- 1 - Qu'appelle-t-on anti-inflammatoires ?
- 2 - Anti-inflammatoires : des risques d'ulcères
- 3 - Les anti-inflammatoires à risque pour le cœur
- 4 - Anti-inflammatoires, non stéroïdiens : toxiques pour les reins ?
- 5 - Anti-inflammatoires : surveillez votre tension !
- 6 - Anti-inflammatoires : des risques d'hépatite toxique médicamenteuse
- 7 - Œdèmes, urticaire… gare à l’allergie aux anti-inflammatoires !
- 8 - Anti-inflammatoires : attention au diabète !
- 9 - Les anti-inflammatoires diminuent la fécondité
- 10 - Anti-inflammatoires : pas pendant la grossesse !
- 11 - Attention aux interactions médicamenteuses
- 12 - Anti-inflammatoires : à éviter avec les agrumes !
Qu'appelle-t-on anti-inflammatoires ?
Les anti-inflammatoires correspondent à une grande classe pharmaceutique regroupant différents médicaments. On distingue ainsi :
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15 anti-inflammatoires naturels- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), c'est-à-dire sans cortisone. Ce sont par exemple l’acide acétylsalicylique (ou "aspirine" : Aspegic®, Kardegic®, Aspirine UPSA®), le diclofenac (Artotec®, Voltarène®, Xenid®), l’ibuprofène (Advil®, Nurofen®, Vicks Rhume®, Rhinadvil®), le kétoprofène (Profénid®, Ketum®), le Piroxicam (Feldene®)
- Les stéroïdiens (ou glucocorticoides car ils contiennent de la cortisone). Ce sont par exemple le bétaméthasone (Celestène®), le prednisolone (Cortancyl®, Dérinox®, Déturgylone®, Solupred®) et le tixocortol (Pivalone®).
Anti-inflammatoires : des risques d'ulcères
Aspirine, ibuprofène… Ces médicaments courants peuvent entraîner "des lésions avec possibilité d’ulcération, d’hémorragie, voire de perforation", prévient le Dr Martial Fraysse, pharmacien. Explication : "Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS - sans cortisone) comme par exemple l’acide acétylsalicylique ou "aspirine" (Aspegic®, Kardegic®, Aspirine UPSA®), le diclofenac (Voltarène®, Xenid®) ou l’ibuprofène (Advil®, Nurofen®, Rhinadvil®), inhibent la production de prostaglandines, des substances qui interviennent dans la protection de la muqueuse gastro-intestinale", précise notre spécialiste.
AINS : quels sont les symptômes d'une atteinte du système digestif ? Si vous ressentez des brûlures d’estomac, des douleurs gastriques, des nausées après la prise d’anti-inflammatoires, parlez-en à votre médecin. "Les complications gastriques surviennent généralement après un usage prolongé, mais elles peuvent parfois se produire dès le début", précise le Dr Jean-Yves Maigne, rhumatologue (Docteur, j’ai mal au dos).
Anti-inflammatoires : que faire pour éviter des effets digestifs secondaires ? Toujours prendre un médicament anti-inflammatoire pendant un repas et avec un liquide (un verre d’eau, un bol de soupe). Jamais à jeun ! Par ailleurs, il ne faut pas interrompre un traitement anti-inflammatoire sans avis médical.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens sont-ils moins à risque d'ulcère ? Même s'ils sont mieux tolérés que les AINS, les anti-inflammatoires stéroïdiens (avec cortisone) comme par exemple le bétaméthasone (Celestène®), le prednisolone (Dérinox®, Déturgylone®, Solupred®) ou le tixocortol (Pivalone®), peuvent être responsables de troubles digestifs. Comme les non-stéroïdiens, ils sont contre-indiqués en cas d’ulcères gastro-duodénaux. Demandez conseil à un médecin ou à un pharmacien.
Les anti-inflammatoires à risque pour le cœur
Selon une étude anglaise publiée en 2005, la prise régulière d’ibuprofène (ex : Advil®) augmenterait de 24% le risque d’infarctus. Un risque confirmé par une importante méta-analyse menée par un groupe québécois en 2017.
