exposition© Creative Commons

© CC Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, USA). Image passée dans le domaine public - Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Secondary_syphilitic_rash_Treponema_pallidum_6756_lores.jpg

Les symptômes secondaires durent généralement de 3 à 12 semaines. Toutefois, ils peuvent réapparaître régulièrement pendant des mois ou des années jusqu’à ce que l’infection évolue à la phase latente.

Une fois que la maladie atteint cette phase, la personne infectée peut toujours vivre des épisodes de "rechute". Les symptômes secondaires   peuvent à nouveau se manifester pendant cette période.

Syphilis latente : séparée en deux catégories, soit < 1 an et > 1 an

La syphilis latente peut être :

  • précoce : syphilis vieille d’un an ou moins ;
  • tardive : celle de plus d’un an après l’infection.

Durant la phase latente : la personne infectée ne présente généralement aucun symptôme. Comme les symptômes de la syphilis primaire et secondaire sont parfois minimes ou négligeables, de nombreux patients sont diagnostiqués pour la première fois au stade latent à l'occasion :

  • des examens sanguins usuels pour la syphilis ;
  • lors de la déclaration de grossesse ;
  • d’un dépistage systématique d’IST.

La syphilis peut rester latente de manière permanente. Néanmoins, les lésions et éruptions cutanées des phases primaire ou secondaire de la syphilis peuvent se manifester de nouveau pendant la période de latente précoce. L’infection peut alors se transmettre à nouveau.

Cette période peut durer de 2 à 10 ans, ou être plus longue, jusqu’à 40 ans. Mais chez une personne séropositive au VIH, ce long délai est souvent très raccourci. De plus, les manifestations neurologiques peuvent survenir beaucoup plus tôt (surdité, paralysie faciale), en quelques mois, et être plus graves. A ce stade, seule la sérologie permet le dépistage. La période de transmission sexuelle est terminée.

Le patient reçoit souvent des antibiotiques pour d'autres troubles, la syphilis latente peut donc guérir, ce qui explique la rareté de la syphilis tertiaire dans les pays industrialisés.

Syphilis tertiaire : 2 à 30 années, ou plus

La syphilis tertiaire est extrêmement rare. Elle survient plusieurs années après la contamination. 10% des cas de syphilis en phase latence évolueront vers ce stade.

Elle est devenue rare et se manifeste par des lésions localisées, mais profondes et destructrices. C’est durant celle-ci que les dommages à long terme causés par la bactérie de la syphilis entraînent une multitude de graves problèmes de santé qui touchent le cerveau, le cœur, les os ou les vaisseaux sanguins.

Dans certains cas, ces complications peuvent causer le décès.

Quelles sont les causes de la Syphilis ?

Le germe responsable de la Syphilis a été isolé en 1905. Il s’agit d’une bactérie de la famille des Spirochètes Treponema pallidum ou Tréponème pâle. Elle se présente sous la forme d’une spirale de quelques microns de longueur.

Le Tréponème pâle est spécifique à l’homme et se transmet par voie sexuelle par contact d’une muqueuse ou d’une peau infectée avec une muqueuse saine.

La bactérie ne survit pas en dehors de l’humain.

Syphilis : quels sont les facteurs de risques ?

Les principaux facteurs de risque de la syphilis sont :

  • des rapports sexuels non protégés avec un ou plusieurs partenaires;
  • avoir un partenaire sexuel qui a plusieurs partenaires sexuels ;
  • les personnes atteintes du VIH ;
  • les personnes qui consomment des drogues injectables : seringues non désinfectées.

Syphilis : quelles sont les personnes à risque ?

Les personnes ayant le plus de risques de contracter une syphilis sont :

  • les travailleurs et travailleuses du sexe ;
  • les personnes qui ont eu des rapports sexuels avec des personnes provenant de pays où la maladie est endémique;
  • la population homosexuelle masculine.

La syphilis est-elle contagieuse ?

