

Plusieurs médias ont récemment rapporté l'existence d'un défi viral qui aurait envahi les réseaux sociaux, en particulier TikTok. Ce phénomène supposé inciterait les participants, principalement des adolescents, à ingérer des doses excessives de paracétamol dans l’objectif de créer des vidéos « drôles » à partager avec leurs amis. Cependant, ce challenge n’existerait pas et résulterait davantage d’une amplification médiatique que d’une véritable tendance sur les réseaux sociaux.
Une alerte infondée, mais un danger bien réel
Le paracétamol, disponible sous des marques comme Doliprane, est un analgésique couramment utilisé pour soulager la douleur et réduire la fièvre. Lorsqu'il est pris selon les doses recommandées, il est généralement sûr et efficace. La posologie habituelle pour un adulte est de 500 mg à 1 g, toutes les 4 à 6 heures, sans dépasser 4 g par jour. Toutefois, une consommation excessive peut avoir des conséquences graves pour la santé.
Les risques d'une intoxication au paracétamol
Même si le « Paracétamol Challenge » ne semble pas être une tendance réelle sur TikTok, l’intoxication au paracétamol reste un problème préoccupant. Une prise excessive peut entraîner des lésions hépatiques irréversibles, voire la mort. Les premiers symptômes d'une overdose incluent des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales. Si elle n'est pas prise en charge rapidement, une insuffisance hépatique aiguë peut se développer, nécessitant parfois une greffe du foie.
Les professionnels de santé rappellent que l'automédication comporte des risques et qu'une mauvaise utilisation du paracétamol peut avoir des effets graves, même en l'absence de défi viral. De nombreux cas d'intoxication sont signalés chaque année, souvent liés à une méconnaissance des doses maximales autorisées. C'est pourquoi il est crucial d’informer et de sensibiliser le grand public aux dangers d'une consommation excessive de médicaments en vente libre.
Enfin, les parents et les éducateurs jouent un rôle clé dans la prévention de ces comportements dangereux. Il est essentiel d'encourager le dialogue avec les jeunes et de leur fournir des informations claires sur les risques pour leur santé. Une meilleure éducation sur l'utilisation des médicaments peut éviter de nombreuses intoxications accidentelles et préserver la santé des adolescents.
Voici les sept principaux risques associés à la prise excessive de paracétamol
Lésions hépatiques sévères : un danger majeur

Le paracétamol est principalement métabolisé par le foie, et lorsque sa prise est excessive, il peut entraîner la production de métabolites toxiques, notamment le N-acétyl-p-benzoquinone imine (NAPQI). En quantité normale, ces métabolites sont rapidement neutralisés par le glutathion, une molécule antioxydante. Cependant, lors d’un surdosage, les réserves de glutathion se vident et les métabolites toxiques commencent à endommager les cellules du foie. Si ce processus n'est pas arrêté à temps, cela peut entraîner une nécrose hépatique (dégénérescence des cellules du foie) et une défaillance hépatique aiguë.
Dans des situations extrêmes, sans prise en charge rapide, l'hépatotoxicité peut évoluer vers une insuffisance hépatique aiguë, mettant en danger la vie du patient. Une étude publiée par le Vidal note que les personnes ayant une prise prolongée à forte dose de paracétamol peuvent être particulièrement vulnérables à ces effets toxiques, même si la prise n’a pas lieu en une seule fois. Cela confirme que le surplus de paracétamol sur une période prolongée peut entraîner des lésions sévères et progressives du foie.
Insuffisance hépatique aiguë : un pronostic vital engagé

L'insuffisance hépatique aiguë est l'une des conséquences les plus graves d’un surdosage en paracétamol. Elle peut survenir après des doses importantes de paracétamol prises sur une période de quelques heures à quelques jours. Cette défaillance peut provoquer des symptômes tels que la jaunisse (coloration jaune de la peau et des yeux), des troubles de la coagulation sanguine, et des saignements internes.
Un surdosage important peut aussi entraîner des anomalies neurologiques, telles que des confusions mentales, une somnolence excessive ou même un coma. Sans traitement rapide, l'insuffisance hépatique aiguë peut mener à la mort dans près de 50 % des cas, en particulier lorsque le délai entre l’intoxication et l’intervention médicale est prolongé. Le traitement peut inclure des antidotes, comme l'acétylcystéine, ou, dans des cas extrêmes, une greffe du foie.
Atteinte rénale : un impact secondaire souvent sous-estimé