Les médicaments à base de diclofénac (ex : Voltarene®) ont également été accusés de ces effets. En 2009, des chercheurs danois ont démontré que la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) chez des patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique était associée à un risque accru de décès et de morbidité cardiovasculaire. "Quand on prend des anti-inflammatoires, on peut faire une hypertension artérielle sévère. Le cœur doit alors faire un effort beaucoup plus important pour véhiculer le sang, d’où l’insuffisance cardiaque", explique le Dr Martial Fraysse, pharmacien.
Anti-inflammatoires : quels sont les symptômes d'une insuffisance cardiaque ? Des essoufflements, une fatigue constante ou encore des difficultés à respirer surtout en position couchée peuvent être des signes d’insuffisance cardiaque.
Anti-inflammatoires : que faire en cas de troubles cardiaques ? Si vous observez ces symptômes, consultez un médecin sans attendre. Si vous souffrez déjà de troubles cardiaques, la prise d’anti-inflammatoires doit absolument se faire sur avis et contrôle médical régulier.
Sachant toutefois que les anti-inflammatoires ont un réel intérêt thérapeutique : ne jamais interrompre un traitement sans avis médical et respecter les doses et durées prescrites.
Anti-inflammatoires, non stéroïdiens : toxiques pour les reins ?
"Parce qu’ils diminuent le débit de filtration du rein, les anti-inflammatoires non stéroïdiens favorisent l’insuffisance rénale*", indique le Dr Martial Fraysse, pharmacien.
Anti-inflammatoires : quels sont les symptômes d'une atteinte des reins ? "Il n’y a pas de symptômes équivoques d’une insuffisance rénale", indique le Dr Fraysse. Le risque de toxicité rénale peut exister après quelques jours de prise. Il est d'autant plus élevé que l'on est âgé."
Anti-inflammatoires : comment éviter une atteinte des reins ? "Quand une prescription d’anti-inflammatoires est faite sur plusieurs mois, le médecin doit vérifier l’état de la fonction rénale", recommande notre spécialiste.
A noter : Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale avérée. Demandez conseil à un médecin ou à un pharmacien.
* L’insuffisance rénale est la réduction ou l'impossibilité que présente le rein à filtrer le sang pour éliminer les déchets de l’organisme.
Anti-inflammatoires : surveillez votre tension !
Prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) peut augmenter la tension et causer une hypertension artérielle. Pourquoi ? "Parce qu’ils entraînent une vasoconstriction des vaisseaux sanguins, ce qui augmente la pression du sang", répond le Dr Martial Fraysse, pharmacien.
Malheureusement, une augmentation de la tension (même minime) peut provoquer, au long cours, des accidents vasculaires cérébraux ainsi qu'une insuffisance cardiaque et/ou coronarienne.
AINS : quels sont les symptômes d'HTA ? Une irritabilité inhabituelle ou des maux de tête, parallèlement à la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, peut être le signe d’une élévation de la tension.
Anti-inflammatoires : que faire en cas de tension ? Si vous ne souffrez pas d’hypertension, mais que vous observez les symptômes indiqués ci-dessus, mieux vaut en parler à un médecin. En cas d’hypertension reconnue, il faut être surveillé médicalement pendant la prise du traitement.
À noter : Les anti-inflammatoires stéroïdiens (avec cortisone) peuvent aussi augmenter la tension (par rétention d'eau et de sel). N'hésitez pas à demander conseil à un médecin.
Anti-inflammatoires : des risques d'hépatite toxique médicamenteuse
Si vous prenez des anti-inflammatoires non stéroïdiens(sans cortisone), un conseil : surveillez votre foie ! "Il peut arriver qu'il ne soit plus capable de détoxifier le médicament... On s’empoisonne alors, ce qui se traduit par une hépatite toxique médicamenteuse*," explique le Dr Martial Fraysse, pharmacien.
AINS : quels sont les symptômes d'une intoxication médicamenteuse ? Il n’y a pas toujours de symptômes équivoques d’une hépatite, parfois des vomissements, une jaunisse. En cas d’intoxication médicamenteuse, ils se manifestent généralement pendant les 48 premières heures.