La syphilis est une infection bactérienne qui se transmet très facilement lors :

  • De rapports sexuels non protégés  avec un partenaire infecté : les pratiques vaginales, anales ou oraux-génitales peuvent être contaminantes, y compris la masturbation mutuelle et le partage d’accessoires sexuels.
  • La transmission de la mère au fœtus est également possible. Le risque de transmission est :
    • Environ 70% en cas de syphilis précoce ;
    • Environ 10% en cas de syphilis tardive.
  • La syphilis congénitale : une mère infectée peut également transmettre la maladie à son enfant durant l’accouchement.
  • La transmission par transfusion est possible, mais très exceptionnelle. Lors d'un don du sang, une sérologie (dosage des anticorps révélateurs de la maladie) est réalisée pour écarter tout prélèvement contaminé.
  • La maladie peut être transmise par contact direct avec les bactéries contenues dans les lésions ou éruptions cutanées syphilitiques.

Pendant la première année d'évolution de la maladie, le risque de contagion est considéré comme maximal. Les bactéries sont alors présentes en premier lieu sur le chancre (ulcération) puis à la surface des lésions de la peau, et surtout des muqueuses. Pendant la première année d'évolution de la maladie, le risque de contagion est considéré comme maximal. Les bactéries sont alors présentes en premier lieu sur le chancre (ulcération) puis à la surface des lésions de la peau, et surtout des muqueuses.

La syphilis sur le nouveau-né est-elle fréquente ?

Réponse du Dr Odile Bagot : "La syphilis sur le nouveau-né est très rare en France du fait d’un dépistage systématique proposé aux femmes enceintes au cours du premier trimestre."

La syphilis peut être transmise de la mère au fœtus pendant la grossesse. 

Syphilis : qui, quand consulter ?

Après une période d’environ un mois après le rapport contaminant, sans signe d’infection bien que la contamination ait eu lieu, la syphilis peut se manifester par l’apparition d’un chancre qui peut disparaître spontanément en 15 à 30 jours, sans être guéri pour autant.

La syphilis peut aussi se manifester par :

  • un chancre oral,
  • une augmentation de volume des ganglions de l’aine,
  • une éruption de boutons sur le corps sans démangeaisons, pouvant durer jusqu’à deux mois.

Lors de l’apparition de ces symptômes, consulter votre médecin traitant sans tarder afin de pratiquer les examens de dépistage nécessaire.

Si vous vous trouvez dans la situation où vous savez que votre partenaire est infecté, vous devez consulter, même en l’absence de symptômes.

La syphilis peut-elle passer inaperçue ?

Réponse du Dr Odile Bagot : "Oui, aux premiers stades, la syphilis peut en effet passer inaperçue".

Quelles sont les complications de la syphilis ?

Non traitée, la syphilis peut évoluer à bas bruit pendant des dizaines d’années, en provoquant des complications potentiellement mortelles ainsi que des dommages permanents au cerveau, au cœur, aux os et aux vaisseaux sanguins.

De graves complications, appelées stade tertiaire de la syphilis, apparaissent après dix à trente ans chez 40 % des personnes touchées :

  • rupture de gros vaisseaux sanguins ;
  • troubles neurologiques ou psychiatriques ;
  • destruction d’organes.

Ces complications peuvent entraîner le décès de la personne.

La syphilis expose également à un risque de trois à cinq fois  plus élevé d’infection par le VIH/sida via les lésions que provoque cette infection. Parce que la maladie peut causer des lésions et des plaies sur les parties génitales ou l’anus, elle augmente le risque de transmettre ou de contracter le VIH.

Quelles sont les complications pour le fœtus atteint de syphilis ?

Réponse du Dr Odile Bagot : "Elles peuvent être mortelles et l’enfant à naître est exposé a des graves anomalies à la naissance ainsi que des retards de développement".

Syphilis : quels sont les examens et analyses à faire ?

Le stade de syphilis primaire :

  • Le diagnostic clinique compliqué. Peu de consultation, car le chancre est transitoire, indolore, mal situé.
  • Recherche du tréponème si une ulcération est présente : prélèvement réalisé au niveau du chancre ; puis recherche du tréponème par PCR (Polymerase Chain Reaction). Cette technique de détection des antigènes viraux n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie.