Bien que l'atteinte rénale soit moins courante que l'hépatotoxicité dans le cadre d'un surdosage en paracétamol, elle peut survenir lorsque les lésions hépatiques sont sévères. En effet, les toxines générées par la dégradation du paracétamol dans le foie peuvent se propager vers les reins et entraîner une insuffisance rénale aiguë. Cette condition peut être identifiée par des tests de fonction rénale qui montrent des niveaux anormaux de créatinine et de filtration glomérulaire.
La défaillance rénale peut aggraver la situation en retardant l'élimination du paracétamol du corps et en réduisant l’efficacité de l'antidote administré. Les personnes ayant des antécédents de maladies rénales ou prenant d’autres médicaments néphrotoxiques sont encore plus vulnérables à ces complications.
Symptômes initiaux trompeurs : la prise en charge retardée

Les premiers symptômes d'une intoxication au paracétamol sont souvent difficiles à identifier et peuvent inclure des nausées, des vomissements, de la fatigue et des douleurs abdominales diffuses. Ces signes, qui se manifestent généralement dans les premières 24 heures après l’ingestion, ne sont pas spécifiques et peuvent être facilement attribués à une autre cause. Cette absence de symptômes graves immédiats peut induire en erreur les victimes ou leur entourage, retardant ainsi la consultation médicale.
Toutefois, une fois que les symptômes évoluent vers une défaillance organique, il est souvent trop tard pour éviter des séquelles graves. Ce retard dans la prise en charge médicale constitue l’un des facteurs majeurs de la mortalité associée aux surdoses de paracétamol.
Décès : une issue fatale si non traitée à temps

Lorsqu'un surdosage en paracétamol est mal pris en charge, les conséquences peuvent être fatales. La mortalité peut dépasser les 50 % des cas si l’intervention médicale est trop tardive, surtout si les lésions hépatiques se développent rapidement. La prise en charge rapide, dans les six heures suivant l’intoxication, avec des traitements tels que l’acétylcystéine, peut inverser ou atténuer les effets toxiques. Cependant, une fois que la défaillance hépatique aiguë est installée et que l’encéphalopathie hépatique se manifeste, les chances de survie diminuent considérablement sans traitement d’urgence.
Problèmes de coagulation sanguine : un risque sous-estimé

Le paracétamol, lorsqu'il est pris en excès, peut affecter la capacité du foie à produire des facteurs de coagulation, des protéines essentielles à la régulation de la coagulation sanguine. Cela peut entraîner des saignements internes, parfois difficiles à détecter sans tests spécifiques. Les saignements peuvent se produire dans des zones du corps comme le tractus gastro-intestinal ou dans la tête, provoquant des complications graves, voire fatales.
Cette perturbation de la coagulation est l’une des raisons pour lesquelles les surdoses en paracétamol nécessitent une prise en charge hospitalière immédiate, incluant souvent la transfusion de plaquettes ou de facteurs de coagulation.
Encéphalopathie hépatique : un coma pouvant survenir dans les cas graves

L’encéphalopathie hépatique est une autre complication grave d’un surdosage sévère de paracétamol, souvent en raison d'une insuffisance hépatique aiguë non traitée. L'accumulation de toxines telles que l’ammoniac dans le cerveau peut entraîner des symptômes neurologiques graves, tels que des troubles de la conscience, des convulsions, des hallucinations et dans certains cas, un coma profond. Cette affection peut être fatale si elle n'est pas prise en charge rapidement. Le traitement précoce, y compris des techniques de détoxification comme la dialyse, est crucial pour sauver la vie du patient.