AINS : comment éviter l'hépatite toxique médicamenteuse ? "Quand on a le foie fragile, des antécédents de troubles hépatiques ou qu’on a déjà fait une réaction à un anti-inflammatoire, il faut être vigilant", conseille le Dr Fraysse. Si c’est votre cas, n’hésitez pas à le rappeler à votre médecin en cas de prescription d’anti-inflammatoires.
* Une hépatite toxique médicamenteuse peut être caractérisée par une destruction des cellules du foie ou une gêne de l’élimination de la bile.
Œdèmes, urticaire… gare à l’allergie aux anti-inflammatoires !
Comme tout médicament, les anti-inflammatoires peuvent être responsables d’allergie, particulièrement chez les asthmatiques ou dans l'urticaire chronique et ce "même après une seule prise", précise le Dr Martial Fraysse, pharmacien.
Anti-inflammatoires : quels sont les symptômes d'une allergie ? "Une allergie aux anti-inflammatoires intervient en général dans les 30 minutes suivant la prise. Elle peut se caractériser par un eczéma, des rougeurs cutanées, des urticaires, voire, dans les cas plus graves, un œdème de Quincke (cause d’étouffement)", explique notre spécialiste. Chez les personnes asthmatiques, l’allergie peut aussi se manifester par un bronchospasme (diminution du calibre des bronches, perturbant la respiration).
Anti-inflammatoires : que faire en cas d'allergie ? Si vous présentez des signes allergiques, arrêtez le traitement et consultez sans attendre un médecin. Lui seul est capable de confirmer la responsabilité du médicament. En cas d’œdème localisé au niveau du visage, des lèvres et/ou des paupières, appelez en urgence le Samu (15).
Anti-inflammatoires : attention au diabète !
Même si "on connait mal le mécanisme d’action", explique le Dr Martial Fraysse, pharmacien, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) peuvent faire chuter la glycémie. À l’inverse, les stéroïdiens (contenant de la cortisone) peuvent augmenter le taux de sucre dans le sang. "Quand on en prend et qu’on est diabétique, on est sûr de booster le diabète", prévient le spécialiste.
Anti-inflammatoires : quels sont les symptômes de troubles glycémiques ? Une hypoglycémie peut se manifester par des sueurs, des maux de tête, des palpitations, des sensations de vertiges… Une hyperglycémie peut se traduire par une envie fréquente d’uriner, une soif intense, une faim exagérée ou encore des douleurs abdominales.
Anti-inflammatoires : que faire en cas d'hyperglycémie ou hypoglycémie ? Si vous observez ces symptômes suite à une prise d’anti-inflammatoires, parlez-en à un médecin. Si vous êtes diabétique, les anti-inflammatoires ne sont pas contre-indiqués, mais il faut les utiliser avec précaution et toujours sous contrôle médical.
Les anti-inflammatoires diminuent la fécondité
Pour lutter contre l’inflammation, les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) diminuent, voire annulent, la production de prostaglandines. Or, ces substances sont impliquées dans l'ovulation, la fécondation et l'implantation de l’œuf dans l'utérus. Voilà pourquoi, un traitement anti-inflammatoire pourrait retarder et même empêcher une femme de tomber enceinte. Selon une étude récente de L’European League Against Rhumatism, ces médicaments pourraient perturber l’ovulation après seulement une dizaine de jours de traitement (4).
Anti-inflammatoire : quand s'inquiéter pour sa fécondité ? Si vous suivez un traitement anti-inflammatoire au long cours et que vous avez des difficultés à tomber enceinte, parlez-en à un médecin.
Anti-inflammatoires : que faire en cas de difficulté à tomber enceinte ? En discuter avec votre praticien et ne pas s’inquiéter. La fécondité revient généralement quelques semaines après l’arrêt du traitement.
À noter : Les anti-inflammatoires stéroïdiens (avec cortisone) ne diminuent pas la fertilité, mais peuvent être responsables d'irrégularités menstruelles.
Anti-inflammatoires : pas pendant la grossesse !
Parce qu’ils peuvent être toxiques (risque d’insuffisance cardiaque et rénale), voire mortels, pour le fœtus, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) sont contre-indiqués à partir du début du 6e mois de grossesse, selon les recommandations de l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament).
