Le Tramadol® est l’un des analgésiques les plus couramment utilisés dans le monde. Issu de la famille des opiacés, au même titre que la codéine ou la morphine, le Tramadol® est un antalgique fréquemment utilisé pour soulager les douleurs modérées à intenses. Seulement voilà. Ce médicament fait aussi l’objet d’interrogations et inquiétudes des patients à causes de ses effets secondaires. Dépendance, douleurs abdominales, vertiges, confusions…Les effets indésirables ne sont pas négligeables.

"Les visites à l’hôpital liées aux effets indésirables du Tramadol® ont été multipliées par deux depuis 2005, explique une récente étude. L’inquiétude suscitée par l’utilisation croissante du Tramadol® et ses effets secondaires inattendus ont justifié une nouvelle analyse comparative et quantitative". En effet, cet antidouleur aurait aussi des effets sur votre glycémie.

Un risque d’hypoglycémie 10 fois plus élevé

"Dans cette étude, nous avons analysé plus de 12 millions de rapports du système de notification des évènements indésirables observés par la Food and Drug Administration des États-Unis et avons mis en évidence une propension accrue à l’hypoglycémie chez les patients prenant du Tramadol®, par rapport à d’autres patients prenant d’autres opioïdes", détaillent les auteures des recherches. "Plusieurs cas ont subi une hypoglycémie induite par le Tramadol® et résolue à la suite de son arrêt", insistent les scientifiques.

Et contre toute attente, le Tramadol® présenterait un risque d’hypoglycémie 10 fois plus élevé que pratiquement tous les autres opioïdes, que les patients soient diabétiques ou non. Parmi les autres opioïdes, la méthadone, utilisée pour lutter contre la dépendance à l’héroïne, est le seul à présenter cet effet indésirable.

Une hypoglycémie dangereuse, non répertoriée et inattendue

"Nous voulions avoir une analyse objective de ses effets indésirables, et nous sommes tombés sur une hypoglycémie dangereuse, non répertoriée et inattendue", ajoutent les chercheurs.

En effet, si la notice du médicament mentionne les effets indésirables comme les vertiges, nausées, maux de têtes ou encore la constipation, rien n’est mentionné au sujet du risque hypoglycémique.

"Le message à retenir, c’est qu’il faut avertir les médecins de la possibilité d’une hypoglycémie, en particulier si le patient est prédisposé au diabète", met en garde l’un des auteurs. Un risque à prendre au sérieux, le Tramadol® étant souvent administré à des patients dans la durée pour soulager des douleurs chroniques.

Ce qu’il se passe dans notre corps en cas d’hypoglycémie

L’hypoglycémie se définit comme une baisse du taux de sucre dans le sang. Le sucre (plus précisément le glucose), fabriqué par le foie à partir des aliments, est diffusé dans le sang et sert de source d'énergie pour les cellules. Les muscles et les neurones du cerveau en sont de grands consommateurs, et un manque de sucre dans le sang va se manifester à leur niveau. Le maintien d’une certaine glycémie est donc vital.

"La plupart des hypoglycémies sont causées par des actions liées à la gestion du diabète", explique l’Association Diabète Québec. Chez les diabétiques, un manque de glucide suite à une collation, un repas omis ou retardé va être le premier facteur de risque.

Néanmoins, elle peut toucher chacun d’entre nous, et non uniquement les personnes diabétiques. Le stress, un surplus d’activité physiques ou encore la consommation d’alcool peut en être à l’origine.

Hypoglycémie : ce que vous risquez

Diabétique ou non, l’hypoglycémie ne doit pas être prise à la légère. Celle-ci peut avoir de graves conséquences comme le coma, les convulsions, ou encore les troubles du comportement.

L’hypoglycémie peut notamment provoquer des palpitations cardiaques. En effet, lorsque l’organisme manque de sucre, il va sécréter de l’adrénaline. Cette hormone va alors ordonner à votre foie de réinjecter du glucose dans le sang (pour normaliser la glycémie). Ce phénomène stimule le cœur et accélère son rythme. Pour réguler votre rythme cardiaque, ingérez du sucre dès que possible et consulter votre médecin.

Parmi les risques, le Pr Patrick Vexiau, diabétologue, évoquait les troubles de la vision. "Cela peut même aller jusqu’à l’impression de voir double (diplopie)", expliquait-il dans une interview accordée à Medisite.

D’autres risques plus graves sont également cités par le professeur. "Si on ne fait rien et que l’hypoglycémie s’aggrave, il peut y avoir une perte de connaissance pouvant aller jusqu’au coma. On parle de coma hypoglycémique", précise-t-il.

Si le risque de décès est rare, il n’est pas nul. "Il y a un danger sérieux lié aux circonstances de survenue de l'hypoglycémie. Par exemple, si la personne fait une crise alors qu'elle se trouve sur un échafaudage ou si elle pratique l'alpinisme", prévient le spécialiste. Par ailleurs, "il y a un risque mortel quand l'hypoglycémie est favorisée par une prise d'alcool importante (l'alcool étant hypoglycémiant)".

Sources

Retrospective analysis reveals significant association of hypoglycemia with tramadol and methadone in contrast to other opioids, Scientific Reports, 28 août 2019

L’hypoglycémie chez la personne diabétique, Diabète Québec