Morsure : quelle est cette mouche noire qui frappe en Espagne ?Adobe Stock
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En Espagne, les autorités sanitaires sont en état d’alerte. L’inquiétude grandit face à un fléau qui menace de plus en plus à l'aune du réchauffement climatique : la mouche noire. Aussi hématophage (qui se nourrit du sang de ses hôtes) que le moustique, cet insecte sévit à chaque saison estivale dans la péninsule ibérique. Cette mouche n’est en revanche (à ce jour) pas vectrice de maladie, ce qui la distingue du moustique.

On le sait, le moustique tigre, peut être porteur du virus de la Dengue, du virus Zika ou encore du Chikungunya. Quant au moustique commun, dans certains cas, il peut être potentiellement porteur du virus du Nil Occidental, une maladie observée sur le pourtour méditerranéen, et récemment à Bordeaux, où un cas a été diagnostiqué.

Une mouche plus redoutée que le moustique tigre en Espagne

En Espagne, la mouche noire est une espèce endémique qui s’est multipliée de manière exponentielle ces dernières années. A tel point qu’elle fait désormais de l’ombre au moustique tigre, dont elle a ravi la première place du podium des insectes les plus redoutés.

Plus connue par les scientifiques sous le nom de "mouche simulie", cette mouche de très petite taille (de 3 à 6 mm) a la particularité de ne pas piquer mais de mordre. Une morsure par ailleurs très violente, à l’origine d’un afflux de patients espagnols dans les centres de santé des villes et villages espagnols, alerte l’Association nationale des sociétés de santé environnementale (Anecpla), dans un communiqué rendu public le 10 juillet 2023.

Une blessure et un risque de réaction allergique

Son directeur général, Jorge Galván, explique pourquoi cet insecte est particulièrement à craindre : "le problème fondamental de cet insecte est qu'il ne pique pas, mais qu'il mord en forme de scie". Sa morsure violente provoque "une grave blessure pouvant entraîner des infections et des réactions allergiques très inquiétantes, qui dans certains cas peuvent même nécessiter une hospitalisation", poursuit le responsable de l’Anecpla.

Une morsure qui laisse des traces pendant des mois

Inquiet de sa dangerosité, le collectif a enjoint les pouvoirs publics espagnols à prendre des mesures urgentes pour prévenir la propagation de cette mouche aux abords des rivières de la péninsule, dans lesquelles leurs larves se développent. Objectif : éviter l’infestation du territoire espagnol.

Le modus operandi de cet insecte assoiffé de sang est détaillé par l’association : "la mouche noire a besoin de consommer du sang pour accomplir son cycle de vie". Dépourvues de dard, mais dotées de deux mandibules, ces mouches hématophages déchirent la peau de leurs victimes pour en extraire le sang. Elles déposent un peu de leur salive qui possède une petite dose d'anesthésiant, ce qui leur donne le temps de profiter du sang de leur hôte à leur insu, pendant une durée de 5 minutes.

En cas de morsure, ne surtout pas gratter !

Il en résulte "une plaie de plusieurs centimètres qui saigne souvent, accompagnée d'un gonflement important qui peut durer jusqu'à un mois" poursuit l’Anecpla.

Si vous passez vos vacances en Espagne et que cette mouche noire vous mord, ne grattez surtout pas, au risque d’aggraver la plaie, qui pourrait s’infecter.

L’application de glace est indiquée pour réduire l'inflammation ou l’usage d’une pommade corticostéroïde légère. Il convient ensuite de se rendre sans tarder au centre de santé le plus proche pour signaler le cas et prévenir toute aggravation de la morsure.

La progression de la mouche noire en Espagne est liée à l’augmentation des températures. "Les températures élevées sont l'un des principaux facteurs à l'origine du pic de population de la mouche noire", confirme, Jorge Galván. "Leur cycle de vie, qui peut durer de quelques jours à plusieurs mois, peut être réduit de moitié en cas de fortes chaleurs".

Mouche noire : un sujet d’inquiétude en France ?

Le réchauffement climatique pourrait donc servir de catalyseur pour cette mouche, déjà bien installée dans différentes régions espagnoles : l'Andalousie, l'Aragon, la Catalogne, Madrid, Murcie et Valence.

Et en France ? Ces mouches sont déjà présentes depuis bien longtemps. Il existerait d’ailleurs "plus de 2 000 espèces différentes de simulies", rappelle Gérard Duvallet, entomologiste médicale et vétérinaire ainsi que professeur émérite à l'Université Paul-Valéry de Montpellier, dans les colonnes de La Dépêche. Si elles peuvent piquer les promeneurs de bord de lac ou de rivière, elles ne sont pas assez nombreuses pour constituer un véritable danger.

Mais comme en Espagne, il se pourrait que dans un futur proche, cette mouche noire prenne véritablement ses quartiers, avec l'élévation des températures. Avec pour corollaire d'une éventuelle infestation, un risque non exclu de transmettre des bactéries pathogènes, comme on le voit actuellement dans d’autres parties du globe. "En France, heureusement ce n'est pas le cas mais en revanche dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest et en Amérique du Sud, les piqûres de ces mouches peuvent représenter un véritable danger", avertit l’entomologiste dans La Dépêche.

Mouche noire : comment se prémunir des morsures?

Vous avez l’intention de séjourner en Espagne et redoutez les morsures de ces petites bêtes ? L’Anecpla distille quelques conseils de prévention pour limiter les risques :

  • Porter des vêtements clairs, sans couleurs vives qui pourraient attirer les essaims.
  • Éviter de marcher le long des rivières ou dans les zones proches, surtout en fin d'après-midi.
  • Installer des moustiquaires sur les portes et les fenêtres dans les zones à risque.
  • Éviter l'accumulation d'eau à l'extérieur de la maison et garder les réservoirs d'eau couverts.
  • Contrôler les canalisations.
  • Utiliser des répulsifs certifiés (en particulier ceux contenant de la citronnelle).
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