Ne pas prendre d’aspirine, d’ibuprofène (Advil®, Nurofen®, Rhinureflex®…), de ketoprofène (Toprec®) et de célécoxib (Célébrex®). Et ce, quelle que soit la forme du médicament : comprimés, collyre, pommade, crème ou gel pour application locale. Si vous avez pris un anti-inflammatoire et que vous êtes enceinte, consultez très rapidement votre médecin traitant ou gynécologue. Par mesure de précaution, demandez toujours l’avis d’un médecin avant de prendre un anti-inflammatoire, même avant le 6e mois de grossesse.
À noter : La prise d'anti-inflammatoires stéroïdiens (avec cortisone) n'est pas systématiquement contre-indiquée en cas de grossesse, mais il faut toujours demander l'avis d'un médecin avant d'en prendre.
Attention aux interactions médicamenteuses
Pris communément pour soigner la fièvre, les douleurs et l’inflammation, les médicaments anti-inflammatoires ne doivent pas être associés à d’autres traitements… sous peine de mettre votre santé en danger !
Il ne faut pas mélanger :
- Aspirine et Previscan® : Ces deux médicaments fluidifient le sang. Pris ensemble, leurs effets se potentialisent et on risque l’hémorragie. Pour les mêmes raisons, l’aspirine ne doit pas non plus être associée aux médicaments anticoagulants en piqûres comme la Fraxiparine® ou encore la Fragmine®.
- Aspirine et Feldene® : Ces médicaments sont tous deux des anti-inflammatoires. Pris ensemble, leurs effets indésirables sont augmentés. Le risque d’ulcère à l’estomac ou d'hémorragie digestive est donc amplifié.
- Rhinadvil® et Actifed® : Comme ils contiennent tous deux de la pseudo-éphédrine (substance vaso-constrictrice), les associer va entraîner une augmentation de la fréquence cardiaque (palpitations, tachycardie) et de la tension artérielle (hypertension). Pour les mêmes raisons, Actifed® ne doit pas être associé à Anadvil Rhume®, Nurofen Rhume® et Rhinureflex®.
Que faire ? La liste des interactions médicamenteuses avec les anti-inflammatoires est longue. Pour vous protéger de tout risque, informer le médecin et le pharmacien de tous les traitements en cours et bien lire les notices de chaque médicament.
Anti-inflammatoires : à éviter avec les agrumes !
Parce qu’ils peuvent accentuer les effets indésirables ou diminuer l’efficacité d’un traitement, les anti-inflammatoires ne doivent pas être mélangés avec certains aliments. L'ANSM déconseille ainsi l’association de ces traitements (y compris l’aspirine) avec les agrumes (citron, pamplemousse, orange…), "sous peine de majorer voire de déclencher des brûlures d’estomac ou des reflux acides". Par ailleurs, sachez que la consommation d’alcool avec les anti-inflammatoires (type ibuprofène) ou l’aspirine peut également être à l’origine de ces effets.
En cas de doute, demandez conseil à un médecin ou à un pharmacien.
(1) British Medical Journal, juin 2005 ; Communiqué de presse Point information de l'Afssaps, " AINS et risque cardiovasculaire ", 15 juin 2005.
(2) The BMJ, mai 2017 ; Risk of acute myocardial infarction with NSAIDs in real world use: bayesian meta-analysis of individual patient data
(3) Gislason GH., Rasmussen J N et coll. Increased Mortality and Cardiovascular Morbidity Associated With Use of NonsteroidalAnti-inflammatory Drugs in Chronic Heart Failure. Arch Intern Med. 2009;169(2):141-149.
(4) Salman S, Sherif B & Al-Zohyri A. Effects of some non-steroidal anti-inflammatory drugs on ovulation in women with mild musculoskeletal pain. Annual European Congress of Rheumatology. 11 June 2015. doi: 10.1136/annrheumdis-2015-eular.1062
- Traitement par inhibiteurs sélectifs de la cyclo-oxygénase 2, Afssaps, 2004
- Traitement par anti-inflammatoires non stéréoidiens pendant la grossesse, Afssaps, 2004
- Médicaments et aliments : lire la notice pour éviter les interactions, Afssaps, 2008