Qu'est-ce que le SGUM qui touche les femmes après la ménopause ? Istock

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Mais qu’est-ce au juste que ce syndrome au nom d’alien ? Le SGUM (anciennement appelé atrophie vulvo-vaginale) n’est ni plus ni moins que le regroupement de tous les symptômes associés à la ménopause, mais qui concernent uniquement la sphère uro-génitale. Parce qu’une cause - la chute des oestrogènes ou hypo-oestrogénie qui induit une baisse du collagène ou encore une altération du microbiote vaginal - peut produire plusieurs effets.

Quelles sont les conséquences d'une hypo-œstrogénie ?

Les spécialistes estiment qu’une femme sur deux doit composer avec un SGUM, une problématique qui a un impact fort sur le quotidien et la qualité de la vie. Et si la (péri)ménopause (naturelle ou provoquée) représente la cause la plus fréquente de SGUM, certains traitements médicamenteux peuvent induire une hypo-oestrogénie.

Le Pr Claude Hocké, gynécologue à Bordeaux, explique ainsi sur le site Gynéco-online que “des antécédents de radiothérapie, chimiothérapie ou hormonothérapie par anti-aromatase” sont des facteurs de risque. L'association des urologues canadien rappelle de son côté que certains médicaments prescrits dans le cadre d’un cancer hormono-dépendant peuvent aussi être impliqués. “Les autres facteurs sont l’âge, l’absence d’accouchement par voie basse, l’abus d’alcool, le tabagisme, le faible nombre de relations sexuelles et les dysfonctions sexuelles”, précise encore le médecin bordelais.

Comment expliquer que si peu de femmes consultent ?

Si le SGUM est connu et bien répertorié par le monde médical, comment expliquer qu’il soit si peu évoqué par les femmes ? Alors même que son retentissement sur la qualité de vie est le plus souvent lourd. C’est la question soulevée lors du congrès Pari(s) Femme 2024 qui s’est tenu en juin de l’année dernière par la Dre Brigitte Letombe, gynécologue à Lille et auteure de Femmes, réveillez-vous (éditions First) : “Le SGUM est souvent sous-estimé à cause du silence des patientes et des professionnels de santé. Lors des consultations gynécologiques, il est facile de repérer cette atrophie. Mais c’est alarmant de voir que des femmes quittent la consultation sans que le problème ne soit évoqué. Elles pensent que tout va bien ou qu’il n’y a pas de solution à leurs problèmes.”

Une situation qui explique, poursuit la spécialiste, que “seulement 40 % des femmes abordent le sujet d’elles-mêmes”. Ce n’est guère mieux du côté des médecins qui n’évoquent que trop rarement ce syndrome.

SGUM (syndrome génito-urinaire de la ménopause) : les symptômes à reconnaître

Les symptômes du SGUM peuvent être génitaux, sexuels, urinaires, ou les trois à la fois. Le Pr Claude Hocké liste parmi les signes les plus probants et courants :

  • Des irritations au niveau de la vulve;
  • Une sécheresse vaginale;
  • Des brûlures;
  • Une dyspareunie (douleur pendant les rapports sexuels);
  • Des infections urinaires à répétition;
  • De l’incontinence urinaire;
  • Une dysurie, autrement dit des difficultés au moment d’uriner, qui peuvent se traduire selon l'Association Française d’Urologie (AFU) par “un retard au démarrage de la miction, nécessité de pousser pour initier la miction, jet faible ou en arrosoir, jet interrompu, miction en plusieurs temps.”

La mauvaise nouvelle ? Ces symptômes peuvent se chroniciser et/ou s’aggraver dans le temps si vous n’agissez pas. Ce qui est d’autant plus dommage que le diagnostic peut être facilement posé et que des traitements efficaces existent.

Ménopause : quels traitements quand on souffre du SGUM ?

Le contexte (péri ou ménopause notamment) et les symptômes suffisent souvent à poser un diagnostic. Le médecin peut aussi pratiquer un examen et constater, par exemple, un amincissement de la paroi vaginale, assez typique du SGUM. Une fois le diagnostic posé, la prise en charge dépend de plusieurs facteurs : la sévérité des symptômes ou de l’atteinte, mais aussi des antécédents médicaux (cancer hormono-dépendant notamment).

Une revue systématique (étude qui reprend toutes les données scientifiques disponibles) menée par une équipe bordelaise et publiée dans Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie en mai 2021 élabore des recommandations pour le traitement clinique du SGUM en France. Il en ressort, que les traitements non hormonaux comme “les lubrifiants, les hydratants et l’acide hyaluronique par voie vaginale entraînent une amélioration des symptômes du SGUM” et peuvent être conseillés à toutes les patientes.

Comment soigner le SGUM ?

Parallèlement, il existe des solutions hormonales. “Les estrogènes par voie vaginale, habituellement deux fois par semaine, permettent de conserver la trophicité vulvo-vaginale et de lutter contre le syndrome uro-génital de la ménopause (sécheresse du vagin, infections urinaires fréquentes, envie pressante d’uriner…)”, indique le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF). De plus, depuis mai 2019, un nouveau médicament à base de DHEA (connue pour être une hormone “de la jeunesse”) est commercialisé en France pour le SGUM. La prasterone (Intrarosa®) fait donc aujourd’hui partie de l’arsenal thérapeutique à disposition des médecins.

Enfin, de nouvelles pistes thérapeutiques comme le laser ou la radiofréquence pourraient être prometteuses.

Concernant les femmes ayant un antécédent de cancer du sein, “le traitement local non hormonal (comme ceux cités plus haut, ndlr) devra être proposé en première intention , précise la revue systématique. En deuxième intention, les oestrogènes locaux pourraient être une solution, y compris chez les femme ayant eu un cancer hormonodépendant, mais les données actuelles sont encore un peu minces pour une recommandation générale.