Le stade de syphilis secondaire :

  • Le diagnostic clinique : constatation de la présence de muqueuses, prélèvements à la recherche du tréponème. Ne pas exclure la syphilis même si les résultats des prélèvements révèlent une absence de tréponèmes.

La syphilis tertiaire : examens complémentaires :

  • Examen ophtalmologique.
  • Ponction lombaire.
  • IRM.

Tests sérologiques de la syphilis : combinaison de deux tests

Ces tests consistent en une recherche d’anticorps contre le tréponème dans le sang. Les divers examens sont faits grâce à une prise de sang :

  • VDRL : Veneral diseases research laboratory - ce test biologique de maladies vénériennes permet de détecter une syphilis précoce.
  • TPHA : Treponema pallidumhemagglutinations assay - ce test biologique d’hémagglutination permet de mettre en évidence le signe d'une syphilis ancienne.

Dans cette situation, le VDRL peut alors être très faible, voire même négatif.

Si l’un des tests est positif, il est alors nécessaire de doser la quantité d'anticorps.

D’autres dosages sont effectués :

  • si les résultats ne correspondent pas aux données de l'examen clinique ;
  • s’il y a suspicion d’une contamination récente et que la première sérologie est négative. Elle peut mettre un certain temps à devenir positive après une contamination (5 à 15 jours).

Quel que soit le stade de la syphilis, le diagnostic est posé en confrontant :

  • L’examen clinique ;
  • La sérologie ;
  • Les échanges entre le patient et son médecin lors de la consultation.

Quels sont les traitements de la syphilis ?

Traitements de la syphilis primaire et secondaire :

Les personnes infectées à la syphilis sont habituellement traitées par une injection de pénicilline à libération prolongée benzathine pénicilline (Bicilline L-A) à raison d'une injection intramusculaire unique de 2,4 millions d'unités. Le principe actif du médicament est libéré progressivement, de manière efficace et constante, dans l’organisme.

Le nombre de doses et la durée du traitement dépendent de la phase à laquelle l’infection a évolué.

Le traitement de la femme enceinte infectée :

Ce traitement diffère légèrement pour la femme enceinte infectée : la prise n’est pas unique. Elle consiste en 2 injections intramusculaires de 2,4 millions d'unités, prises à une semaine d’intervalle.

Les traitements de la syphilis tertiaire :

En cas de syphilis tertiaire non neurologique ou de syphilis latente tardive, le traitement s’étale sur 3 semaines et repose sur une injection intramusculaire de benzathine pénicilline G à libération prolongée par semaine.

L’efficacité du traitement antibiotique peut être évaluée par des prises de sang régulières.

D’autres antibiotiques peuvent être utilisés dans certains cas, mais nécessitent un suivi rigoureux.

Syphilis : quelles sont les mesures de prévention ?

Comme toutes les infections sexuellement transmissibles, la prévention de la syphilis repose sur :

  • L’utilisation systématique de préservatifs (même pour la fellation) ;
  • un dépistage régulier chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels.

Même s’ils restent indispensables, les préservatifs n’offrent pas une protection absolue contre la syphilis, dans la mesure où la contamination peut avoir lieu lors d’un baiser profond.

Il existe des centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) dans de nombreuses villes. Ils proposent un dépistage de la syphilis.

Comme il existe un risque de transmission de la mère au fœtus de la syphilis, le dépistage de la syphilis est pris en charge à 100% par l’assurance maladie dès la déclaration de la grossesse.

Il n’existe pas de vaccin contre la syphilis.

Sites d’informations et associations sur la syphilis

Le site du Vidal

Le site d'information Ameli

Sources
https://preventionsida.org/fr/ist/la-syphilis/
https://www.msdmanuals.com/fr/professional/maladies-infectieuses/maladies-sexuellement-transmissibles/syphilis
https://www.sexandu.ca/fr/stis/syphilis/
Merci au Dr. Odile Bagot, spécialiste en gynéco-obstétrique et psychosomaticienne qui enseigne la sexologie et est l’auteure de : Vagin & Cie, on vous dit tout, Ménopause, pas de panique !  et Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée (sortie le 6 mars 2020).
On peut la retrouver sur le blog de Mam Gynéco et sa page FB.