Les antiviraux, une nouvelle arme contre les pandémiesImage d'illustrationIstock
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Le premier confinement paraît loin et à la fois si proche. Un moment d'apaisement pour certains et d’angoisse pour d’autres. Si l’on en croit les épidémiologistes, la probabilité de vivre une prochaine pandémie n’est pas si faible. Et avec elle, son lot de confinements. C’est pour cette raison que des chercheurs anticipent cette éventualité afin d’éviter que le monde ne soit de nouveau paralysé. "Au cours de la pandémie de Covid-19, isoler était tout ce qu’on avait pour éviter la transmission entre personnes, mais on sait que cela a pu avoir des conséquences parfois dramatiques. Maintenant que la pandémie est derrière nous, il s’agit de se préparer à l’éventualité d’un nouveau virus respiratoire émergent", rappelle Jérémie Guedj, chercheur à l’Inserm spécialisé dans la modélisation des dynamiques virales.

Ce spécialiste et son équipe étudient le pouvoir des antiviraux dans la réduction de la dynamique de propagation des virus au sein d’un foyer. "On sait que ces molécules sont d’autant plus efficaces pour réduire la sévérité de l’infection qu’elles sont administrées tôt au cours de la maladie. Néanmoins, on ne connaît pas très bien leur intérêt lorsqu’elles sont administrées plus tard ou, à l’inverse, avant même l’infection, de manière préventive", explique le scientifique dans un communiqué de l'Inserm publié le 13 février 2025.

Quand prendre des antiviraux ?

Pour vérifier leur théorie, les chercheurs de l’Inserm ont travaillé sur un modèle mathématique permettant de reproduire l’effet d’un traitement antiviral sur la charge virale du micro organisme et sa probabilité de transmission au sein d’un foyer domestique. Et les résultats sont plutôt prometteurs. "Lorsqu’une personne infectée peut être mise sous traitement avant même qu’elle ait développé des symptômes, il est possible de réduire la transmission et la charge virales de plus de 75 %, quel que soit le niveau de contagiosité du virus. Dans ce cas, il y a très peu d’intérêt à traiter préventivement les autres habitants du foyer", constate le scientifique.

À l’inverse, si la personne est traitée après l’apparition des symptômes, l’efficacité du traitement antiviral diminue. "Avec le SARS-CoV‑2 ou le virus de la grippe, les symptômes et le pic de charge virale surviennent simultanément, il est donc plus difficile de bloquer la chaîne de transmission du virus. En revanche, avec un virus comme le VRS, les symptômes apparaissent avant le pic de charge virale, une caractéristique qui pourrait augmenter le succès d’une prévention de la transmission par traitement antiviral", indique-t-il dans le communiqué.

Un modèle bientôt en place de traitement antiviraux dans les Ehpad

Les chercheurs souhaitent aujourd’hui adapter ce modèle mathématique aux Ehpad en hiver, lorsque le virus de la grippe circule. "De telles études aideraient à confirmer la robustesse de notre modèle et l’efficacité des traitements antiviraux dans ce contexte, non seulement pour réduire la mortalité, mais aussi pour limiter la transmission de la maladie. Néanmoins, il est plus facile de mener des études cliniques dans les hôpitaux qu’en maison de retraite, car cela demande une forte coordination des personnels qui ne sont pas nécessairement formés à la recherche clinique", souligne Jérémie Guedj. "Il faut donc mobiliser les pouvoirs publics, les médecins généralistes, les autres professions de santé et les établissements médico sociaux afin d’être plus agiles et pragmatiques dans la mise en place rapide d’essais cliniques", conclut-il dans le communiqué de l'Inserm.

Comment fonctionnent les médicaments antiviraux ?

Jusqu’ici, les antiviraux sur le marché ne préviennent pas une infection. Ils ralentissent la progression d'une maladie lorsque les symptômes surviennent. En aucun cas, ils ne tuent le virus. Ils sont particulièrement importants pour les maladies qui ne disposent pas de solutions vaccinales efficaces, comme c'est le cas pour le VIH, l'hépatite C et l'herpès.

Mais comment parviennent-ils à ralentir la progression d’une infection ? Contrairement à une bactérie, un virus ne peut pas se reproduire seul. Il a besoin d’une cellule hôte pour se répliquer. Une fois à l'intérieur de cette cellule, il produit des milliers de copies de lui-même. Ces nouveaux virus s'échappent ensuite et infectent les cellules voisines, propageant ainsi la maladie dans l'organisme et, par extension, vers d'autres hôtes.

Le traitement des virus

Les médicaments antiviraux, pour la plupart, empêchent le virus de se fixer ou d'entrer dans la cellule hôte. Dans le cas où les virus y parviennent malgré tout, les antiviraux les empêchent de se multiplier, facilitant ainsi leur élimination par l'organisme.